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M. Faucon a su convertir à son système les esprits les plus défians. Des expériences nombreuses se font maintenant dans ce sens : la prudence veut qu’on n’en escompte pas les résultats, mais il est permis de présumer qu’ils seront conformes à ceux que des juges compétens ont constatés chez M. Faucon lui-même, chez M. le docteur Seigle, au Thor (Vaucluse), ou ceux qu’une inondation accidentelle du Rhône a donnés sur une vigne du docteur Félix, à l’Isle, dans le même département.
M. Faucon a su convertir à son système les esprits les plus défians. Des expériences nombreuses se font maintenant dans ce sens : la prudence veut qu’on n’en escompte pas les résultats, mais il est permis de présumer qu’ils seront conformes à ceux que des juges compétens ont constatés chez M. Faucon lui-même, chez M. le docteur Seigle, au Thor (Vaucluse), ou ceux qu’une inondation accidentelle du Rhône a donnés sur une vigne du docteur Félix, à l’Isle, dans le même département.


Comment s’expliquer, dira-t-on, la diversité si grande des résultats entre deux procédés en apparence si semblables, l’irrigation copieuse et la submersion prolongée ? Par une raison bien simple, et qui, implicitement admise par M. Faucon, m’était très nettement formulée dès le mois de septembre 1869 dans des lettres malheureusement restées inédites de M. Emile Mourret. C’est une raison toute mécanique. Par l’irrigation, la terre s’imbibe, mais conserve encore dans ses interstices, surtout dans les vides compris entre les racines et le sol, des bulles ou des lames d’air qui doivent protéger le phylloxéra contre l’asphyxie ; dans la submersion avec une couche d’eau surnageante, la pression chasse l’air des interstices du sol, supprime autour des insectes l’enveloppe atmosphérique et le livre sans défense à l’asphyxie. Cet effet asphyxiant du bain d’eau complet se produit plus ou moins vite, suivant les saisons, c’est-à-dire suivant l’état de l’insecte dans ses rapports avec la température ambiante. Rapide en été, alors que l’insecte en plein éveil consomme beaucoup d’oxygène, elle devient lente dès que l’insecte engourdi, pareil aux animaux hibernans, n’a plus qu’une respiration réduite et susceptible d’être suspendue sans danger. C’est ainsi que j’ai pu, dans l’hiver de 1869-1870, conserver vivans pendant treize jours au moins des phylloxéras immergés dans l’eau, tandis que peu de jours avaient suffi à M. Mourret pour asphyxier ces insectes au mois d’août 1869. Le même observateur avait remarqué que, sous l’invasion du sol par des eaux de pluies considérables, les lombrics viennent à la surface du sol comme pour fuir l’asphyxie. Or tout récemment, dans de curieuses expériences que M. Gaston Bazille fait sur la submersion des ceps plantés en baquets, les lombrics, au bout de dix ou douze jours, sont remontés morts de la terre dans laquelle ils avaient vécu jusque-là. L’irrigation pure et simple n’aurait certes pas produit cet effet, et l’on peut préjuger par cette mort des vers de terre l’action délétère de l’eau sur le phylloxéra, ce dernier n’ayant pas, comme certains pucerons, un enduit cireux capable de le soustraire au contact direct de l’eau.
Comment s’expliquer, dira-t-on, la diversité si grande des résultats entre deux procédés en apparence si semblables, l’irrigation copieuse et la submersion prolongée ? Par une raison bien simple, et qui, implicitement admise par M. Faucon, m’était très nettement formulée dès le mois de septembre 1869 dans des lettres malheureusement restées inédites de M. Émile Mourret. C’est une raison toute mécanique. Par l’irrigation, la terre s’imbibe, mais conserve encore dans ses interstices, surtout dans les vides compris entre les racines et le sol, des bulles ou des lames d’air qui doivent protéger le phylloxera contre l’asphyxie ; dans la submersion avec une couche d’eau surnageante, la pression chasse l’air des interstices du sol, supprime autour des insectes l’enveloppe atmosphérique et le livre sans défense à l’asphyxie. Cet effet asphyxiant du bain d’eau complet se produit plus ou moins vite, suivant les saisons, c’est-à-dire suivant l’état de l’insecte dans ses rapports avec la température ambiante. Rapide en été, alors que l’insecte en plein éveil consomme beaucoup d’oxygène, elle devient lente dès que l’insecte engourdi, pareil aux animaux hibernans, n’a plus qu’une respiration réduite et susceptible d’être suspendue sans danger. C’est ainsi que j’ai pu, dans l’hiver de 1869-1870, conserver vivans pendant treize jours au moins des phylloxeras immergés dans l’eau, tandis que peu de jours avaient suffi à M. Mourret pour asphyxier ces insectes au mois d’août 1869. Le même observateur avait remarqué que, sous l’invasion du sol par des eaux de pluies considérables, les lombrics viennent à la surface du sol comme pour fuir l’asphyxie. Or tout récemment, dans de curieuses expériences que M. Gaston Bazille fait sur la submersion des ceps plantés en baquets, les lombrics, au bout de dix ou douze jours, sont remontés morts de la terre dans laquelle ils avaient vécu jusque-là. L’irrigation pure et simple n’aurait certes pas produit cet effet, et l’on peut préjuger par cette mort des vers de terre l’action délétère de l’eau sur le phylloxera, ce dernier n’ayant pas, comme certains pucerons, un enduit cireux capable de le soustraire au contact direct de l’eau.


La couche ou les bulles d’air qui, dans les simples arrosages protègent l’insecte contre l’asphyxie, doivent lui servir également de
La couche ou les bulles d’air qui, dans les simples arrosages protègent l’insecte contre l’asphyxie, doivent lui servir également de