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Avec Andrew Jackson, le septième président (1829), la démocratie elle-même s’installe au pouvoir. Le jour de l’inauguration du nouveau chef de {{corr|l’Etat|l’État}} est un jour de triomphe populaire. Les habitants de Washington considèrent avec stupeur le cortège de besogneux et de « pieds crottés » qui montent vers le Capitole à la suite de Jackson puis se répandent dans les jardins, défoncent les tonneaux de vin préparés pour eux et finalement envahissent les salons de la White-House. Ils ont mené la campagne avec une vigueur sans égale, parlant, criant, écrivant ; ils attendent la récompense sous la forme d’une place, d’un emploi quelconque. On procède pour les satisfaire à une véritable hécatombe de fonctionnaires : ainsi s’établit cet usage que les Américains appellent « rotation des offices » et qui consistera à renouveler après chaque élection présidentielle, tout le personnel fédéral depuis le diplomate jusqu’à l’employé des postes, depuis le directeur des douanes jusqu’à l’huissier du Sénat… Mais Andrew Jackson n’est pas seulement l’enfant du peuple qui a connu la misère, qui a dès le jeune âge gagné son pain laborieusement, au hasard des circonstances et dont la science n’a pas affiné l’esprit ni adouci les angles. C’est un soldat. Une guerre avec les Cricqs avait déjà mis en relief ses qualités militaires lorsqu’en 1815, il s’est trouvé appelé à défendre la Nouvelle-Orléans contre douze mille anglais qu’il a taillés en pièces. Voilà un beau titre de gloire mais ce n’est pas un titre à la présidence. Le peuple en juge autrement. Il veut un militaire, il veut une poigne ; il ne serait pas très éloigné de vouloir un empereur selon la formule romaine, c’est-à-dire un général victorieux sorti d’en bas et qui sur le pavois continuerait de reconnaître dans la démocratie l’origine et la sauvegarde de son pouyoir.<section end="s2"/>
Avec Andrew Jackson, le septième président (1829), la démocratie elle-même s’installe au pouvoir. Le jour de l’inauguration du nouveau chef de {{corr|l’Etat|l’État}} est un jour de triomphe populaire. Les habitants de Washington considèrent avec stupeur le cortège de besogneux et de « pieds crottés » qui montent vers le Capitole à la suite de Jackson puis se répandent dans les jardins, défoncent les tonneaux de vin préparés pour eux et finalement envahissent les salons de la White-House. Ils ont mené la campagne avec une vigueur sans égale, parlant, criant, écrivant ; ils attendent la récompense sous la forme d’une place, d’un emploi quelconque. On procède pour les satisfaire à une véritable hécatombe de fonctionnaires : ainsi s’établit cet usage que les Américains appellent « rotation des offices » et qui consistera à renouveler après chaque élection présidentielle, tout le personnel fédéral depuis le diplomate jusqu’à l’employé des postes, depuis le directeur des douanes jusqu’à l’huissier du Sénat… Mais Andrew Jackson n’est pas seulement l’enfant du peuple qui a connu la misère, qui a dès le jeune âge gagné son pain laborieusement, au hasard des circonstances et dont la science n’a pas affiné l’esprit ni adouci les angles. C’est un soldat. Une guerre avec les Cricqs avait déjà mis en relief ses qualités militaires lorsqu’en 1815, il s’est trouvé appelé à défendre la Nouvelle-Orléans contre douze mille anglais qu’il a taillés en pièces. Voilà un beau titre de gloire mais ce n’est pas un titre à la présidence. Le peuple en juge autrement. Il veut un militaire, il veut une poigne ; il ne serait pas très éloigné de vouloir un empereur selon la formule romaine, c’est-à-dire un général victorieux sorti d’en bas et qui sur le pavois continuerait de reconnaître dans la démocratie l’origine et la sauvegarde de son pouvoir.<section end="s2"/>