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{{lang|la|Respice personam ; pone pro duos ; bus non est in usu.}} Si ie montois aussi bien comme i’aualle, je feusse piec’a hault en l’aer. Ainsi se feist Iacques Cueur riche. Ainsi profitent boys en friche. Ainsi conquesta Bacchus l’Inde. Ainsi philosophie Melinde. Petite pluye abat grand vend. Longues beuuettes rompent le tonnoire.
Respice personam ; pone pro duos ; bus non est in usu.
Mais si ma couille pissoit telle vrine, la vouldriez vous bien sugcer ? Ie retiens apres. Paige, baille : ie t’insinue ma nomination en mon tour. Hume Guillot, encores y en a il vn pot. Ie me porte pour appellant de soif, comme d’abus. Paige, relieue mon appel en forme. Ceste roigneure. Ie souloys iadis boyre tout : maintenant, ie n’y laisse rien. Ne nous hastons pas & amassons bien tout. Voy cy trippes de ieu et guodebillaux d’enuy, de ce fauueau à la raye noire. O pour Dieu, estrillons le à profict de mesnaige. Beuuez, ou ie vous…Non, non. Beuuez, ie vous en prye. Les passereaux ne mangent si non que on leurs tappe les queues. Ie ne boy si non qu’on me flatte. Lagona edatera. Il n’y a raboulliere en tout mon corps ou cestuy vin ne furette la soif. Cestuy cy me la fouette bien. Cestuy cy me la bannira du tout. Cornons icy à son de flaccons & bouteilles, que quiconques aura perdu la soif ne ayt à la chercher ceans. Longs clysteres de beuuerie l’ont faict vuyder hors le logis. Le grand Dieu feist les planettes : & nous faisons les platz netz.

I’ay la parolle de Dieu en bouche : Sitio. La pierre dite _ABESTOS_ n’est plus inextinguible que la soif de ma paternité. L’appetit vient en mangeant, disoyt Angest on Mans : la soif s’en va en beuuant. Remede contre la soif ? Il est contraire à celluy qui est contre morsure de chien, courrez tousiours apres le chien, iamais ne vous mordera, beuuez tousiours auant la soif, & iamais ne
— Si je montois aussi bien comme j’avalle, je feusse pieçà hault en l’aer.

— Ainsi se feist Jacques Cueur riche.

— Ainsi profitent boys en friche.

— Ainsi conquesta Bacchus l’inde.

— Ainsi philosophie Melinde.

— Petite pluye abat grand vend. Longues beuvettes rompent le tonnoire.

— Mais, si ma couille pissoit telle urine, la vouldriez vous bien sugcer ?

— Je retiens après.

— Paige, baille ; je t’insinue ma nomination en mon tour

— Hume, Guillot ! Encores y en a il un pot.

— Je me porte pour appellant de soif comme d’abus. Paige, relieve mon appel en forme.

— Ceste roigneure !

— Je souloys jadis boyre tout ; maintenant je n’y laisse rien.

— Ne nous hastons pas et amassons bien tout.

— Voycy trippes de jeu et guodebillaux d’envy de ce fauveau à la raye noire. O, pour Dieu, estrillons le à profict de mesnaige !

— Beuvez, ou je vous…

— Non, non !

— Beuvez, je vous en prye.

— Les passereaux ne mangent sinon que on leurs tappe les queues ; je ne boy sinon qu’on me flatte.

— Lagona edatera ! Il n’y a raboulliere en tout mon corps où cestuy vin ne furette la soif.

— Cestuy cy me la fouette bien.

— Cestuy cy me la bannira du tout.

— Cornons icy, à son de flaccons et bouteilles, que quiconques aura perdu la soif ne ayt à la chercher ceans : longs clysteres de beuverie l’ont faict vuyder hors le logis.

— Le grand Dieu feist les planettes et nous faisons les platz netz.

— J’ai la parolle de Dieu en bouche : Sitio.

— La pierre dite _ABESTOS_ n’est plus inextinguible que la soif de ma Paternité.

— L’appetit vient en mangeant, disoit Angest on Mans ; la soif s’en va en beuvant.

— Remede contre la soif ?

— Il est contraire à celluy qui est contre morsure de chien : courrez tousjours après le chien, jamais ne vous mordera ; beuvez tousjours avant la soif, et jamais ne vous adviendra.