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I08 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

(Et pourtant la postérité accueille la Critique de la Raison Purey abandonne V Histoire Naturelle !) Comment alors se fait-il qu'Alfred de Vigny ait passé si aisément, si noble- ment, à la postérité, qu'il s'y installe avec une telle décision, lui qui, de tous les grands romantiques, est celui pourtant qui pèche le plus par le style et la langue ?

On pourra broncher devant cette affirmation : il suffira de regarder de près une page des Destinées pour reconnaître qu'aucun de nos grands poètes n'est plus éloigné que Vigny de révéler un maître de la langue. J'imagine que les grammairiens doivent le trouver insupportable, et comprendre difficilement qu'on l'admire.

Plus on avance des premières poésies aux dernières, plus on trouve de quoi scandaliser ces puristes. Et c'est suivant la même ligne que la veine du poète se raréfie, que les vers, fluant d'abord avec abondance, ensuite paraissent de plus en plus péniblement distillés. La narration d^Eloa ou du Déluge est parfaitement aisée et gracieuse : comparez lui le récit rocailleux de la Sauvagey et, dans la Maison du Berger ou la Bouteille à la Mer^ à côté des plus splendides strophes, les vers durement noués, les paquets de platitudes et d'impropriétés, le bras de plâtre appliqué à un torse de marbre.

Des premières poésies aux dernières, le poète a aban- donné ses appuis pour marcher seul, et seul il s'est souvent trouvé trop faible. C'est une question délicate de savoir si ses poèmes grecs de jeunesse sont en efiPet, comme il l'a dit, antérieurs à la publication des poèmes d'André Chénier, ou s'il les a, quand il les publia, légèrement antidatés ainsi que Lamartine et Hugo l'ont fait si souvent. Toujours est-il que ces poèmes procèdent, par leur recherche d'élé-

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