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Nous avons insisté sur cet épisode de la vie du célèbre dominicain, parce qu’il est à la fois très souvent cité et très discuté, et parce qu’il dévoile d’un seul coup l’énergie de son caractère et l’influence morale que lui avaient acquise ses deux premières années de prédication à Florence (1490-1492). Cette prédication, à elle seule, était de nature à émouvoir profondément les âmes : l’église sera flagellée, puis renouvelée, et cela se fera bientôt, tel était le texte perpétuel de ses sermons :
Nous avons insisté sur cet épisode de la vie du célèbre dominicain, parce qu’il est à la fois très souvent cité et très discuté, et parce qu’il dévoile d’un seul coup l’énergie de son caractère et l’influence morale que lui avaient acquise ses deux premières années de prédication à Florence (1490-1492). Cette prédication, à elle seule, était de nature à émouvoir profondément les âmes : l’église sera flagellée, puis renouvelée, et cela se fera bientôt, tel était le texte perpétuel de ses sermons :




« Je voudrais me taire, mais je ne le puis, parce que le Verbe de Dieu est dans mon cœur comme un feu ardent ; si je ne lui cède, il consumera la moelle de mes os. — Les princes de l’Italie lui sont envoyés pour la punir. Voyez-les tendant aux âmes des embûches ; leurs palais sont le refuge des bêtes féroces et des monstres de la terre, c’est-à-dire de tous les scélérats et pervers, qui s’y trouvent à l’aise pour satisfaire leurs volontés dépravées et leurs passions mauvaises. Là sont les conseillers méchans qui inventent sans cesse de nouvelles charges et de nouveaux impôts pour sucer le sang du pauvre peuple, là les philosophes et les poètes de cour qui racontent mille fables pour faire remonter jusqu’aux dieux la généalogie de leurs princes, là (ce qui est bien pis !) des religieux qui suivent les mêmes erremens… C’est bien la cité de Babylone, ô mes frères, la cité des fous et des méchans, que le Seigneur veut détruire. — Allez à Rome ! Pour tout christianisme, on s’occupe chez les grands prélats de poésie et d’éloquence. Vous trouverez dans leurs mains les œuvres d’Horace, de Virgile ou de Cicéron ; c’est là qu’ils apprennent le gouvernement des âmes. Ils régissent l’église par l’intermédiaire des astrologues, qui leur prédisent l’heure grave à laquelle ils devront aller parader à cheval ou remplir quelque autre fonction de même importance. — Vue extérieurement, elle est belle, leur église, avec ses ornemens et ses dorures, ses brillantes cérémonies, ses vêtemens magnifiques, ses candélabres d’or et d’argent, ses riches calices, ses mitres d’or, ses pierres précieuses ;… mais faut-il vous le dire ? dans la primitive église, les calices étaient de bois et les prélats étaient d’or : c’est le contraire aujourd’hui. Les prélats de Rome ont introduit parmi nous les fêtes de l’enfer ; ils ne croient plus en Dieu et se moquent des mystères de notre religion… Que fais-tu donc, ô Seigneur ? Pourquoi dors-tu ? Lève-toi et viens délivrer ton église des mains des démons, des mains des tyrans, des mains des mauvais prêtres ! As-tu oublié ton église ? as-tu cessé de l’aimer ? Presse le châtiment, afin que plus vite nous retournions à toi ! — Ô Rome, prépare-toi, ton châtiment sera terrible ! Tu seras ceinte de fer, tu passeras par l’épée, par le feu et la flamme. Pauvres peuples ! combien je vous vois accablés !… Italie, tu es malade d’une grave maladie, et toi, Rome, tu es malade d’une grave maladie, malade ''usque ad mortem''… Si tu veux guérir, renonce à ta nourriture habituelle, à ton orgueil, à ton ambition, à ta luxure, à ton avarice : telle est la pâture qui t’a rendue malade et qui te mène à la mort… Mais l’Italie se moque, et refuse le remède, et dit que le médecin déraisonne… O incrédules, qui ne voulez pas entendre ni vous convertir ! Le Seigneur vous dit : Puisque l’Italie est toute pleine d’hommes de sang, de courtisanes, d’entremetteurs
« Je voudrais me taire, mais je ne le puis, parce que le Verbe de Dieu est dans mon cœur comme un feu ardent ; si je ne lui cède, il consumera la moelle de mes os. — Les princes de l’Italie lui sont envoyés pour la punir. Voyez-les tendant aux âmes des embûches ; leurs palais sont le refuge des bêtes féroces et des monstres de la terre, c’est-à-dire de tous les scélérats et pervers, qui s’y trouvent à l’aise pour satisfaire leurs volontés dépravées et leurs passions mauvaises. Là sont les conseillers méchans qui inventent sans cesse de nouvelles charges et de nouveaux impôts pour sucer le sang du pauvre peuple, là les philosophes et les poètes de cour qui racontent mille fables pour faire remonter jusqu’aux dieux la généalogie de leurs princes, là (ce qui est bien pis !) des religieux qui suivent les mêmes erremens… C’est bien la cité de Babylone, ô mes frères, la cité des fous et des méchans, que le Seigneur veut détruire. — Allez à Rome ! Pour tout christianisme, on s’occupe chez les grands prélats de poésie et d’éloquence. Vous trouverez dans leurs mains les œuvres d’Horace, de Virgile ou de Cicéron ; c’est là qu’ils apprennent le gouvernement des âmes. Ils régissent l’église par l’intermédiaire des astrologues, qui leur prédisent l’heure grave à laquelle ils devront aller parader à cheval ou remplir quelque autre fonction de même importance. — Vue extérieurement, elle est belle, leur église, avec ses ornemens et ses dorures, ses brillantes cérémonies, ses vêtemens magnifiques, ses candélabres d’or et d’argent, ses riches calices, ses mitres d’or, ses pierres précieuses ;… mais faut-il vous le dire ? dans la primitive église, les calices étaient de bois et les prélats étaient d’or : c’est le contraire aujourd’hui. Les prélats de Rome ont introduit parmi nous les fêtes de l’enfer ; ils ne croient plus en Dieu et se moquent des mystères de notre religion… Que fais-tu donc, ô Seigneur ? Pourquoi dors-tu ? Lève-toi et viens délivrer ton église des mains des démons, des mains des tyrans, des mains des mauvais prêtres ! As-tu oublié ton église ? as-tu cessé de l’aimer ? Presse le châtiment, afin que plus vite nous retournions à toi ! — Ô Rome, prépare-toi, ton châtiment sera terrible ! Tu seras ceinte de fer, tu passeras par l’épée, par le feu et la flamme. Pauvres peuples ! combien je vous vois accablés !… Italie, tu es malade d’une grave maladie, et toi, Rome, tu es malade d’une grave maladie, malade ''usque ad mortem''… Si tu veux guérir, renonce à ta nourriture habituelle, à ton orgueil, à ton ambition, à ta luxure, à ton avarice : telle est la pâture qui t’a rendue malade et qui te mène à la mort… Mais l’Italie se moque, et refuse le remède, et dit que le médecin déraisonne… O incrédules, qui ne voulez pas entendre ni vous convertir ! Le Seigneur vous dit : Puisque l’Italie est toute pleine d’hommes de sang, de courtisanes, d’entremetteurs