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Reste à parler des deux pays desquels en cette fin du {{rom-maj|xv|15}}{{e|me}} siècle dépendaient principalement les destins européens, la Bohême et la France.
Reste à parler des deux pays desquels en cette fin du {{rom-maj|xv|15}}{{e|me}} siècle dépendaient principalement les destins européens, la Bohême et la France.


Sous le roi Ottokar {{rom-maj|ii|2}} (1250-1278{{corr||)}} la Bohême s’était agrandie de façon surprenante. Son territoire avait atteint l’Adriatique. Sans doute dans sa lutte contre Rodolphe de Habsbourg, Ottokar avait été finalement vaincu. Les provinces autrichiennes lui avaient été reprises. La monarchie n’en demeurait pas moins très puissante mais à chaque fin de règne l’obligation d’élire le nouveau souverain engendrait des querelles et des difficultés. La royauté élective est toujours exposée à ce péril. Ainsi lorsqu’Ottokar eût disparu, cinq années se passèrent avant qu’on pût se mettre d’accord sur l’élection de son fils Wenceslas. Il existait en Bohême une cause de division plus alarmante encore. On l’avait imprudemment germanisée. Cela datait de loin. Pendant longtemps il n’y avait eu que des évêques allemands. La cour était allemande de ton et de goûts. Dans les villes une bourgeoisie allemande s’était implantée qui vivait à part et ne consentait point à frayer avec les Tchèques. Cet élément importé représentait du reste un progrès économique considérable. Dès la fin du {{rom-maj|xi|11}}{{e|me}} siècle, Prague attirait « des marchands de toutes nations ». Il s’y trouvait, dit un chroniqueur, de nombreux juifs « tout pleins d’or et d’argent ». {{corr|A|À}} la fin du{{rom-maj|xii|12}}{{e|me}} siècle, la langue tchèque acheva de se fixer et s’épanouit : nouveau sujet de dispute. Jusqu’alors la littérature avait été surtout ecclésiastique et latine. {{corr|A|À}} cet essor du langage national, les hautes classes demeurèrent indifférentes. Le mouvement resta populaire : un mouvement pro-allemand y répondit. {{corr|A|À}} ce moment la vieille dynastie au sein de laquelle on s’était accoutumé à choisir le roi
Sous le roi Ottokar {{rom-maj|ii|2}} (1250-1278{{corr||)}} la Bohême s’était agrandie de façon surprenante. Son territoire avait atteint l’Adriatique. Sans doute dans sa lutte contre Rodolphe de Habsbourg, Ottokar avait été finalement vaincu. Les provinces autrichiennes lui avaient été reprises. La monarchie n’en demeurait pas moins très puissante mais à chaque fin de règne l’obligation d’élire le nouveau souverain engendrait des querelles et des difficultés. La royauté élective est toujours exposée à ce péril. Ainsi lorsqu’Ottokar eût disparu, cinq années se passèrent avant qu’on pût se mettre d’accord sur l’élection de son fils Wenceslas. Il existait en Bohême une cause de division plus alarmante encore. On l’avait imprudemment germanisée. Cela datait de loin. Pendant longtemps il n’y avait eu que des évêques allemands. La cour était allemande de ton et de goûts. Dans les villes une bourgeoisie allemande s’était implantée qui vivait à part et ne consentait point à frayer avec les Tchèques. Cet élément importé représentait du reste un progrès économique considérable. Dès la fin du {{rom-maj|xi|11}}{{e|me}} siècle, Prague attirait « des marchands de toutes nations ». Il s’y trouvait, dit un chroniqueur, de nombreux juifs « tout pleins d’or et d’argent ». {{corr|A|À}} la fin du {{rom-maj|xii|12}}{{e|me}} siècle, la langue tchèque acheva de se fixer et s’épanouit : nouveau sujet de dispute. Jusqu’alors la littérature avait été surtout ecclésiastique et latine. {{corr|A|À}} cet essor du langage national, les hautes classes demeurèrent indifférentes. Le mouvement resta populaire : un mouvement pro-allemand y répondit. {{corr|A|À}} ce moment la vieille dynastie au sein de laquelle on s’était accoutumé à choisir le roi