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ni à l’étranger il n’ait jamais été couronné par la sanction de l’emploi pratique dans les armées de terre ou de mer ? Ce fait nous paraît grave contre l’invention de François Sudre. Il constitue un argument sérieux à lui opposer ; car on ne saurait douter que tous les gouvernements, toutes les administrations qui ont expérimenté ce système, n’aient eu des raisons valables pour en repousser l’emploi. Il est à croire que cette méthode soulève dans la pratique quelque obstacle capital qui en diminue les avantages. L’influence des échos, qui peuvent mêler aux notes du signal les mêmes notes, répétées à des intervalles plus ou moins rapprochés, nous apparaît comme un de ces inconvénients.
ni à l’étranger il n’ait jamais été couronné par la sanction de l’emploi pratique dans les armées de terre ou de mer ? Ce fait nous paraît grave contre l’invention de François Sudre. Il constitue un argument sérieux à lui opposer ; car on ne saurait douter que tous les gouvernements, toutes les administrations qui ont expérimenté ce système, n’aient eu des raisons valables pour en repousser l’emploi. Il est à croire que cette méthode soulève dans la pratique quelque obstacle capital qui en diminue les avantages. L’influence des échos, qui peuvent mêler aux notes du signal les mêmes notes, répétées à des intervalles plus ou moins rapprochés, nous apparaît comme un de ces inconvénients.


En résumé, sans être partisan enthousiaste de la télégraphie musicale de M. Sudre, nous avons cru que la connaissance de cette méthode intéresserait nos lecteurs. La téléphonie ne saurait, sans nul doute, avoir la prétention de remplacer la télégraphie électrique ; mais on peut remarquer que ce dernier moyen de correspondance ne peut fonctionner que sur des lignes déterminées et préétablies. Dans les armées en campagne, le télégraphe électrique s’improvise, il est vrai, très-rapidement ; mais encore faut-il que le terrain soit libre entre les deux stations. La téléphonie lui est supérieure sous ce rapport ; elle opère en tous lieux et sans préparation préalable. Elle peut fonctionner sur une flotte, et suppléer, à la rigueur, à tous les systèmes que l’on a proposés pour communiquer rapidement au loin. Elle est mobile et peut s’improviser partout. Elle peut se pratiquer dans presque tous les lieux, dans les alternatives de jour et de nuit ; la nuit lui est même très-favorable, par suite du silence qu’elle étend sur la terre. Ainsi, ni la diversité de lieux, ni les vicissitudes, ni les changements subits du temps, n’arrêtent son essor. Ajoutons que les instruments de la téléphonie, à part le canon, sont très-portatifs. Ils servent d’ailleurs à d’autres usages, condition d’une haute importance dans la pratique : c’est le clairon, c’est-à-dire un instrument qui est, pour un autre objet, entre les mains du soldat, qui constitue son agent essentiel. La téléphonie l’emporte sur la télégraphie quand on n’a ni le temps de choisir les lieux, ni l’alternative du choix.
En résumé, sans être partisan enthousiaste de la télégraphie musicale de M.{{lié}}Sudre, nous avons cru que la connaissance de cette méthode intéresserait nos lecteurs. La téléphonie ne saurait, sans nul doute, avoir la prétention de remplacer la télégraphie électrique ; mais on peut remarquer que ce dernier moyen de correspondance ne peut fonctionner que sur des lignes déterminées et préétablies. Dans les armées en campagne, le télégraphe électrique s’improvise, il est vrai, très-rapidement ; mais encore faut-il que le terrain soit libre entre les deux stations. La téléphonie lui est supérieure sous ce rapport ; elle opère en tous lieux et sans préparation préalable. Elle peut fonctionner sur une flotte, et suppléer, à la rigueur, à tous les systèmes que l’on a proposés pour communiquer rapidement au loin. Elle est mobile et peut s’improviser partout. Elle peut se pratiquer dans presque tous les lieux, dans les alternatives de jour et de nuit ; la nuit lui est même très-favorable, par suite du silence qu’elle étend sur la terre. Ainsi, ni la diversité de lieux, ni les vicissitudes, ni les changements subits du temps, n’arrêtent son essor. Ajoutons que les instruments de la téléphonie, à part le canon, sont très-portatifs. Ils servent d’ailleurs à d’autres usages, condition d’une haute importance dans la pratique : c’est le clairon, c’est-à-dire un instrument qui est, pour un autre objet, entre les mains du soldat, qui constitue son agent essentiel. La téléphonie l’emporte sur la télégraphie quand on n’a ni le temps de choisir les lieux, ni l’alternative du choix.


À la mer, la téléphonie présenterait peu de supériorité sur les signaux visuels.
À la mer, la téléphonie présenterait peu de supériorité sur les signaux visuels.


Nous pensons, avec M. Lissajous, qui a exprimé cette idée dans un rapport fait en 1856, à la ''Société d’encouragement'', que la téléphonie peut trouver son application non-seulement à la guerre, mais même dans l’industrie, en particulier pour le service des chemins de fer, où l’emploi d’un mode de communication simple et rapide présenterait un grand nombre d’avantages.
Nous pensons, avec M.{{lié}}Lissajous, qui a exprimé cette idée dans un rapport fait en 1856, à la ''Société d’encouragement'', que la téléphonie peut trouver son application non-seulement à la guerre, mais même dans l’industrie, en particulier pour le service des chemins de fer, où l’emploi d’un mode de communication simple et rapide présenterait un grand nombre d’avantages.


En 1862, François Sudre obtint à l’Exposition universelle de Londres, une ''médaille d’honneur'', en récompense de sa double invention de la langue musicale universelle et de la téléphonie.
En 1862, François Sudre obtint à l’Exposition universelle de Londres, une ''médaille d’honneur'', en récompense de sa double invention de la langue musicale universelle et de la téléphonie.


Comme s’il n’eût attendu pour quitter ce monde, que cette distinction solennelle, François Sudre mourut le 2 octobre 1862, des suites des fatigues qu’il avait éprouvées pendant son séjour à Londres.
Comme s’il n’eût attendu pour quitter ce monde, que cette distinction solennelle, François Sudre mourut le 2{{lié}}octobre 1862, des suites des fatigues qu’il avait éprouvées pendant son séjour à Londres.


François Sudre donnait souvent, à Paris, dans des réunions publiques, la représentation de son système de langue musicale universelle, et ces séances avaient toujours le privilège d’exciter une vive curiosité. On ne pouvait s’expliquer comment des phrases entières, prises dans toutes les langues, mortes ou vivantes, pouvaient être transmises et comprises à la seule émission de quelques notes de la gamme. Le piano ou le violon était l’instrument qui servait à donner ces notes. La voix remplaçait quelquefois l’instrument de musique.
François Sudre donnait souvent, à Paris, dans des réunions publiques, la représentation de son système de langue musicale universelle, et ces séances avaient toujours le privilége d’exciter une vive curiosité. On ne pouvait s’expliquer comment des phrases entières, prises dans toutes les langues, mortes ou vivantes, pouvaient être transmises et comprises à la seule émission de quelques notes de la gamme. Le piano ou le violon était l’instrument qui servait à donner ces notes. La voix remplaçait quelquefois l’instrument de musique.


Dans les séances de langue musicale universelle et de téléphonie, madame Sudre était le correspondant, l’auxiliaire de l’inventeur.
Dans les séances de langue musicale universelle et de téléphonie, madame Sudre était le correspondant, l’auxiliaire de l’inventeur.