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habituelles. Harbert, redevenu le garçon vigoureux et bien portant qu’il était avant sa maladie, profitait largement de cette existence au grand air, entre les brises de l’Océan et l’atmosphère vivifiante des forêts. Sa place n’était plus sur le chariot, mais en tête de la caravane.

Le lendemain, 19 février, les colons, abandonnant le littoral, sur lequel, au delà de l’embouchure, s’entassaient si pittoresquement des basaltes de toutes formes, remontèrent le cours de la rivière par sa rive gauche. La route était en partie dégagée par suite des excursions précédentes qui avaient été faites depuis le corral jusqu’à la côte ouest. Les colons se trouvaient alors à une distance de six milles du mont Franklin.

Le projet de l’ingénieur était celui-ci : observer minutieusement toute la vallée dont le thalweg formait le lit de la rivière, et gagner avec circonspection les environs du corral ; si le corral était occupé, l’enlever de vive force ; s’il ne l’était pas, s’y retrancher et en faire le centre des opérations qui auraient pour objectif l’exploration du mont Franklin.

Ce plan fut unanimement approuvé des colons, et il leur tardait, vraiment, d’avoir repris possession entière de leur île !

On chemina donc dans l’étroite vallée qui séparait deux des plus puissants contreforts du mont Franklin. Les arbres, pressés sur les berges de la rivière, se raréfiaient vers les zones supérieures du volcan. C’était un sol montueux, assez accidenté, très-propre aux embûches, et sur lequel on ne se hasarda qu’avec une extrême précaution. Top et Jup marchaient en éclaireurs, et, se jetant de droite et de gauche dans les épais taillis, ils rivalisaient d’intelligence et d’adresse. Mais rien n’indiquait que les rives du cours d’eau eussent été récemment fréquentées, rien n’annonçait ni la présence ni la proximité des convicts.

Vers cinq heures du soir, le chariot s’arrêta à six cents pas à peu près de l’enceinte palissadée. Un rideau semi-circulaire de grands arbres la cachait encore.

Il s’agissait donc de reconnaître le corral, afin de savoir s’il était occupé. Y aller ouvertement, en pleine lumière, pour peu que les convicts y fussent embusqués, c’était s’exposer à recevoir quelque mauvais coup, ainsi qu’il était arrivé à Harbert. Mieux valait donc attendre que la nuit fût venue.

Cependant, Gédéon Spilett voulait, sans plus tarder, reconnaître les approches du corral, et Pencroff, à bout de patience, s’offrit à l’accompagner.

« Non, mes amis, répondit l’ingénieur. Attendez la nuit. Je ne laisserai pas l’un de vous s’exposer en plein jour.