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principaux seigneurs, et eu égard aux grandes charges que les peuples avaient eu à supporter, il avait résolu de ne pas accroître le nombre des gens de pied et de cheval qui avaient été entretenus pendant l’hiver, jusqu’à ce qu’on connùt mieux les desseins des ennemis; que toutefois des mesures seraient prises pour que, au moment où l’on en aurait besoin, de nouvelles troupes fussent prêtes à entrer en campagne. Il ajoutait que la reine régente communiquerait aux états l’emploi détaillé qui avait été fait des deux aides de l’année précédente; qu’ils verraient par-là que, sans un notable subside, il lui serait impossible de garantir la sûreté du pays. Il terminait en exprimant l’espoir que, cette fois encore, ils donneraient des preuves de leur patriotisme[1]. La lecture de la proposition étant achevée, Charles-Quint prit la parole : « Messieurs des états, dit-il, le seigneur de Saint-Mauris vous a fait entendre la cause de votre convocation en ce lieu. Quant au reste, vous vous trouverez vers la reine, et elle vous dira choses de ma part, à laquelle je vous prie ajouter foi et créance comme à ma propre personne. Avisez de faire tous offices de bons et loyaux sujets, et à mon endroit ne fauldrai de vous être bon prince. » Le greffier des états de Brabant, au nom de l’assemblée, remercia l’empereur de la faveur et assistance qu’il avait faite à ses Pays-Bas, de l’incomparable affection qu’il leur avait toujours portée, du bien qu’il leur avait procuré en conquérant et en faisant démolir les forteresses de Thérouanne et de Hesdin, qui leur causaient tant d’oppressions et de dommages[2]. Les jours suivants, la reine Marie réunit les députations des différents corps d’états, chacune en particulier. Le président de Saint-Mauris leur exposa, en son nom, que, quoique l’empereur eût pourvu, aux dépens de ses autres pays, à la solde des Espagnols ainsi qu’à celle des Allemands étant en garnison à Trêves, les aides accordées par les états laisseraient un déficit pour l’année courante, indépendamment de celui des années antérieures; que l’impôt sur les vins, qu’ils avaient voté pour quatre ans expirés le 31 décembre 1553, n’avait pas répondu aux prévisions, n’ayant rapporté en tout que cent cinquante mille florins, somme bien inférieure à ce qu’avait coûté l’entretien de la flotte en vue duquel il avait été établi : il conclut en demandant la prolongation de la levée de cet impôt pendant un nouveau terme de quatre années, avec un subside qui s’élevait, pour la totalité des provinces contribuantes, à deux millions de florins[3]. Le droit d’entrée sur les vins ne donna lieu à aucune difficulté; mais il en fut autrement du subside. Les Pays-Bas avaient beaucoup souffert de la guerre; le commerce et l’industrie languissaient; les peuples étaient surchargés d’impôts; dans plusieurs provinces le tiers-état ne s’entendit, qu’après de longues discussions, avec le clergé et la noblesse, sur les voies et moyens par lesquels ils se procureraient leur contingent dans le subside demandé. Il en résulta que les sommes consenties par les états restèrent de beaucoup au-dessous des deux millions sur lesquels l’empereur avait compté, et qu’il s’écoula un assez long temps avant qu’il pût en disposer.

Henri II avait un grand avantage sur Charles-Quint : il ne lui fallait pas, pour combler le vide de son trésor, assembler les représentants de la nation et obtenir leur consentement : les mesures fiscales que cet objet rendait nécessaires, il les prenait de sa seule autorité; tout au plus, à l’égard de celles qui avaient un caractère trop exorbitant, convoquait-il un certain nombre de notables dont le vote lui était acquis d’avance. C’est ainsi qu’en 1553 il avait promulgué un édit interdisant aux notaires de passer des contrats de prêts entre particuliers, avant que ceux qui auraient de l’argent à placer lui eussent prêté à lui-même jusqu’à concurrence de quatre cent quatre-vingt-dix mille livres de rente[4]; que, par un

  1. Arch. du royaume : reg. Propositions aux états généraux, 1535-1563, fol. 220.
  2. Bulletins de la Commission royale d’histoire, l. c.
  3. Reg. Propositions aux états généraux, 1535-1563, fol. 167.
  4. Edit du 19 janvier.(Isambert, Recueil général des lois françaises, t. XIII, p. 301.)