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suivi la troupe à Thoûars, je serai arrêté moi-même ; mais je m’expose pour mes amis, cela suffit, » Nous le remercions tous.

Le lendemain matin, il partit pour Bressuire. Je renvoyai ma petite fille dans le village de sa nourrice, afin de la sauver ; cette femme, du reste, avait une telle peur, qu’elle risquait de perdre son lait. Maman, ma tante et mol allâmes nous cacher dans une métairie ; ces messieurs restèrent, attendant la mort ; ils ne voulurent jamais nous garder avec eux. On pourra dire : « Mais pourquoi n’alliez-vous pas tous joindre les royalistes ? » Nous ne savions au juste où ils se trouvaient ; le plus près qu’ils pouvaient être était à sept ou huit lieues, le pays était rempli de troupes, il nous était impossible de fuir.

On juge aisément de l’état où nous étions dans la métairie ; je restai quatre heures à genoux, pleurant à chaudes larmes. Enfin arrive un domestique, qui avait été avec M. Thomassin à Bressuire, il nous dit de sa part qu’il avait été assez bien reçu. Dans ce moment on se contentait de tenir quelques propos contre nous, mais il ne paraissait pas qu’on voulût nous inquiéter. Il nous apprit aussi que le domestique d’Henri avait été emmené à Thouars avec plusieurs autres prisonniers, lors de l’évacuation de Bressuire ; pendant toute la route, les troupes voulaient les fusiller, le district et les officiers avaient eu beaucoup de peine à les sauver. Revenues toutes les trois au château, nous retrouvâmes nos parents avec la joie la plus vive.

Nous fûmes tranquilles environ huit jours, sans savoir aucune nouvelle positive, et ne recevant que des rapports absurdes et contradictoires, On ne pouvait entrer à Bressuire sans un laisser- passer ; encore faisait-on de grandes difficultés. On fouillait à l’entrée, à la sortie ; aussi était-il impossible à M. Thomassin de nous écrire et à nous de lui envoyer un exprès, Motot répandait le bruit qu’on voulait arrêter MM. de la Rochejaquelein, de Marigny et de la Cassaigne ; tout cela n’était que des oui-dire.

M. de Lescure et Henri s’étaient amusés depuis quelque