« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome IV, 1926.djvu/132 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
s’en était fait sentir au loin. Le gouvernement des {{corr|Etats|États}} pontificaux n’avait jamais été bon ; il était devenu détestable. Léon {{rom-maj|xii|12}}, Pie {{rom-maj|viii|8}}, Grégoire {{rom-maj|xvi|16}} n’avaient apporté à le réformer aucun zèle. Mais voici que le conclave leur donnait pour successeur un pape jeune, prestigieux, affable et dont la carrière épiscopale semblait annoncer un libéralisme sincère. L’enthousiasme fut immense dans toute la péninsule. Les Italiens depuis le début du siècle avaient vécu d’espérances et de déceptions alternées. L’idée de l’unité les travaillait mais à force de la voir démentie par les circonstances, beaucoup se prenaient à douter que cette unité fut réalisable tandis qu’un petit nombre d’exaltés n’en apercevaient la possibilité qu’avec le concours d’une révolution sociale. Ceux-là avaient afflué à Rome où leurs excès et leur précipitation eurent vite fait de compromettre les résultats acquis. Déjà l’exemple de Pie {{rom-maj|ix|9}} avait obligé le grand duc de Toscane et le roi Charles-Albert de Piémont à faire des concessions. Le roi de Naples résistait mais il allait être entraîné dans la même voie. Les révolutionnaires non contents de harceler le pape lui rendirent bientôt la position intenable ; il dut pour échapper à leur étreinte s’enfuir à Gaëte tandis qu’un régime démagogique était établi dans sa capitale. Toute l’Italie était en effervescence ; car la révolution parisienne de 1848 ayant provoqué des agitations un peu partout en Europe et notamment à Vienne, les Vénitiens et les Milanais en avaient profité pour secouer le joug étranger. Mais Charles-Albert s’étant fait battre à Custozza par les Autrichiens, ceux-ci avaient repris possession de leurs domaines italiens. Victorieuse, l’Autriche s’apprêtait à intervenir à Rome. Par une initiative hardie, Louis-Napoléon l’avait devancée. Sans même s’inquiéter de l’assemblée que la constitution républicaine plaçait à ses côtés, il avait de sa propre autorité dirigé sur Rome par la voie de mer un corps expéditionnaire qui avait assiégé la ville, s’en était emparée et l’avait rendue au pape (1849). Le clergé aussitôt groupé autour de lui l’avait acclamé. Mal vus et mal traités après 1830, les prêtres français en avaient gardé à Louis-Philippe une longue rancune. Aussi s’étaient-ils volontiers ralliés à la république, bénissant dans chaque commune les « arbres de la llberté » et s’associant à toutes les manifestations civiques. Le bonapartisme renaissant semblait peu propre à les attirer car le nom de Napoléon évoquait les mauvais traitements infligés à la papauté par le premier qui l’avait porté. Que restait-il de ce souvenir désormais ? Le nouveau chef de {{corr|l’Etat|l’État}} s’était montré « fils aîné
s’en était fait sentir au loin. Le gouvernement des {{corr|Etats|États}} pontificaux n’avait jamais été bon ; il était devenu détestable. Léon {{rom-maj|xii|12}}, Pie {{rom-maj|viii|8}}, Grégoire {{rom-maj|xvi|16}} n’avaient apporté à le réformer aucun zèle. Mais voici que le conclave leur donnait pour successeur un pape jeune, prestigieux, affable et dont la carrière épiscopale semblait annoncer un libéralisme sincère. L’enthousiasme fut immense dans toute la péninsule. Les Italiens depuis le début du siècle avaient vécu d’espérances et de déceptions alternées. L’idée de l’unité les travaillait mais à force de la voir démentie par les circonstances, beaucoup se prenaient à douter que cette unité fut réalisable tandis qu’un petit nombre d’exaltés n’en apercevaient la possibilité qu’avec le concours d’une révolution sociale. Ceux-là avaient afflué à Rome où leurs excès et leur précipitation eurent vite fait de compromettre les résultats acquis. Déjà l’exemple de Pie {{rom-maj|ix|9}} avait obligé le grand duc de Toscane et le roi Charles-Albert de Piémont à faire des concessions. Le roi de Naples résistait mais il allait être entraîné dans la même voie. Les révolutionnaires non contents de harceler le pape lui rendirent bientôt la position intenable ; il dut pour échapper à leur étreinte s’enfuir à Gaëte tandis qu’un régime démagogique était établi dans sa capitale. Toute l’Italie était en effervescence ; car la révolution parisienne de 1848 ayant provoqué des agitations un peu partout en Europe et notamment à Vienne, les Vénitiens et les Milanais en avaient profité pour secouer le joug étranger. Mais Charles-Albert s’étant fait battre à Custozza par les Autrichiens, ceux-ci avaient repris possession de leurs domaines italiens. Victorieuse, l’Autriche s’apprêtait à intervenir à Rome. Par une initiative hardie, Louis-Napoléon l’avait devancée. Sans même s’inquiéter de l’assemblée que la constitution républicaine plaçait à ses côtés, il avait de sa propre autorité dirigé sur Rome par la voie de mer un corps expéditionnaire qui avait assiégé la ville, s’en était emparée et l’avait rendue au pape (1849). Le clergé aussitôt groupé autour de lui l’avait acclamé. Mal vus et mal traités après 1830, les prêtres français en avaient gardé à Louis-Philippe une longue rancune. Aussi s’étaient-ils volontiers ralliés à la république, bénissant dans chaque commune les « arbres de la liberté » et s’associant à toutes les manifestations civiques. Le bonapartisme renaissant semblait peu propre à les attirer car le nom de Napoléon évoquait les mauvais traitements infligés à la papauté par le premier qui l’avait porté. Que restait-il de ce souvenir désormais ? Le nouveau chef de {{corr|l’Etat|l’État}} s’était montré « fils aîné