« Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/188 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
m Phe: split
 
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<nowiki/>
II, sc. IV.)


Panurge raconte l’histoire d’un certain seigneur de Basché qui s’entend à rosser les Chicanous sous couleur de les divertir. Ce seigneur, à son tour, raconte, sous la treille, l’histoire de François Villon et du sacristain des cordeliers de Saint-Maixent. Voici ce morceau, le plus merveilleux, peut-être, pour le style et le mouvement, de toute l’œuvre prodigieuse que nous étudions ici.
Panurge raconte l’histoire d’un certain seigneur de Basché qui s’entend à rosser les Chicanous sous couleur de les divertir. Ce seigneur, à son tour, raconte, sous la treille, l’histoire de François Villon et du sacristain des cordeliers de Saint-Maixent. Voici ce morceau, le plus merveilleux, peut-être, pour le style et le mouvement, de toute l’œuvre prodigieuse que nous étudions ici.


« Maître François Villon, sur ses vieux jours, se retira à Saint-Maixent, en Poitou, sous la faveur d’un homme de bien, abbé dudit lieu. Là, pour donner passe-temps au peuple, il entreprit de faire jouer la Passion en gestes et langage poitevin. Les acteurs engagés, les rôles distribués, le théâtre préparé, il annonça au maire et aux échevins que le mystère pourrait être prêt à l’issue des foires de Niort. Restait seulement à trouver des costumes convenables aux personnages. Villon, pour habiller un vieux paysan qui jouait Dieu le Père, demanda à Frère Etienne Tappecoue, sacristain des cordeliers du lieu, de lui prêter une chape et une étole. Tappecoue refusa, alléguant que, par leurs statuts provinciaux, il était très rigoureusement défendu aux cordeliers de rien donner ou prêter aux joueurs de tels jeux. Villon répliqua que les statuts de l’ordre concernaient seulement les farces, les momeries et les jeux dissolus. Ce nonobstant Tappecoue lui dit péremptoirement qu’il se pourvût ailleurs, si bon
« Maître François Villon, sur ses vieux jours, se retira à Saint-Maixent, en Poitou, sous la faveur d’un homme de bien, abbé dudit lieu. Là, pour donner passe-temps au peuple, il entreprit de faire jouer la Passion en gestes et langage poitevin. Les acteurs engagés, les rôles distribués, le théâtre préparé, il annonça au maire et aux échevins que le mystère pourrait être prêt à l’issue des foires de Niort. Restait seulement à trouver des costumes convenables aux personnages. Villon, pour habiller un vieux paysan qui jouait Dieu le Père, demanda à Frère Étienne Tappecoue, sacristain des cordeliers du lieu, de lui prêter une chape et une étole. Tappecoue refusa, alléguant que, par leurs statuts provinciaux, il était très rigoureusement défendu aux cordeliers de rien donner ou prêter aux joueurs de tels jeux. Villon répliqua que les statuts de l’ordre concernaient seulement les farces, les momeries et les jeux dissolus. Ce nonobstant Tappecoue lui dit péremptoirement qu’il se pourvût ailleurs, si bon