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Ce n’est pas d’aujourd’hui que la pensée humaine tue les
Ce n’est pas d’aujourd’hui que la pensée humaine tue les
hommes. Les contemporains s’hnaginent volontiers qu’ils innovent,
hommes. Les contemporains s’imaginent volontiers qu’ils innovent,
1nê1ne en fait de 1naladies : ils croient que leurs sensations sont
même en fait de maladies : ils croient que leurs sensations sont
neuves, que le n1onde avant eux, n’était point capable d’en éprouver
neuves, que le monde avant eux, n’était point capable d’en éprouver
de pareilles, d’en vivre et d’en mourir. Quel est pourtant le
de pareilles, d’en vivre et d’en mourir. Quel est pourtant le
poète, vraiment digne de ce non1, que sa propre hnpuissance n’ait·
poète, vraiment digne de ce nom, que sa propre impuissance n’ait
désespéré ? Quelle est surtout l’âme vraiment noble qui n’ait gé1ni
désespéré ? Quelle est surtout l’âme vraiment noble qui n’ait gémi
douloureusement de-yant ·1a briéveté du temps. Mais il est vrai
douloureusement devant 1a briéveté du temps. Mais il est vrai
que,. de nos jours, certains contrastes rendent ces constatations
que, de nos jours, certains contrastes rendent ces constatations
plus pénibles, plus terrassantes. C’est d’abord la métamorphose
plus pénibles, plus terrassantes. C’est d’abord la métamorphose
des forces sociales ; elles ont cessé d’être aux mains de quelques
des forces sociales ; elles ont cessé d’être aux mains de quelques
individus pour devenir collectives et anony1nes, co1n1ne le sont
individus pour devenir collectives et anonymes, comme le sont
les forces natui·clles, et malgré cela elles n’ont pas acquis cette
les forces naturelles, et malgré cela elles n’ont pas acquis cette
stabilité, cette pern1anence, cette régularité dans l’évolution qui
stabilité, cette permanence, cette régularité dans l’évolution qui
distinguent les forces de la nature..i.insi se trouve rendue plus
distinguent les forces de la nature. Ainsi se trouve rendue plus
sensible encore l’infériorité de l’ho1nme en face de la crÇation
sensible encore l’infériorité de l’homme en face de la création
dont il est le roi. L’éternité ultra-terrestre qui lui fut prornise, les
dont il est le roi. L’éternité ultra-terrestre qui lui fut promise, les
objets qui l’entqurent n’y ont point droit.. Mais ils ont la :
objets qui l’entourent n’y ont point droit. Mais ils ont la
durée, ici-bas : cette. durée que lui cherche en va~n et qu’il
durée, ici-bas : cette durée que lui cherche en vain et qu’il
n’atteint jamais. Il pouvait espérer du 1noins que la société lui.
n’atteint jamais. Il pouvait espérer du moins que la société lui.
en donnerait l’illusion, que le tout aurait ce que la partie ne peut
en donnerait l’illusion, que le tout aurait ce que la partie ne peut