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précédent, décerné contre le marquis Albert de Brandebourg[1]. Ferdinand, empêché par les affaires de ses royaumes, arriva à Augsbourg seulement à la fin de décembre : aucun des princes de l’Empire n’y était encore, et il fut contraint de remettre au mois de février de l’année suivante la proposition qu’il avait à faire à la diète. Le règlement de la question religieuse en était le point principal; il donna lieu à de longs débats, où Ferdinand eut la plus grande peine à concilier les prétentions contraires des protestants et des catholiques[2]. Enfin l’on tomba d’accord sur une paix de religion en vertu de laquelle les sujets de l’Empire de la confession d’Augsbourg devaient dorénavant jouir d’une pleine et entière liberté de conscience et demeurer en possession des biens dont ils s’étaient emparés, et les sujets catholiques conserver également leur religion, leurs cérémonies, leurs usages et leurs biens. Le recez qui contenait ces dispositions fut publié le 25 septembre 1555[3].

Charles-Quint avait vu tous ses efforts impuissants contre le luthéranisme en Allemagne; il n’en mit que plus d’ardeur à le proscrire dans ses États des Pays-Bas. Il recommanda aux gouverneurs de ces provinces de faire exécuter rigoureusement ses édits contre les hérétiques; il leur ordonna de ne commettre ni n’admettre aux offices d’administration ou de judicature que des personnes non suspectes d’erreur ou d’hérésie quelconque, ayant toujours eu réputation d’être bons chrétiens et catholiques; de veiller à ce que tous les magistrats et officiers de leur ressort remplissent leur devoir relativement à l’exécution des édits; d’admonester et, au besoin, de signaler au gouvernement ceux qui y apporteraient de la négligence[4]. Il chargea les évêques de se faire informer, par les archidiacres, les doyens ruraux et les curés, des habitants de leurs paroisses qui étaient suspects d’hérésie, ou n’allaient pas à la messe, au sermon et à confesse, ou qui avaient ou étaient suspectés d’avoir des livres défendus, et de donner leurs noms aux inquisiteurs[5]. Il promulgua deux nouvelles ordonnances concernant l’exercice de l’inquisition. Par l’une il confirmait les dispositions de l’édit du dernier février 1546 et statuait, de plus, que les conseils de justice et les officiers royaux, municipaux et autres ne permettraient aux hérétiques, détenus dans leurs prisons à la poursuite des inquisiteurs, de parler ou communiquer avec qui que ce fût sans l’autorisation de ces derniers; que les mêmes conseils et officiers auraient à déférer à la réquisition des inquisiteurs lorsque ceux-ci réclameraient leur présence pour le prononcé des jugements rendus par eux, ou les inviteraient à faire annoter et inventorier les biens des personnes, infectées ou suspectes d’hérésie, qui se seraient absentées par crainte de la justice; enfin qu’ils veilleraient à ce que les biens meubles ou immeubles des individus incarcérés ou en état de prévention pour le fait d’hérésie ne fussent pas transportés ou vendus à d’autres[6]. La seconde ordonnance enjoignait à tous huissiers et sergents d’armes de mettre à exécution les citations, ajournements, intimations, actes et mandements, quels qu’ils fussent, émanés des inquisiteurs ou de leurs subdélégués[7]. Un historien donne une longue liste de malheureux qui, à cette époque, furent condamnés à d’affreux supplices comme anabaptistes ou luthériens[8] : ces horreurs font frémir; elles ne peuvent s’expliquer que par la barbarie des mœurs du temps. En France les exécutions de calvinistes n’étaient ni moins nombreuses ni moins cruelles[9].

  1. Lanz, t. III, pp. 622-624. — De Thou, liv. XII.
  2. Lanz. t. III, pp. 662, 668, 675, 678, 680, 683, 686.
  3. Heiss, Histoire de l’Empire, t. VII, p. 119.
  4. Circulaire du 27 janvier 1555. (Al. Henne, t. X. p. 226.)
  5. Circulaire de la même date. (Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. Ier, p. CXXII.)
  6. Ordonnance du 31 janvier 1555. (Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. Ier, p. CXXI.)
  7. Ordonnance du 1er février 1555. (Ibid., p. CXXII.)
  8. Al. Henne, t. X, pp. 220 et suiv.
  9. Sismondi, t. XII, pp. 148, 169, 213, 214, 254, 299, 300, 327.