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RACHEL FRUTIGER 755

arriva comme il avait dû partir : avec ses cheveux bien frisés et le jabot de sa chemise bien plissé. Il s'asseyait, un peu voûté, et croisait ses belles mains sur ses genoux croisés. Il était timide et parlait peu. Il était triste. Mais ce n'était pas d'avoir été jadis expulsé du Jockey-Club, ni de voir ses romans aux mains de petits bourgeois avec lesquels il n'avait rien de commun. C'était, simplement, de vieillir, et de jeter sur le trot- toir de Pall Mail une ombre moins svelte qu'autrefois.

Séparé du monde comme il l'était par son éduca- tion princière et par une politesse dont le secret est à jamais perdu, on s'étonnait que M. Sue s'intéressât aux petites choses de tous les jours. Or, il vit tout de suite que les enfants étaient malheureuses ; il les emmena au jardin et leur fit tout raconter. Le lendemain on revit les petites Françaises aux Cours des excellents Pasteurs.

Enfance propre et blanche, aux cheveux bien peignés, petits pieds nus dans les sandales, douceur genevoise, petites âmes toutes parfumées des ver- tus évangéliques, souvent j'ai pensé à vous en feuilletant la Sainte-Bible de ma Mère et son recueil des Cantiques, dans la reliure noire des- quels est imprimée la croix fédérale. Souvent j'ai songé à dire de vous ce que je viens d'écrire. Je suppose qu'à votre vie la plus profonde les Can- tiques et leur triste musique se mêlèrent secrète-

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