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Les populations du Bordelais sont au contraire bien corrompues, écrit P. Bernadau, avocat au Parlement de Bordeaux, et les causes de cette dépravation sont l’indécence des curés, la fréquentation des villes, le séjour des citadins dans les campagnes, et enfin la domesticité. La Révolution, dit-il encore, a développé en tous lieux la bonté comme la perversité du caractère français. Les paysans sont devenus ingouvernables… Comme ce sont presque partout d’anciens domestiques qui remplissent les municipalités dans les campagnes, et généralement les plus intrigants audacieux de l’endroit, il s’ensuit que les prêtres et les ci-devant nobles sont vexés outre mesure.

C’est bien différent à l’autre extrémité de la France, dans le Jura ; et si les patriotes de Salins ont forcé les nobles à prêter le serment civique le 14 juillet 1790, c’est parce que les nobles avaient commis la faute, durant les deux dernières famines, de garder pour eux de grandes provisions de blé.

Dans la Drôme enfin, au rapport de Colaud la Salcette, dans une région où « le catéchisme mettait le payement de la dîme au nombre des commandements de l’Église, les habitants sont demeurés calmes, et même en 1792 on laisse les nobles tranquilles. »

Voilà sans doute, monsieur le directeur, des témoignages fort différents de ceux qu’a recueillis M. Taine, et l’on en pourrait citer mille de même nature. La raison de cette différence est très simple : elle provient de ce que les sources d’informations de Grégoire et celles de M. Taine sont loin d’être les mêmes. Les correspondants de Grégoire appartenaient presque tous à la bourgeoisie, au lieu que M. Taine a rencontré surtout