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on peut dire que l’hiver commence dans les régions arctiques. Cet astre bienfaisant, après avoir peu à peu descendu au dessous de l’horizon, disparut enfin le 23 octobre, effleurant de ses obliques rayons la crête des montagnes glacées. Le docteur lui lança le dernier adieu du savant et du voyageur. Il ne devait plus le revoir avant le mois de février.
{{tiret2|sep|tembre,}} on peut dire que l’hiver commence dans les régions arctiques. Cet astre bienfaisant, après avoir peu à peu descendu au dessous de l’horizon, disparut enfin le 23 octobre, effleurant de ses obliques rayons la crête des montagnes glacées. Le docteur lui lança le dernier adieu du savant et du voyageur. Il ne devait plus le revoir avant le mois de février.


Il ne faut pourtant pas croire que l’obscurité soit complète pendant cette longue absence du soleil ; la lune vient chaque mois le remplacer de son mieux ; il y a encore la scintillation très claire des étoiles, l’éclat des planètes, de fréquentes aurores boréales, et des réfractions particulières aux horizons blancs de neige ; d’ailleurs, le soleil, au moment de sa plus grande déclinaison australe, le 21 décembre, s’approche encore de treize degrés de l’horizon polaire ; il règne donc, chaque jour, un certain crépuscule de quelques heures. Seulement le brouillard et les tourbillons de neige venaient souvent plonger ces froides régions dans la plus complète obscurité.
Il ne faut pourtant pas croire que l’obscurité soit complète pendant cette longue absence du soleil ; la lune vient chaque mois le remplacer de son mieux ; il y a encore la scintillation très-claire des étoiles, l’éclat des planètes, de fréquentes aurores boréales, et des réfractions particulières aux horizons blancs de neige ; d’ailleurs, le soleil, au moment de sa plus grande déclinaison australe, le 21 décembre, s’approche encore de treize degrés de l’horizon polaire ; il règne donc, chaque jour, un certain crépuscule de quelques heures. Seulement, le brouillard et les tourbillons de neige venaient souvent plonger ces froides régions dans la plus complète obscurité.


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Cependant, jusqu’à cette époque, le temps fut assez favorable ; les perdrix et les lièvres seuls purent s’en plaindre, car les chasseurs ne leur laissaient pas un moment de repos ; on disposa plusieurs trappes à renard ; mais ces animaux soupçonneux ne s’y laissèrent pas prendre ; plusieurs fois même, ils grattèrent la neige au-dessous de la trappe, et s’emparèrent de l’appât sans courir aucun risque ; le docteur les donnait au diable, fort peiné toutefois de lui faire un semblable cadeau.


Cependant, jusqu’à cette époque, le temps fut assez favorable ; les perdrix et les lièvres seuls purent s’en plaindre, car les chasseurs ne leur laissaient pas un moment de repos ; on disposa plusieurs trappes à renard, mais ces animaux soupçonneux ne s’y laissèrent pas prendre ; plusieurs fois même ils grattèrent la neige au-dessous de la trappe et s’emparèrent de l’appât sans courir aucun risque ; le docteur les donnait au diable, fort peiné toutefois de lui faire un semblable cadeau.
Le 25 octobre, le thermomètre ne marqua plus que quatre degrés au-dessous de zéro (-20° centigrades). Un ouragan d’une violence extrême se déchaîna ; une neige épaisse s’empara de l’atmosphère, ne permettant plus à un rayon de lumière d’arriver au Forward. Pendant plusieurs heures, on fut inquiet du sort de Bell et de Simpson, que la chasse avait entraînés au loin ; ils ne regagnèrent le bord que le lendemain, après être restés une journée entière couchés dans leur peau de daim, tandis que l’ouragan balayait l’espace au-dessus d’eux, et les ensevelissait sous cinq pieds de neige. Ils faillirent être gelés, et le docteur eut beaucoup de peine à rétablir en eux la circulation du sang.

Le 25 octobre, le thermomètre ne marqua plus que quatre degrés au-dessous de zéro (-20° centig.). Un ouragan d’une violence extrême se déchaîna ; une neige épaisse s’empara de l’atmosphère, ne permettant plus à un rayon de lumière d’arriver au ''Forward''. Pendant plusieurs heures on fut inquiet du sort de Bell et de Simpson, que la chasse avait entraînés trop loin ; ils ne regagnèrent le bord que le lendemain, après être restés une journée entière couchés dans leurs peaux de daim, tandis que l’ouragan balayait l’espace au-dessus d’eux et les ensevelissait sous cinq pieds de neige. Ils faillirent être gelés, et le docteur eut beaucoup de peine à rétablir en eux la circulation du sang.