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Dès qu’elle l’avait aperçu, la jeune femme avait voulu
grimper sur la plate·forme du wagon, pour 1`appeler.
Mais au même instant la machine avait sifflé, et les
wagons, lentement, s’étaient ébranlés. Le conducteur du
train avait fait descendre Katucha avant de remonter
lui-même dans le wagon; et la jeune femme s’était
retrouvée sur le quai, tandis que déjà le wagon de pre-
mière classe 1’avait dépassée. Elle s’était mise à courir
pour le rattraper. Mais le train courait plus vite, elle
voyait passer les wagons de seconde classe, puis ceux
de troisième, enfin le dernier wagon avec sa lanterne
rouge. Arrivée au bout du quai, elle avait continué à
courir le long de la voie; le vent, qui soufflait par
rafales, avait fait tomber le fichu qu’elle portait sur la
tête; et elle courait, les cheveux en désordre, s’enfonçant
à chaque pas dans des flaques de boue. A
- Petite tante Katucha! — lui avait crié la petite
fille en accourant derrière elle, -— votre fichu est
tombé!
Réveillée par ce cri, Katucha s’était enfin arrêtée.
Et aussitôt elle avait senti un vide terrible se creuser
en elle.
« Ainsi il est là, dans ce Wagon bien chaud, assis
dans un fauteuil de velours, et il sourit, et il s’amuse,
- s’était—elle dit, — et moi je suis seule ici dans la «
nuit, sous la pluie et le vent ! » Elle s’était assise à terre
et avait éclaté en des sanglots si forts que lapetite
fille, épouvantée, n’avait su que lui dire pour la consoler.
— Petite tante ! — suppliait la petite, — allons-nous·en,
rentrons bien vite!
Mais Katucha restait assise, sous la pluie et le vent.
« Un train va passer: m’étendre sur les rails, et tout sera
fini! » Elle s’apprêtait déja à exécuter ce projet, lorsque
` soudain l’enl'ant qui était en elle avait tressailli; et
aussitôt son désespoir s’était apaisé. Tout ce qui, l’ins-
tant d’auparavant, l’avait remplie d`angoisses, le senti-
ment de 1’impossibilité pour elle de vivre, sa haine pour
Nekhludov, son désir de se venger de lui en se tuant,
toutes ces mauvaises pensées s`étaient eflacées. Elle