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i 2 RÉSURRECTION
cynisme si éhonté, que toute femme, en particulier toute
É jeune femme, avait a se tenir jour et nuit sur sesgardes,
; pour peu qu’elle ne fût point disposée à se mettre au ton
de la corruption générale, et à en profiter.
Rien n’était plus fatigant que cet _état continu
· d’alarme et de résistance, sans compter que la Maslova
, était infiniment plus exposée encore que ses compagnes j
. aux propositions galantes des prisonniers et des gar-
diens, tant à cause du charme extérieur de toute sa
personne qu’à cause de ce qu’on savait de sa vie passée.
Et le refus obstiné qu`elle opposait à ces propositions
i était volontiers co11sidéré comme un affront, de sorte que,
, tous les jours, elle avaitsenti la malveillance grandir
l autour d’elle. Sa situation aurait même fini par devenir
l intolérable, si elle n’avait pas eu, pour se consoler, la
société de l’excellente Fédosia, et aussi celle de Tarass,
le mari de Fédosia, qui, en apprenant la façon dont se
trouvait mise a l’épreuve la vertu de sa femme, pour
pouvoir la mieux protéger, avait renoncé à sa liberté, et,
depuis Nijni-Novgorod, s'était fait admettre parmi les
pr1sonn1ers. —
La situation de la Maslova s’était heureusement fort
améliorée, et en toute façon, lorsque la jeune femme
· avait obtenu d’être transférée dans la section des con-
damnés politiques. Non seulement, en effet, les condam-
nés politiques étaient mieux logés et mieux nourris que .
les condamnés de droit commun, non seulement la
Maslova trouvait chez ses nouveaux compagnons moins
de rudesse et de grossièreté, mais son transfert parmi
eux l’avait délivrée de toute agression galante, et lui avait
permis de recommencer à oublier ce passé que sans cesse, ‘
"`~ jusque-là, on avait pris soin de lui remettre en mémoire.
\*——· Et ce n’était pas tout. Son transfert avait eu encore pour
elle un autre avantage précieux : il lui avait fourni l’occa-
sion dc faire connaissance avec certaines personnes qui
n’avaient point tardé a exercer sur elle une influence
décisive.
La faveur sollicitée pour elle par Nekhludov consis-
tait d’aillenrs simplement à loger, durant les étapes,
l