« Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/136 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 19 novembre 2017 à 17:24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près de ma tante, mon père les soignait, nos domestiques étaient dans la maison : je les avais empêchés de sortir, de peur de quelques propos. On voit que jusque-là, nous ne savions rien de bien positif, et je n’osais regarder comme certain tout ce qu’on disait ; nous étions livrés à tant de nouvelles absurdes depuis six semaines. Je restai seule au milieu de la cour, moins par bravoure, assurément, que par agitation. Au bout de cinq minutes, j’entendis arriver des chevaux au grand galop et crier : Vive le Roi ! C’étaient. MM. de Lescure et de Marigny ; ils avaient rencontré, à un quart de lieue, M. de la Rochejaquelein, qui venait à Clisson avec M. Forestier et trois cavaliers ; tout le monde sortit du château aux cris redoublés de : Vive le Roi ! Henri se jeta ; dans nos bras, en s’écriant : « Je vous ai donc délivrés ! » Nous pleurions tous. À ces explosions de joie, les patriotes de Bressuire ouvrirent doucement la porte pour savoir d’où venait ce bruit ; quand ils virent que nous n’étions que la famille et les domestiques, ils se jetèrent à nos pieds, et plusieurs se trouvèrent mal de l’excès de leur surprise. M. de Lescure conta toute leur histoire à Henri ; celui-ci leur dit que jamais on n’aurait pu choisir un meilleur asile pour être à l’abri des Brigands, que de se sauver chez eux. M. de Lescure fit embrasser par Henri toutes les femmes, pour les raccommoder avec cette espèce de monstre tant redouté. Ce ne fut que joie dans la maison.

Henri nous donna peu de détails sur l’armée ; il parla beaucoup de la valeur des paysans, de leur enthousiasme, nous raconta qu’il y avait, plusieurs autres années royalistes avec lesquelles celle-ci n’avait pas encore de relations établies, mais on savait qu’elles avaient du succès ; M. de Charette en commandait une ; il venait de surprendre l’île de Noirmoutier, qu’on lui avait livrée. Nous lui parlâmes des munitions : il nous apprit que les canons n’avaient chacun que trois coups à tirer, en attaquant Argenton, mais on y avait pris de la poudre, on