« En séance » : différence entre les versions

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{{Chroniques de Maupassant|journal=Gil Blas|date=27 février 1883}}
 
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|'''Les Chroniques de'''
|[[Auteur:Guy de Maupassant|Guy de Maupassant]]<br> <small><small>([[:Catégorie:Chroniques de Maupassant|alpha]]-[[Chroniques de Maupassant|chrono]])</small></small>
|'''En séance'''</br>''Gil Blas'', 27 février 1883
|[[En rôdant]]
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|[[Vieux Pots|Vieux pots]]
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LE PRÉSIDENT : La parole est à M. le Directeur de l’Enseignement secondaire.
 
M. LE DIRECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : Messieurs, j’ai lu d’abord avec un certain étonnement un petit volume de M. Alexis (Paul) intitulé ''Le Collage''. Les mœurs racontées dans ce volume me sont étrangères, je n’ose pas me prononcer...prononcer…
 
LE PRÉSIDENT : Donnez-moi ça, je le lirai.
 
M. LE DIRECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : J’ai examiné ensuite divers ouvrages de M. Maizeroy, et, en particulier le dernier paru : ''Celles qu’on aime''. Ces livres, écrits avec une grande souplesse de phrases, contiennent un certain nombre de mots que je ne connais pas et sur lesquels j’aurais besoin de me renseigner préalablement. Je crains, en outre, qu’ils n’aient un effet désastreux sur les imaginations de nos jeunes gens qui ne rêvent plus que petites femmes blondes et alcôves parfumées. Je propose cependant leur admission comme essai, et avec réserve. On pourra expérimenter sur un seul lycée pendant six mois...mois…
 
L’huissier rentre avec les bocks, et les distribue. Le président en réclame cinq pour lui, et en boit deux coup sur coup. Puis il prononce : « Continuez, monsieur l’orateur. »
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LE PRÉSIDENT (à son sixième bock) : Jamais, Hannibal, Rome et Carthage, je sors d’en prendre. Rejeté, rejeté, rejeté.
 
LE RAPPORTEUR : Voici ''La Morale'', par M. Yves Guyot...Guyot…
 
LE PRÉSIDENT : Pas de morale...morale…
 
LE MINISTRE : Mais c’est de la morale laïque, M. le président...président…
 
LE PRÉSIDENT : Pas de morale, zut. Continuez.
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LE RAPPORTEUR prend un nouveau livre, rougit, pâlit, cache sa figure entre ses mains et prononce d’une voix tremblante :
 
« Messieurs, voici un livre infâme dont je n’ose même pas prononcer le titre. Il s’appelle...s’appelle… il s’appelle...s’appelle…
 
LE PRÉSIDENT : Accouche donc.
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Un long silence. Les membres de la commission baissent les yeux et croisent leurs mains sur la table avec embarras.
 
LE RAPPORTEUR reprend : Les périphrases et les métaphores me manquent pour représenter le sujet de ce livre inqualifiable, de ce livre...livre…
 
LE PRÉSIDENT : Dites Manuel.
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LE MINISTRE, ''radieux'' : Oh ! alors, c’est différent.
 
LE RAPPORTEUR : Messieurs, quand un écrivain a l’impudence de toucher à de pareilles choses...choses…
 
LE PRÉSIDENT : Très chic. Je propose de le nommer inspecteur général de l’Université. Il en examinera, des Chariots. Très chic.
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LE PRÉSIDENT : Tas de Charlots...Charlots… Moi je vais finir ma soirée aux Folies-Bergères. Le proviseur a reçu ce matin pour nous deux cents entrées permanentes. Il m’en a donné six. Venez-vous avec moi, monsieur le ministre ?