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Le souverain qui a dit : « L’état, c’est moi, » se croyait, comme chacun sait, l’unique propriétaire de tous les biens de ses sujets, parce qu’on faisait alors reposer le droit de souveraineté sur la propriété. « Vous devez être persuadé, écrivait-il à son fils dans ses avertissemens, au tome premier de ses œuvres, que les rois ont naturellement la disposition pleine et libre de tous les biens qui sont possédés dans leur royaume. » Aussi ce même roi se consolait-il de la misère du peuple, aggravée par des impôts de plus en plus lourds, en songeant qu’au moyen de ces impôts il ne faisait que reprendre son bien ; en ne reprenant pas tout, il pensait même accorder à ses sujets une faveur. Ainsi un souverain qui restait en deçà de la plus élémentaire justice se croyait parvenu bien au delà, jusque dans la sphère de la bienfaisance. — Cette histoire ne serait-elle point celle de l’humanité entière ? ne serait-elle point la nôtre à nous tous, qui, dans nos sociétés régies par le suffrage universel, pouvons dire avec plus de vérité que Louis XIV : L’état, c’est nous ? Ne nous flattons-nous point souvent, dans la vie privée et dans la vie publique, d’être généreux quand nous n’avons pas même satisfait à la justice ? Plus la connaissance du droit fait de progrès dans l’humanité, plus se restreint l’idée de grâce et de faveur, par conséquent de charité et de fraternité pure ; en revanche, la sphère des obligations augmente. Autrefois un maître se croyait généreux quand il était doux envers ses esclaves ; aujourd’hui, qui ne comprend qu’être doux envers des esclaves, ce n’est pas même être juste, parce que le plus doux des esclavages est encore une violation du droit ? Dans les temps modernes, la notion du droit s’étend sans cesse à des


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Le souverain qui a dit : « L’état, c’est moi, » se croyait, comme chacun sait, l’unique propriétaire de tous les biens de ses sujets, parce qu’on faisait alors reposer le droit de souveraineté sur la propriété. « Vous devez être persuadé, écrivait-il à son fils dans ses avertissemens, au tome premier de ses œuvres, que les rois ont naturellement la disposition pleine et libre de tous les biens qui sont possédés dans leur royaume. » Aussi ce même roi se consolait-il de la misère du peuple, aggravée par des impôts de plus en plus lourds, en songeant qu’au moyen de ces impôts il ne faisait que reprendre son bien ; en ne reprenant pas tout, il pensait même accorder à ses sujets une faveur. Ainsi un souverain qui restait en deçà de la plus élémentaire justice se croyait parvenu bien au delà, jusque dans la sphère de la bienfaisance. — Cette histoire ne serait-elle point celle de l’humanité entière ? ne serait-elle point la nôtre à nous tous, qui, dans nos sociétés régies par le suffrage universel, pouvons dire avec plus de vérité que Louis XIV : L’état, c’est nous ? Ne nous flattons-nous point souvent, dans la vie privée et dans la vie publique, d’être généreux quand nous n’avons pas même satisfait à la justice ? Plus la connaissance du droit fait de progrès dans l’humanité, plus se restreint l’idée de grâce et de faveur, par conséquent de charité et de fraternité pure ; en revanche, la sphère des obligations augmente. Autrefois un maître se croyait généreux quand il était doux envers ses esclaves ; aujourd’hui, qui ne comprend qu’être doux envers des esclaves, ce n’est pas même être juste, parce que le plus doux des esclavages est encore une violation du droit ? Dans les temps modernes, la notion du droit s’étend sans cesse à des {{tiret|ob|jets}}