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Nicolas écrivit une dépêche de trente mots, et la présenta à M. Chatau, qui la traduisit en signaux de son vocabulaire.
Nicolas écrivit une dépêche de trente mots, et la présenta à M.{{lié}}Chatau, qui la traduisit en signaux de son vocabulaire.


Au moment où notre compatriote se disposait à saisir les manivelles du télégraphe, pour expédier les signaux, l’empereur Nicolas l’écarta brusquement. Il saisit les poignées des manivelles, et se mit à exécuter lui-même les mouvements destinés à former les signaux. À mesure qu’il avait fait un signal, il mettait l’œil à la lunette, pour reconnaître si le signal avait été compris et répété par le premier stationnaire ; puis il exécutait le signal suivant. Il transmit ainsi lui-même toute la dépêche.
Au moment où notre compatriote se disposait à saisir les manivelles du télégraphe, pour expédier les signaux, l’empereur Nicolas l’écarta brusquement. Il saisit les poignées des manivelles, et se mit à exécuter lui-même les mouvements destinés à former les signaux. À mesure qu’il avait fait un signal, il mettait l’œil à la lunette, pour reconnaître si le signal avait été compris et répété par le premier stationnaire ; puis il exécutait le signal suivant. Il transmit ainsi lui-même toute la dépêche.
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Pendant la nuit, l’empereur s’était exercé sur un petit modèle, à la manœuvre des signaux télégraphiques. Il connaissait déjà le vocabulaire, et il avait voulu faire de ses propres mains, le premier essai des appareils sur la ligne.
Pendant la nuit, l’empereur s’était exercé sur un petit modèle, à la manœuvre des signaux télégraphiques. Il connaissait déjà le vocabulaire, et il avait voulu faire de ses propres mains, le premier essai des appareils sur la ligne.


On comprend si tous les cœurs étaient serrés ! Mais le plus ému de tous les assistants, le plus fortement impressionné, c’était naturellement M. Chatau. Il est évident, en effet, que si l’empereur, novice en télégraphie, avait commis quelque erreur, bien naturelle, dans l’expédition de la dépêche ; si les stationnaires eux-mêmes, encore peu exercés aux manœuvres, avaient mal compris un seul signal, tous les travaux, toutes les expériences du constructeur de la ligne télégraphique, étaient anéantis du même coup. Au lieu d’obtenir la juste récompense qu’il attendait, il se voyait déjà exilé en Sibérie par la colère du czar.
On comprend si tous les cœurs étaient serrés ! Mais le plus ému de tous les assistants, le plus fortement impressionné, c’était naturellement M.{{lié}}Chatau. Il est évident, en effet, que si l’empereur, novice en télégraphie, avait commis quelque erreur, bien naturelle, dans l’expédition de la dépêche ; si les stationnaires eux-mêmes, encore peu exercés aux manœuvres, avaient mal compris un seul signal, tous les travaux, toutes les expériences du constructeur de la ligne télégraphique, étaient anéantis du même coup. Au lieu d’obtenir la juste récompense qu’il attendait, il se voyait déjà exilé en Sibérie par la colère du czar.


Heureusement rien de tout cela n’arriva. On attendait, avec anxiété, les signaux qui, revenant de Varsovie, devaient indiquer si la dépêche avait été comprise. Dix minutes étaient à peine écoulées que les signaux expédiés de Varsovie, et répétés par les télégraphes de toutes les stations, arrivaient, annonçant la parfaite réussite de l’expérience, l’état irréprochable de la ligne et l’excellence du système télégraphique établi par M. Chatau.
Heureusement rien de tout cela n’arriva. On attendait, avec anxiété, les signaux qui, revenant de Varsovie, devaient indiquer si la dépêche avait été comprise. Dix minutes étaient à peine écoulées que les signaux expédiés de Varsovie, et répétés par les télégraphes de toutes les stations, arrivaient, annonçant la parfaite réussite de l’expérience, l’état irréprochable de la ligne et l’excellence du système télégraphique établi par M.{{lié}}Chatau.


Dès qu’il vit revenir les signaux, l’empereur Nicolas embrassa M. Chatau, le félicita, et lui annonça qu’il récompensait son mérite par une pension de {{formatnum:10000}} roubles et la croix de Saint-Vladimir.
Dès qu’il vit revenir les signaux, l’empereur Nicolas embrassa M.{{lié}}Chatau, le félicita, et lui annonça qu’il récompensait son mérite par une pension de {{formatnum:10000}}{{lié}}roubles et la croix de Saint-Vladimir.


Notre compatriote demeura encore deux ans en Russie. Au bout de ce temps, ayant parfaitement organisé le service, il rentra en France.
Notre compatriote demeura encore deux ans en Russie. Au bout de ce temps, ayant parfaitement organisé le service, il rentra en France.


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{{a|{{sc|la télégraphie aérienne en france, sous louis-philippe. — la télégraphie en algérie. — différents systèmes proposés pour perfectionner et remplacer le télégraphe de chappe. — naissance de la télégraphie électrique. — la télégraphie aérienne termine glorieusement sa carrière dans la guerre de crimée.}}|fs=80%}}
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Sous Louis-Philippe, la télégraphie française fut sérieusement encouragée. Plusieurs lignes nouvelles furent établies.


Depuis longtemps la télégraphie était rentrée dans les attributions du ministère de l’intérieur. Soumise pendant la Révolution et sous l’Empire, au ministère de la guerre, cette institution, pendant les époques pacifiques de la Restauration et du gouvernement de Juillet, revenait naturellement au ministère de l’intérieur, dans les attributions duquel elle est encore aujourd’hui.
{{T4|CHAPITRE XIII}}

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Sous Louis-Philippe, la télégraphie française fut sérieusement encouragée. Plusieurs lignes nouvelles furent établies. Depuis longtemps la télégraphie était rentrée dans les attributions du ministère de l’intérieur. Soumise pendant la Révolution et sous l’Empire, au ministère de la guerre, cette institution, pendant les époques pacifiques de la Restauration et du gouvernement de Juillet, revenait naturellement au ministère de l’intérieur, dans les attributions duquel elle est encore aujourd’hui.


C’est sous Louis-Philippe que fut votée la loi qui attribue au gouvernement le monopole des communications télégraphiques, de quelque ordre qu’elles soient. Cette loi illibérale, extension peu motivée des monopoles de l’État, déjà si nombreux, était l’expression d’une défiance politique du gouvernement contre les citoyens. Elle subsiste encore de nos jours, dans toute sa rigueur, interdisant à tout particulier l’usage d’une correspondance télégraphique privée. La télégraphie électrique est régie par la même loi, ce qui crée un
C’est sous Louis-Philippe que fut votée la loi qui attribue au gouvernement le monopole des communications télégraphiques, de quelque ordre qu’elles soient. Cette loi illibérale, extension peu motivée des monopoles de l’État, déjà si nombreux, était l’expression d’une défiance politique du gouvernement contre les citoyens. Elle subsiste encore de nos jours, dans toute sa rigueur, interdisant à tout particulier l’usage d’une correspondance télégraphique privée. La télégraphie électrique est régie par la même loi, ce qui crée un