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cependant, d’une quinzaine de jours sur les instances de Ferdinand et de Maximilien, et l’assurance que le roi de Bohême arriverait avec la reine Marie vers le 12 juillet[1]. Dans l’intervalle une maladie contagieuse s’étant déclarée à Bruxelles, Charles alla s’établir au château de Sterrebeke[2], appartenant à Antoine le Sauvage, dont le père avait été son grand chancelier. Il revint, le 15 juillet, à Bruxelles, où, le surlendemain, le roi et la reine de Bohême firent leur entrée en compagnie de Philippe II, qui était allé à leur rencontre jusqu’à Louvain. Maximilien passa trois semaines dans la capitale des Pays-Bas. Il réussit à faire revenir l’empereur sur ses déterminations touchant un point qui tenait extrêmement à cœur au roi des Romains. Charles-Quint, dès le mois de septembre précédent, avait annoncé à son frère l’intention d’abdiquer la dignité impériale aussi bien que toutes ses couronnes héréditaires. Cette communication avait inquiété Ferdinand, qui n’était pas assuré des sentiment des électeurs à son égard : il s’était empressé d’écrire à l’empereur afin de le détourner d’un dessein dont les conséquences pouvaient, selon lui, être des plus fâcheuses pour leur maison : depuis il lui avait fait faire des représentations pressantes, sur le même sujet, par D. Martin de Guzman, son ambassadeur, et par l’archiduc Ferdinand. Tout cela n’avait point ébranlé Charles-Quint, et il était bien décidé à signifier sa renonciation à la diète qui devait s’assembler à Ratisbonne. Le 24 mai 1556 Ferdinand renouvela ses observations à son frère, et, comme, en ce moment, Maximilien se disposait à se mettre en route pour les Pays-Bas, il lui recommanda de les appuyer de toute son influence personnelle. Le roi de Bohême fut puissamment secondé, dans ses instances auprès de l’empereur, par sa femme, par la reine douairière de Hongrie, par Philippe II lui-même, qui était intéressé à ce que son père conservât le plus longtemps possible l’autorité suprême dans l’Empire. Charles consentit enfin à une sorte de transaction qui conciliait dans une certaine mesure son desir de se dépouiller de toute espèce de pouvoir avec les vœux que lui exprimaient si fortement les membres de sa famille. Il autorisa son frère à convoquer les électeurs, soit en diète ou autrement, au lieu et au temps qu’il jugerait le plus à propos, et lui transmit à cet effet des lettres de créance pour eux. Afin que cette assemblée eût un résultat conforme aux vœux de Ferdinand, il s’engagea à faire proposer aux électeurs, par les ambassadeurs qui y assisteraient en son nom, qu’il lui fut, loisible de remettre au roi des Romains le titre d’empereur et l’administration de l’Empire, librement et purement, sans en rien retenir. Si les électeurs y consentaient, ses ambassadeurs, en vertu de leur pouvoir, feraient la renonciation entre leurs mains; dans le cas contraire, ils auraient mission de négocier afin que, tout en retenant le nom et le titre, il pût transférer le gouvernement absolu de l’Empire à son frère, ou en charger, durant son absence, qui il lui plairait. Lorsqu’il fit part de cette résolution au roi Ferdinand, Charles ne lui laissa pas ignorer que son plus grand désir en ce monde était « de se desnuer de tout » et qu’il espérait, par conséquent, que rien ne serait négligé de sa part pour que les électeurs acceptassent la première des trois propositions que les ambassadeurs impériaux auraient mission de leur soumettre[3].

Le 8 août le roi et la reine de Bohême reprirent le chemin de l’Allemagne. Le même jour Charles-Quint se mit en route pour Gand, où il fut suivi, bientôt après, des reines douairières de France et de Hongrie, qui avaient, comme lui, pris la résolution d’aller finir leur existence en Espagne, du roi Philippe, du duc de Savoie, des ambassadeurs et de toute la cour[4]. Le 23 l’amiral Coligny prit congé de l’empereur. Le 26 Charles fit dire à tous les autres ambassadeurs qu’il les recevrait successivement ce jour-là. Le premier auquel il donna audience fut l’envoyé de Florence, Gio-Battista Ricasoli, évêque de Cortona. Ce diplomate lui ayant ex-

  1. Retraite et morte, etc. Introduct., pp. 120-122.
  2. Village à deux lieues de Bruxelles.
  3. Retraite et mort, etc. Introduct., pp. 128-135.
  4. Ibid., p. 135.