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prison que de t’empêcher d’aller faire ton. devoir. — Je viendrai donc te délivrer s’écria Henri, en se jetant dans ses bras, et en prenant cet air martial qu’il a toujours eu depuis, M. de Lescure prescrivit à tout le monde de ne plus faire de représentations sur le départ d’Henri ; qu’il était fixé, et que c’était déjà trop de l’avoir déterminé lui-même à ne pas partir aussi.

Après cette scène si touchante, vient la parodie : M. de la Cassaigne dit qu’il veut suivre Henri et se joindre aux royalistes. Nous lui démontrons que c’est s’exposer beaucoup, et qu’il ne fera pas la guerre. Il nous étale de beaux sentiments de bravoure, cela nous fait rire ; dans le fait, la peur l’avait aveuglé au point qu’il croyait être plus en sûreté dans le pays insurgé. On lui objecte que M. de Lescure a répondu de lui corps pour corps, et qu’il est indigne de vouloir l’exposer à une prison certaine. Il se met à pleurer, prétend que nous voulons sa mort, que Dieu lui avait donné des jambes pour fuir, et que, tant qu’il en aurait, il fuirait ; que ce serait résister à la volonté de Dieu, de ne pas le faire. Nous le chapitrons deux heures, mais il pleurait toujours. M. de Lescure entre dans le salon, M. de la Cassaigne va lui demander tout en larmes la permission de se sauver : M, de Lescure la lui accorde, malgré nos représentations. Nouvel embarras, Nous disons à M. de la Cassaigne qu’étant gros, lourd et âgé de cinquante ans, il ne pourra jamais suivre Henri, qui n’a que vingt ans et est un des hommes les plus lestes qu’on puisse trouver, qu’il faut faire neuf lieues dans la nuit, par une pluie à verse, à travers champs, passer par-dessus des haies très hautes, sauter des fossés ; que si quelque patrouille arrivait, il ferait prendre Henri. Il dit alors à celui-ci : « Mon cher ami, dans le cas où nous entendrons du bruit, tu me laisseras et tu te sauveras.» Henri lui répond : « Est-ce que tu me crois aussi poltron que toi, et capable d’abandonner quelqu’un qui est avec moi ? Non. Si on vient pour nous prendre, je me battrai, je périrai avec toi, ou nous nous sauverons ensemble. » M. de la Cassaigne se jette sur