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80 sésame nr Les Lrs
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dI'Oll2S 311 respect, (]l13.I1(i. VOUSJOUCZ dû-S CO\1dBS 3.V€C
Mystère, dans le Temple Enseveli) une remarque du même genre
que la mienne (avec la profondeur et la beau·té en plus,cela va sans
dire) : « Demandons-nous, dit-il, si l’heure n’est pas venue de faire
une révision serieuse des beautés, des images, des symboles, des
sentiments, dont nous usons encore pour amplifier le spectacle du
monde.ll est certain que la plupart d’entre eux n’ont plus que des
rapports précaires avec les pensées de notre existence réelle,et s'ils
nous retiennent encore c’est plutôt à titre de souvenirs innocents et
gracieux d’un passé plus crédule et plus proche de l’enfance de
l’homme. (Or) il n‘est pas indifférent de vivre au milieu d`images
fausses, alors même que nous savons qu’elles sont fausses.Les ima-
ges trompeuses finissent par prendre la place des idées justes qu’elles
représentent, etc. ». A merveille, mais maintenant ouvrons au
hasard nimporte lequel des derniers volumes de Maeterlinck (je
dis des derniers, car pour la première partie de son œuvre il re-
connaît volontiers qu’il y a sacrifié à un idéal de beauté périmé) et
nous avançons au milieu de « Beines irritées, de Princesses endor-
mies un ( je cite de mémoire et peut—être inexactement),de a Nymphes
captivcs », de a Bois déchus », de « seul Prince authentique dont la
no lesse remonte à celle des Dieux mêmes ». — En réalité pourtant
Maeterlinck ne mérite pas en cela les mêmes reproches que Buskin.
Car ces métaphores cherchent plutôt à caractériser une beauté qu’à
lui fournir des titres qui imposent à notre imagination. Quand Hus-
kin dit du Lys que c’est « la fleur même de l’Ann0nciation » il n’a
rien dit qui nous fasse mieux sentir la beauté du Lys, il veut seule-
ment nous le faire révérer.Quand Maeterlinck dit : « Cependant,dans
une touffe de rayons, le grand Lys blanc, vieux seigneur des jar-
dins, le seul prince authentique parmi toute la roture sortie du
potager". calice invariable aux six pétales d’argent, dont la no-
lessc remonte à celle des Dieux mémes,le Lys îmmémorial dresse
son sceptre antique, inviolé,auguste,qui crée autour de lui une zôue
de chasteté, de silence, de lumière », il consacre au 1 s les phrases
les plus splendides sans doute que depuis l’Evangile ilyaitinspirées,
les plus reellement belles, empreintes de la réalité la plus vivante, la
plus observée,la plus approfondie. Toutes les beautés les plus sin-
gulières du Lys sont ici à jamais dégagées du plaisir confus que
onne sa vue. Sans doute la noblesse du Lys y figure (comme
dans notre esprit d’aiIleu1·s quand nous le voyons, historique, ,
mystique, héraldique, au milieu du potager), mais· a dans une touffe
de rayons » au milieu des autres fleurs, en pleine réalité. Et les .
images les plus nobles, celle du sceptre, par exemple, sont tirées
de ce qu’il y a de plus caractéristique dans sa forme. Pourtant
(car on pourrait à Fmfini suivre ces deux esprits dans leurs coïn-
cidences, leurs diversions, leurs entrecroisements) le nom de Mae-
terlincl: venait nécessairement ici et c’est en somme sur son nom que ï
devrait être prêche le sermon que ces pages de Buskin inspirent. Si, -