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KÉSUHBECTION 267
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qu’il s‘était arrêté à une sorte de compromis. Il avait
résolu de se défaire de ses biens, non pas en les donnant
aux paysans, mais en les leur louant à bas prix. Ce
n’était point, sans doute, la solution qu’en théorie il
voyait au problème : mais c’était du moins un pas vers
cette solution : c’était le passage d`une forme d’oppres—
sion plus grossière à une forme plus douce. Et c’était,
en tout cas, la seule mesure que les circonstances lui
permissent de p1·endre.
Il arriva à Kouzminskoïe vers midi. Sa conception
générale de la vie s'était, à son insu, si profondément
simplifiée qu’il n’avait pas même eu la pensée de télé-
graphier à son gérant pour lui annoncer savisite. En
descendant du wagon, il avait loué une carriole et s’était
fait conduire à sa propriété. Le cocher, un jeune paysan,
vêtu d’une camisole de nankin, se tenait assis de côté
sur son siège, ce qui lui rendait encore plus facile de
causer avec le barine : et il causait d’autant plus volon-
tiers que ses chevaux, deux bêtes vigoureuses et pleines
de santé, couraient le long de la route avec un entrain
endiablé, sans qu’il eût besoin de les stimuler.
Le cocher parlait du gérant de Kouzminskoïe. Il en
parlait librement, ne se doutant pas qu’il avait affaire au
seigneur du villa e.
- Il se met biân, le rusé Allemand! -— disait-il, en se
retournant sur son siège et en jouant avec son long
fouet. -— Il vient de se payer une troïka avec des chevaux
superbes; et il va se promener avec sa bourgeoise, ou
bon lui semble ! L’hiver, pour la Noël, il y avait chez lui
un bel arbre, orné comme vous n’en trouverez pas d’aut1·e
dans tout le gouvernement ! Ah! il en a ramassé de l’ar-
gent, le gaillard! Et pourquoi pas? Il peut tout faire!
On dit qu’il vient d`acheter une propriété!
Nekhludov tenait pour indifférent de savoir comment
son gérant administrait son bien; mais le récit du cocher
ne lui en fit pas moins une impression désagréable. Il
jouissait de la beauté du jour, du mouvement des nuages
gris qui par instants recouvraient le soleil et puis le
découvraicnt de nouveau; il jouissait du spectacle des