« Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/930 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
m Typographie
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 2 : Ligne 2 :




<center>II. — Deux marins en retraite.</center>
<center>II. — DEUX MARINS EN RETRAITE.</center>


La fin de l’hiver est l’époque où les navires destinés à la pêche de la morue dans les parages de Terre-Neuve commencent à recruter leurs équipages. Il règne alors une grande activité dans les ports d’armement, car cette pêche lointaine occupe, sur le littoral des seuls arrondissemens de Saint-Malo et de Saint-Brieuc, plusieurs milliers de travailleurs. Les uns font à bord le service de marins, les autres amorcent les lignes, les tendent, prennent le poisson, le fendent et le salent ; d’autres encore, plus faibles ou moins habiles, sont employés à retourner sur les galets les morues que l’on fait sécher au grand air. Selon que les navires vont pêcher au large, — sur le grand banc ou auprès de l’île Saint-Pierre, — ou bien aux abords du continent américain, — dans le golfe Saint-Laurent et sur les côtes de Terre-Neuve et de l’est, — ils mettent à la voile dès les premiers jours de mars, ou ne quittent le port que dans les mois d’avril et de mai. Les glaces forment d’infranchissables barrières à l’entrée de ces mers inhospitalières durant tout l’hiver et les deux tiers du printemps. Lorsqu’elles se détachent par masses énormes des caps où le froid les tenait comme soudées, elles s’en vont flottant à travers l’Atlantique : de là l’impossibilité où se trouvent les navigateurs d’aborder les parages de la pêche avant certaines époques que l’expérience a fait connaître. Enfin, plus tard encore, quand une certaine quantité de morues a été prise et préparée pour de longs voyages, d’autres navires, plus forts de tonnage et fins voiliers, vont chercher à Saint-Pierre des cargaisons qu’ils transportent dans la Méditerranée, aux Antilles et jusqu’aux Indes orientales. Combien de bras acharnés contre ce poisson inoffensif ! Sur un espace de plusieurs centaines de lieues, partout où il y a des bancs, des millions de lignes flottent dans la mer. Sur une longueur de côtes aussi étendue, de l’embouchure du Saint-Laurent jusqu’aux
La fin de l’hiver est l’époque où les navires destinés à la pêche de la morue dans les parages de Terre-Neuve commencent à recruter leurs équipages. Il règne alors une grande activité dans les ports d’armement, car cette pêche lointaine occupe, sur le littoral des seuls arrondissemens de Saint-Malo et de Saint-Brieuc, plusieurs milliers de travailleurs. Les uns font à bord le service de marins, les autres amorcent les lignes, les tendent, prennent le poisson, le fendent et le salent ; d’autres encore, plus faibles ou moins habiles, sont employés à retourner sur les galets les morues que l’on fait sécher au grand air. Selon que les navires vont pêcher au large, — sur le grand banc ou auprès de l’île Saint-Pierre, — ou bien aux abords du continent américain, — dans le golfe Saint-Laurent et sur les côtes de Terre-Neuve et de l’est, — ils mettent à la voile dès les premiers jours de mars, ou ne quittent le port que dans les mois d’avril et de mai. Les glaces forment d’infranchissables barrières à l’entrée de ces mers inhospitalières durant tout l’hiver et les deux tiers du printemps. Lorsqu’elles se détachent par masses énormes des caps où le froid les tenait comme soudées, elles s’en vont flottant à travers l’Atlantique : de là l’impossibilité où se trouvent les navigateurs d’aborder les parages de la pêche avant certaines époques que l’expérience a fait connaître. Enfin, plus tard encore, quand une certaine quantité de morues a été prise et préparée pour de longs voyages, d’autres navires, plus forts de tonnage et fins voiliers, vont chercher à Saint-Pierre des cargaisons qu’ils transportent dans la Méditerranée, aux Antilles et jusqu’aux Indes orientales. Combien de bras acharnés contre ce poisson inoffensif ! Sur un espace de plusieurs centaines de lieues, partout où il y a des bancs, des millions de lignes flottent dans la mer. Sur une longueur de côtes aussi étendue, de l’embouchure du Saint-Laurent jusqu’aux