« Les Fleurs du mal (1861)/Au lecteur » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[Les Fleurs du mal]]|Charles Baudelaire|Les Fleurs du mal — AU LECTEUR}}<pre>
 
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La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
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Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
 
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
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Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
 
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
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N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.
 
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
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Dans la ménagerie infâme de nos vices,
 
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
 
C'est l'Ennui ! - l'oeilœil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !
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