« Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 3, Hachette, 1889.djvu/391 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Wuyouyuan: split
(Aucune différence)

Version du 21 juillet 2018 à 16:32

Cette page n’a pas encore été corrigée

380 LA RUSSIE ET LES RUSSES.

rer au raskol. Il a bien aussi, à une époque récente, surgi quelques sectes dans la Petite-Russie, les stundistes no- tamment, mais ces sectes à tendances rationalistes sont nées sous des influences protestantes, et Fon a mainte fois observé que le Petit-Russien n'a pas le même goût que son frère du Nord pour les disputes dogmati- ques*. De toutes les populations delà Russie, la princi- pale et la plus mêlée a été seule à ce point accessible à l’esprit d'hérésie, et cet esprit reste une des marques dîs- linctives de celte puissante tribu.

Les Russes cultivés et sceptiques se plaisent à dire que le Grand-Russien, si enclin aux sectes, est le moins reli- gieux des Slaves de l’empire. Il y a là un curieux contraste, il n'y a peut-être pas absolue contradiction. Le principe du raskol n'est pas exclusivement religieux, il est surtout formaliste, il est surtout réaliste, et, de sa nature, le réa- lisme est peu religieux. Dans cette dévotion excessive aux formes du culte, on pourrait peut-être voir une sorte d'in- capacité, d'infirmité religieuse.

Parmi les Grands-Russiens mêmes, chacune des deux branches du schisme a sa région propre, son domaine pré- féré. Toutes deux régnent surtout dans les contrées de l'empire où la population est le moins dense, dans les con- trées excentriques, les forêts du nord, les steppes du sud : nous ne parlons pas ici de Moscou, qui est redevenu le centre du raskol^ comme de toute la vie russe. Les sectes hiérarchiques, les pojoovtei/, l'emportent dans le centre et le sud-est; les sans-prêtres, les bezpopovtsy, dans le nord. Ceux-ci dominent chez les paysans du bassin de la mer Blanche, dans les monts Oural et la Sibérie, ceux-là parmi les Cosaques, sur les bords du Don, du bas Volga, du fleuve Oural. Le sol et le climat, l'histoire et les mœurs expliquent celte répartition. Si les vieux-croyants sont plus

1. Voyez p. ex. Tchoubinski, Enquête ethnographique sur la Russie occi- dentale, lougo-Zapadnyi otdel, l. VU, p. 348.