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paralysée ou désarmée. Aujourd’hui les événemens ont marché. L’Angleterre, qui a sans doute ses embarras intérieurs, mais qui ne se laisse pas arrêter quand ses intérêts nationaux sont en jeu et qui a un gouvernement pour agir, l’Angleterre est allée dans la vallée du Nil ; elle a dispersé à Tell-el-Kebir cette armée insurrectionnelle qui était un fantôme, et elle occupe militairement l’Egypte, selon le mot de M. le président du conseil. La question est maintenant de savoir ce qu’elle se propose de faire de sa conquête, quelles conséquences elle prétend tirer d’une intervention dont elle a accepté seule la responsabilité et dont elle ne parait pas disposée à partager les avantages. Le cabinet de Londres ne refuse sûrement pas de s’entendre avec tout le monde, de négocier soit avec le sultan pour adapter l’ancienne suzeraineté à un ordre nouveau, soit avec la France pour la transformation du contrôle financier exercé jusqu’ici en commun par les deux nations. L’Angleterre n’est pas moins pour le moment sur les bords du Nil une protectrice, armée, quasi-souveraine, visiblement préoccupée de créer une situation dont elle puisse demeurer l’unique arbitre. C’est là désormais le point délicat sur lequel se fixent tous les regards.
{{tiret2|para|lysée}} ou désarmée. Aujourd’hui les événemens ont marché. L’Angleterre, qui a sans doute ses embarras intérieurs, mais qui ne se laisse pas arrêter quand ses intérêts nationaux sont en jeu et qui a un gouvernement pour agir, l’Angleterre est allée dans la vallée du Nil ; elle a dispersé à Tell-el-Kebir cette armée insurrectionnelle qui était un fantôme, et elle occupe militairement l’Egypte, selon le mot de M. le président du conseil. La question est maintenant de savoir ce qu’elle se propose de faire de sa conquête, quelles conséquences elle prétend tirer d’une intervention dont elle a accepté seule la responsabilité et dont elle ne parait pas disposée à partager les avantages. Le cabinet de Londres ne refuse sûrement pas de s’entendre avec tout le monde, de négocier soit avec le sultan pour adapter l’ancienne suzeraineté à un ordre nouveau, soit avec la France pour la transformation du contrôle financier exercé jusqu’ici en commun par les deux nations. L’Angleterre n’est pas moins pour le moment sur les bords du Nil une protectrice, armée, quasi-souveraine, visiblement préoccupée de créer une situation dont elle puisse demeurer l’unique arbitre. C’est là désormais le point délicat sur lequel se fixent tous les regards.


L’Angleterre a envoyé à Alexandrie et au Caire comme ambassadeur de circonstance ou commissaire supérieur son représentant à Constantinople, lord Dufferin. Après les armes, la diplomatie entre directement en action sur les bords du Nil. De quoi a été chargé au vrai un personnage si considérable, si bien fait par sa position et par ses qualités reconnues pour représenter avec autorité la politique anglaise ? Lord Dufferin, assure M. Gladstone, est allé s’entendre avec l’agent britannique, sir Edward Malet, pour la réorganisation de l’Egypte. Toujours est-il qu’avec cette mission d’une importance un peu mystérieuse a coïncidé tout d’abord un acte du khédive supprimant le contrôle anglo-français. Il est clair que, dans la pensée de l’Angleterre, cette institution du contrôle est destinée à disparaître. Seulement une institution qui ne dépend pas du khédive seul, qui a eu un caractère diplomatique, ne peut pas évidemment disparaître sans qu’il y ait des compensations, des garanties nouvelles offertes par l’Angleterre, acceptées par la France. Les négociations courtoises et amicales dont M. le président du conseil a parlé l’autre jour dans sa déclaration, ont sans doute trait à cet objet, et la réserve gardée jusqu’ici par les deux gouvernemens démontre que la question n’est peut-être pas aussi facile à résoudre qu’on aurait pu le croire. On disait récemment que l’amitié de deux grandes nations était d’un intérêt bien supérieur à quelques incidens, à quelques détails de la réorganisation de l’Egypte. Assurément l’intérêt général d’une entente cordiale entre la France et l’Angleterre est fait pour dominer les dissentimens secondaires et vaut bien quelques sacrifices. Encore faut-il cependant que le prix de cette amitié soit également senti des deux côtés ; et si, dans ces négociations
L’Angleterre a envoyé à Alexandrie et au Caire comme ambassadeur de circonstance ou commissaire supérieur son représentant à Constantinople, lord Dufferin. Après les armes, la diplomatie entre directement en action sur les bords du Nil. De quoi a été chargé au vrai un personnage si considérable, si bien fait par sa position et par ses qualités reconnues pour représenter avec autorité la politique anglaise ? Lord Dufferin, assure M. Gladstone, est allé s’entendre avec l’agent britannique, sir Edward Malet, pour la réorganisation de l’Egypte. Toujours est-il qu’avec cette mission d’une importance un peu mystérieuse a coïncidé tout d’abord un acte du khédive supprimant le contrôle anglo-français. Il est clair que, dans la pensée de l’Angleterre, cette institution du contrôle est destinée à disparaître. Seulement une institution qui ne dépend pas du khédive seul, qui a eu un caractère diplomatique, ne peut pas évidemment disparaître sans qu’il y ait des compensations, des garanties nouvelles offertes par l’Angleterre, acceptées par la France. Les négociations courtoises et amicales dont M. le président du conseil a parlé l’autre jour dans sa déclaration, ont sans doute trait à cet objet, et la réserve gardée jusqu’ici par les deux gouvernemens démontre que la question n’est peut-être pas aussi facile à résoudre qu’on aurait pu le croire. On disait récemment que l’amitié de deux grandes nations était d’un intérêt bien supérieur à quelques incidens, à quelques détails de la réorganisation de l’Egypte. Assurément l’intérêt général d’une entente cordiale entre la France et l’Angleterre est fait pour dominer les dissentimens secondaires et vaut bien quelques sacrifices. Encore faut-il cependant que le prix de cette amitié soit également senti des deux côtés ; et si, dans ces négociations {{tiret|nou|velles}}