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Moi aussi, j’étais excitée. Cette bacchante ne me lâcha pas avant de se l’être fait mettre des deux côtés et de m’en avoir fait autant. Quand elle n’en put plus : « Oh ! me dit-elle en se jetant à mon cou, jamais je n’ai joui comme avec toi… Reviens me voir, Thérèse, reviens souvent, je ne suis heureuse qu’avec toi… »

Je me rhabillai.

— Attends, fit-elle au moment de sortir…

Elle ouvrit son secrétaire, prit une bague, l’enveloppa dans un billet de mille francs et le glissa, malgré moi, dans la poche de mon vêtement.

Quand je fus dehors, j’étais comme étourdie et je pouvais à peine marcher ; je pris une voiture et me fis ramener à la maison. À peine dans ma chambre, le sentiment de la trahison envers toi et de l’humiliation que je venais d’éprouver en recevant de l’argent de cette fille me saisit, je tombai sur une chaise, en proie à une crise de nerfs ; puis je pleurai abondamment ; c’est alors que tu es arrivée.

— Chère Thérèse, fis-je en la pressant sur mon cœur.

— Alors, c’est bien vrai, ma Cécile, que tu me pardonnes, et ne m’en veux-tu pas ?…

— Cela dépend, Mademoiselle, répondis-je d’un ton affecté. D’abord m’aimez-vous toujours ?…

— Oh ! peux-tu le demander ?…

Elle jeta ses bras autour de mon cou.

— T’es-tu bien amusée ?… As-tu eu bien du plaisir ?…

— Oui, je l’avoue… pendant que j’y étais… j’avais tout oublié, et ce n’est qu’après…

— Oui, ce n’est jamais qu’après que l’on a du remords… et encore, pas toujours. Alors, tu t’es bien amusée, tu as joui comme une louve pendant deux heures, et tu crois que je vais t’en vouloir !… Mais regarde-moi donc, nigaude ! Je t’envie, au contraire, et j’aurais voulu être à ta place. Mais comment se fait-il que, dans toutes nos folies, nous n’ayons

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