« Le Préjugé du déshonneur » : différence entre les versions
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Je suis pour la femme qui tombe contre le mari qui tue.
Prenons un exemple tout récent. Un homme vient d’être acquitté après avoir occis sa moitié.
Je choisis exprès un cas où le mari semble entièrement excusable, où l’indulgence du jury a soulevé des acclamations enthousiastes, où toutes les circonstances paraissent absoudre l’homme désespéré qui frappe.
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Qu’on n’aille pas croire que je veux absoudre l’adultère. Je ne veux que prêcher l’indulgence dans la situation si difficile que crée le mariage.
Le mariage est institué par la loi tel qu’il existe ; nous devons donc nous y soumettre. Il est cependant permis de le discuter. Constatons d’abord que beaucoup de philosophes, parmi les plus éminents affirment que nous sommes des polygames et non des monogames. Dans tous les cas, la chose est douteuse, et j’aime mieux croire, pour ma part, que nous ressemblons à ces animaux, ni herbivores, ni carnivores, mais omnivores. Nous nous accommodons, en Orient, de la polygamie ; et en Occident de la monogamie, et encore de la monogamie avec accommodements. Je voudrais bien qu’on me citât un seul homme
Donc le mariage crée peut-être une situation anormale, antinaturelle, et à laquelle on ne peut se résigner que grâce à des abnégations infinies, à une vertu supérieure, à des mérites absolument religieux ; une situation à laquelle le mari ne se résigne jamais, une situation qui mettrait éternellement la conscience en lutte avec l’instinct, avec l’amour.
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Nous touchons ici à un de ces préjugés prodigieux qui servent généralement de bases à toutes nos croyances.
Êtes-vous déshonoré parce que votre bonne vous a volé ?
! ! Non, vraiment, c’est fabuleux de stupidité. Mais voilà : cette sensation de déshonneur du mari trompé ne provient que de la crainte du ridicule. L’adultère, pour la galerie, a toujours été une chose comique, et George Dandin reste un grotesque. Il faut donc à tout prix empêcher les spectateurs de rire. Pour cela, on tue quelqu’un, et le public cesse de plaisanter. Combien je préfère la solution indiquée par l’écrivain naturaliste J.-K. Huysmans dans son très spirituel roman ''En ménage''. Un jeune mari, rentrant chez lui, découvre inopinément qu’il ''l’est''. En une seconde, il pèse toutes les conséquences de ses actes et se résout immédiatement à adopter le système de la dignité. Il reconduit gravement son rival ; puis s’en va, sans davantage s’occuper de sa femme. Elle retourne chez ses parents ; lui, reprend sa vie de garçon, et des deux côtés, ils réfléchissent.
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Je ferai pourtant un reproche à la situation tracée par Huysmans. Le mari me semble trop calme en découvrant subitement
L’homme qui frappe est une brute. Assommer ne prouve rien. Mais l’homme qui, dans un moment pareil, aurait la force, le sang-froid et l’esprit nécessaires pour trouver un mot, un mot sanglant ou drôle, un mot célèbre le lendemain, affirmerait ainsi une vraie et indiscutable supériorité sur ses semblables, et se vengerait d’une façon plus certaine et plus terrible qu’avec le poignard ou le pistolet.
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Deux ou trois me reviennent en mémoire, et je les déclare admirables, en admettant qu’ils soient authentiques.
Tout le monde les connaît, du reste. Un mari
Et cet autre : « Ah ! mon pauvre ami, et dire que rien ne
On en cite une douzaine, au plus.
Et quel concours d’esprit cela ouvrirait ! quelle émulation ! quels triomphes ! On s’aborderait au cercle de cette façon :
— « Cet imbécile de
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