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Le Paris de l’octroi est distribué en cinq divisions, une pour chacun des quatre points cardinaux, la cinquième pour l’intérieur, qui comprend la Seine depuis le pont Napoléon jusqu’au viaduc d’Auteuil ; ces cinq divisions sont gardées par 310 postes occupés au point de vue de la surveillance et de la perception, et où le service dure réglementairement pendant vingt-quatre heures ; plus de {{formatnum:2000}} agens sont chaque jour sur pied pour remplir leur mission. C’est aux barrières qu’il faut aller d’abord pour prendre sur le fait le mécanisme de l’octroi. De chaque côté de la grille qui clôt la route ouverte au milieu du massif des fortifications s’élève une construction en pierre de taille, basse, trapue et couverte d’un toit abaissé : c’est le bureau, en terme technique ''la roulette''. La maison a beau être en fort appareil et appuyée sur des fondations profondes, elle a gardé le nom d’autrefois lorsque les commis de la ferme-générale se tenaient aux portes de Paris, dans des baraques de bois peintes en rouge, montées sur roues, que l’on transportait facilement d’un point à un autre, que l’on fermait le soir à l’aide de volets mobiles, que protégeait la présence d’un factionnaire, et qui semblent avoir servi de modèle aux cahutes étroites dont les marchands de vin font encore usage à l’entrepôt du quai Saint-Bernard. L’une de ces roulettes renferme les chambres séparées où le contrôleur et le receveur font leurs écritures, c’est la roulette administrative ; devant l’autre, un râtelier où sont suspendues des sondes et des jauges indique assez qu’elle sert de corps de garde aux préposés da service actif.
Le Paris de l’octroi est distribué en cinq divisions, une pour chacun des quatre points cardinaux, la cinquième pour l’intérieur, qui comprend la Seine depuis le pont Napoléon jusqu’au viaduc d’Auteuil ; ces cinq divisions sont gardées par 310 postes occupés au point de vue de la surveillance et de la perception, et où le service dure réglementairement pendant vingt-quatre heures ; plus de {{formatnum:2000}} agens sont chaque jour sur pied pour remplir leur mission. C’est aux barrières qu’il faut aller d’abord pour prendre sur le fait le mécanisme de l’octroi. De chaque côté de la grille qui clôt la route ouverte au milieu du massif des fortifications s’élève une construction en pierre de taille, basse, trapue et couverte d’un toit abaissé : c’est le bureau, en terme technique ''la roulette''. La maison a beau être en fort appareil et appuyée sur des fondations profondes, elle a gardé le nom d’autrefois lorsque les commis de la ferme-générale se tenaient aux portes de Paris, dans des baraques de bois peintes en rouge, montées sur roues, que l’on transportait facilement d’un point à un autre, que l’on fermait le soir à l’aide de volets mobiles, que protégeait la présence d’un factionnaire, et qui semblent avoir servi de modèle aux cahutes étroites dont les marchands de vin font encore usage à l’entrepôt du quai Saint-Bernard. L’une de ces roulettes renferme les chambres séparées où le contrôleur et le receveur font leurs écritures, c’est la roulette administrative ; devant l’autre, un râtelier où sont suspendues des sondes et des jauges indique assez qu’elle sert de corps de garde aux préposés da service actif.


Tout individu qui franchit la barrière peut être interrogé ; toute voiture, calèche ou camion, doit être visitée. Autrefois les voitures suspendues, dites voitures de maître, n’étaient point soumises aux investigations de l’octroi ; il naissait de là un abus fort préjudiciable à la ville. On peut admettre que les maîtres se soient fait quelque scrupule d’échapper par la fraude aux taxes municipales ; mais les domestiques remplissaient volontiers les coures de denrées prohibées. D’un autre côté, s’il était interdit aux préposés de visiter ces voitures, il leur était prescrit de les saisir lorsqu’elles faisaient la fraude. Quand les commis avaient acquis la certitude qu’une voiture servait habituellement à l’introduction d’objets taxés, ils se jetaient donc à la tête du cheval et tâchaient de l’arrêter malgré les coups de fouet que le cocher ne se faisait pas faute de leur cingler à travers le visage ; parfois ils étaient renversés, et les roues leur
Tout individu qui franchit la barrière peut être interrogé ; toute voiture, calèche ou camion, doit être visitée. Autrefois les voitures suspendues, dites voitures de maître, n’étaient point soumises aux investigations de l’octroi ; il naissait de là un abus fort préjudiciable à la ville. On peut admettre que les maîtres se soient fait quelque scrupule d’échapper par la fraude aux taxes municipales ; mais les domestiques remplissaient volontiers les coures de denrées prohibées. D’un autre côté, s’il était interdit aux préposés de visiter ces voitures, il leur était prescrit de les saisir lorsqu’elles faisaient la fraude. Quand les commis avaient acquis la certitude qu’une voiture servait habituellement à l’introduction d’objets taxés, ils se jetaient donc à la tête du cheval et tâchaient de l’arrêter malgré les coups de fouet que le cocher ne se faisait pas faute de leur cingler à travers le visage ; parfois ils étaient renversés, et les roues leur {{tiret|pas|saient}}