« Le Malade imaginaire » : différence entre les versions

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''La scène se passe à Paris''
 
 
==__MATCH__:[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/596]]==
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/596]]==
 
===<center><span style="color:#006699;text-decoration:underline;">PROLOGUE</span></center>===
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{{personnage|Tircis}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/597]]==
 
Si d'un peu d'amitié tu payeras mes voeux.<br>
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{{personnage|Tous}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/598]]==
 
Ah ! quelle douce nouvelle !<br>
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{{personnage|Daphné}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/599]]==
 
Je me donne à son ardeur.<br>
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Des fabuleux exploits que la Grèce a chantés<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/600]]==
Par un brillant amas de belles vérités<br>
Nous voyons la gloire effacée ;<br>
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Pour tomber dans le fond des eaux.<br>
Pour chanter de LOUIS l'intrépide courage,<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/601]]==
Il n'est point d'assez docte voix,<br>
Point de mots assez grands pour en tracer l'image ;<br>
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Joignons tous dans ces bois<br>
Nos flûtes et nos voix :<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/602]]==
Ce jour nous y convie<br>
Et faisons aux échos redire mille fois :<br>
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{{scène|1}}
 
{{Personnage|Argan}}, {{didascalie|seul dans sa chambre, assis, une table
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/603]]==
devant lui, compte des parties d'apothicaire avec des jetons ; il fait, parlant à lui-même, les dialogues suivants :}}
 
Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt ; trois et deux font cinq.
Ligne 361 ⟶ 370 :
« Plus, dudit jour, une potion anodine et astringente, pour faire reposer monsieur, trente sols. » Bon, dix et quinze sols.
 
« Plus, du vingt-sixième, un clystère carminatif, pour chasser
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/604]]==
les vents de monsieur, trente sols. » Dix sols, monsieur Fleurant.
 
« Plus, le clystère de monsieur, réitéré le soir, comme dessus, trente sols. » Monsieur Fleurant, dix sols.
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{{Personnage|Toinette}}, {{didascalie|en entrant dans la chambre.}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/605]]==
 
On y va.
Ligne 448 ⟶ 460 :
Et vous m'avez fait, vous, casser la tête : l'un vaut bien l'autre. Quitte à quitte, si vous voulez.
 
{{Personnage|Argan}}Ar
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/606]]==
gan}}
 
Quoi ! coquine…
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{{Personnage|Toinette}}
 
Ce monsieur Fleurant-là et ce monsieur Purgon s'égayent sur votre corps ; ils ont en vous une bonne vache à
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/607]]==
lait, et je voudrais bien leur demander quel mal vous avez, pour faire tant de remèdes.
 
{{Personnage|Argan}}
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{{Personnage|Toinette}}
 
Je m'en doute assez : de notre jeune amant ; car c'
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/608]]==
est sur lui depuis six jours que roulent tous nos entretiens ; et vous n'êtes point bien, si vous n'en parlez à toute heure.
 
{{Personnage|Angélique}}
Ligne 632 ⟶ 650 :
D'accord.
 
{{Personnage|Angélique}}Angéli
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/609]]==
que}}
 
Et qu'il fit tout cela de la meilleure grâce du monde ?
Ligne 694 ⟶ 714 :
{{Personnage|Toinette}}
 
En tout cas, vous en serez bientôt éclaircie ; et la résolution
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/610]]==
où il vous écrivit hier qu'il était de vous faire demander en mariage est une prompte voie à vous faire connaître s'il vous dit vrai ou non. Ç'en sera là la bonne preuve.
 
{{Personnage|Angélique}}
Ligne 741 ⟶ 763 :
 
{{Personnage|Toinette}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/611]]==
 
En vérité, je vous sais bon gré de cela ; et voilà l'action la plus sage que vous ayez faite de votre vie.
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{{Personnage|Angélique}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/612]]==
 
Le plus honnête du monde.
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{{Personnage|Toinette}}
 
Quoi ! monsieur, vous auriez fait ce dessein burlesque ?
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/613]]==
Et, avec tout le bien que vous avez, vous voudriez marier votre fille avec un médecin ?
 
{{Personnage|Argan}}
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{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/614]]==
 
Et la raison ?
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Eh ! non.
 
{{Personnage|Argan}}Ar
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/615]]==
gan}}
 
Et pourquoi ne le dirais-je pas ?
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Qui m'en empêchera ?
 
{{Personnage|Toinette}}Toine
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/616]]==
tte}}
 
Vous-même.
Ligne 1 109 ⟶ 1 140 :
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/617]]==
 
Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
Ligne 1 177 ⟶ 1 209 :
 
{{Personnage|Toinette}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/618]]==
 
Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit.
Ligne 1 245 ⟶ 1 278 :
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/619]]==
 
Et a eu l'effronterie de me dire que je ne suis point malade.
Ligne 1 302 ⟶ 1 336 :
{{Personnage|Toinette}}
 
Il nous a dit qu'il voulait donner sa fille en mariagem
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/620]]==
ariage au fils de monsieur Diafoirus ; je lui ai répondu que je trouvais le parti avantageux pour elle, mais que je croyais qu'il ferait mieux de la mettre dans un couvent.
 
{{Personnage|Béline}}
Ligne 1 336 ⟶ 1 372 :
Hé, là ! hé, là ! Qu'est-ce que c'est donc ?
 
{{Personnage|Argan}}, {{didascalie|tout essoufflé, se jette dans sa chaise.}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/621]]==
dans sa chaise.}}
 
Ah ! ah ! ah ! je n'en puis plus.
Ligne 1 393 ⟶ 1 431 :
 
{{Personnage|Béline}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/622]]==
 
Hélas ! je ne suis point capable de parler de ces choses-là.
Ligne 1 418 ⟶ 1 457 :
{{Personnage|Argan}}
 
Ma femme m'avait bien dit, monsieur, que vous étiez fort habile et fort honnête homme. Comment puis-je faire, s'
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/623]]==
il vous plaît, pour lui donner mon bien et en frustrer mes enfants ?
 
{{Personnage|Le Notaire}}
Ligne 1 465 ⟶ 1 506 :
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/624]]==
 
Tout le regret que j'aurai, si je meurs, ma mie, c'est de n'avoir point un enfant de vous. Monsieur Purgon m'avait dit qu'il m'en ferait faire un.
Ligne 1 517 ⟶ 1 559 :
{{Personnage|Toinette}}
 
Les voilà avec un notaire, et j'ai ouï parler de testament. Votre belle-mère ne s'endort point : et c'est
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/625]]==
sans doute quelque conspiration contre vos intérêts, où elle pousse votre père.
 
{{Personnage|Angélique}}
Ligne 1 544 ⟶ 1 588 :
 
 
===<center><span style="color:#006699;text-decoration:underline;">PREMIER INTERMÈDE</span></center>===u
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/626]]==
nderline;">PREMIER INTERMÈDE</span></center>===
 
''Le théâtre change et représente une ville.''
Ligne 1 556 ⟶ 1 602 :
Notte e dî v'amo e v'adoro :<br>
Cerco un sî per mio ristoro ;<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/627]]==
Ma se voi dite di nô,<br>
Bella ingrata, io morirô.<br>
Ligne 1 567 ⟶ 1 614 :
Ahi ! troppo dura.<br>
Cosi per tropp' amar languisco e muoro.<br>
Notte e dî v'amo e v'adoro :<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/628]]==
v'amo e v'adoro :<br>
Cerco un sî per mio ristoro ;<br>
Ma se voi dite di nô,<br>
Ligne 1 615 ⟶ 1 664 :
 
{{personnage|Polichinelle}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/629]]==
 
Quelle impertinente harmonie vient interrompre ici ma voix !
Ligne 1 652 ⟶ 1 702 :
 
{{personnage|Polichinelle}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/630]]==
 
Est-ce pour rire ?
Ligne 1 729 ⟶ 1 780 :
''Violons.''
 
{{personnage|Polichinelle}}, {{didascalie|avec un luth, dont il ne joue que des lèvres et de la langue en disant : Plin, tan, plan, etc.}}pla
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/631]]==
n, etc.}}
 
Par ma foi, cela me divertit. Poursuivez, messieurs les violons ; vous me ferez plaisir. Allons donc, continuez, je vous en prie. Voilà le moyen de les faire taire. La musique est accoutumée à ne point faire ce qu'on veut ! Oh ! sus, à nous. Avant que de chanter, il faut que je prélude un peu, et joue quelque pièce, afin de mieux prendre mon ton. Plan, plan, plan, plin, plin, plin. Voilà un temps fâcheux pour mettre un luth d'accord. Plin, plin, plin. Plin, tan, plan. Plin, plin. Les cordes ne tiennent point par ce temps-là. Plin, plan. J'entends du bruit. Mettons mon luth contre la porte.
Ligne 1 761 ⟶ 1 814 :
 
{{personnage|L'Archer}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/632]]==
 
Et qui toi ? et qui toi ?
Ligne 1 839 ⟶ 1 893 :
''Violons et danseurs.''
 
POLICHINELLE, {{didascalie|faisant semblant de tirer un coup de pistolet.}}didas
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/633]]==
calie|faisant semblant de tirer un coup de pistolet.}}
 
Poue !
Ligne 1 885 ⟶ 1 941 :
En prison !
 
{{personnage|Polichinelle}}Polichi
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/634]]==
nelle}}
 
Qu'ai-je fait ?
Ligne 1 966 ⟶ 2 024 :
 
{{personnage|Polichinelle}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/635]]==
 
Eh ! n'est-il rien, messieurs, qui soit capable d'attendrir vos cœurs.
Ligne 2 015 ⟶ 2 074 :
 
{{personnage|Polichinelle}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/636]]==
 
Un, deux, trois, quatre, cinq, six. Ah ! ah ! ah ! je n'y saurais plus résister. Tenez, messieurs, voilà six pistoles que je vous donne.
Ligne 2 064 ⟶ 2 124 :
 
{{Personnage|Toinette}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/637]]==
 
Que demandez-vous, monsieur ?
Ligne 2 097 ⟶ 2 158 :
{{Personnage|Argan}}
 
Monsieur Purgon m'a dit de me promener le matin, dans
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/638]]==
ma chambre, douze allées et douze venues ; mais j'ai oublié à lui demander si c'est en long ou en large.
 
{{Personnage|Toinette}}
Ligne 2 159 ⟶ 2 222 :
mal.
 
{{Personnage|Cléante}}Cléa
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/639]]==
nte}}
 
J'ai ouï dire que monsieur était mieux, et je lui trouve bon visage.
Ligne 2 216 ⟶ 2 281 :
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/640]]==
 
Venez, ma fille. Votre maître de musique est allé aux champs ; et voilà une personne qu'il envoie à sa place pour vous montrer.
Ligne 2 256 ⟶ 2 322 :
 
{{Personnage|Toinette}}, {{didascalie|par dérision.}}
Ma foi, monsieur, je suis pour vous maintenant, et je me dédis de tout ce que je disais hier. Voici monsieur Diafoirus le père et monsieur Diafoirus le fils qui viennent vous rendre visite. Que vous serez bien engendré !
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/641]]==
Vous allez voir le garçon le mieux fait du monde et le plus spirituel. Il n'a dit que deux mots, qui m'ont ravie ; et votre fille va être charmée de lui.
 
{{Personnage|Argan}}, {{didascalie|à Cléante, qui feint de vouloir s'en aller.}}
Ligne 2 311 ⟶ 2 379 :
 
{{Personnage|Monsieur Diafoirus}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/642]]==
 
Nous venons ici, monsieur…
Ligne 2 391 ⟶ 2 460 :
 
{{Personnage|Monsieur Diafoirus}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/643]]==
 
De même qu'en toute autre…
Ligne 2 435 ⟶ 2 505 :
Optime.
 
{{Personnage|Argan}}, {{didascalie|à Angélique.}}did
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/644]]==
ascalie|à Angélique.}}
 
Allons, saluez monsieur.
Ligne 2 473 ⟶ 2 545 :
{{Personnage|Thomas Diafoirus}}
 
Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux lorsqu'elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé d'un doux transport à l'apparition du soleil de vos beautés et, comme les naturalistes remarquent que la fleur nommée héliotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi mon cœur dores-en-avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables, ainsi que vers son pôle unique. Souffrez donc, mademoiselle, que j'appende aujourd'hui à l'autel de vos charmes l'offrande de ce cœur
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/645]]==
qui ne respire et n'ambitionne autre gloire que d'être toute sa vie, mademoiselle, votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et mari.
 
{{Personnage|Toinette}}, {{didascalie|en le raillant.}}
Ligne 2 497 ⟶ 2 571 :
{{Personnage|Monsieur Diafoirus}}
 
Monsieur, ce n'est pas parce que je suis son père ; mais je puis dire que j'ai sujet d'être content de lui, et que tous ceux qui le voient, en parlent comme d'un garçon, qui n'a point de méchanceté. Il n'a jamais eu l'imagination bien vive, ni ce feu d'esprit qu'on remarque dans quelques-uns ; mais c'est par là que j'ai toujours bien auguré de sa judiciaire, qualité requise pour l'exercice de notre art. Lorsqu'il était petit, il n'a jamais été ce qu'on appelle mièvre et éveillé. On le voyait toujours doux, paisible et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l'on nomme enfantins. On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire ; et il avait neuf ans, qu'il ne connaissait pas encore ses lettres. Bon, disais-je en moi-même : les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits. On grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable ; mais les choses y sont conservées bien plus longtemps ; et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d'imagination, est la marque d'un bon jugement à venir. Lorsque je l'envoyai au collège, il trouva de la peine ; mais il se raidissait
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/646]]==
contre les difficultés ; et ses régents se louaient toujours à moi de son assiduité et de son travail. Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à avoir ses licences ; et je puis dire, sans vanité que, depuis deux ans qu'il est sur les bancs, il n'y a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les disputes de notre école. Il s'y est rendu redoutable ; et il ne s'y passe point d'acte où il n'aille argumenter à outrance pour la proposition contraire. Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion, et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. Mais, sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c'est qu'il s'attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n'a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine.
 
{{Personnage|Thomas Diafoirus}}, {{didascalie|tirant de sa poche une grande thèse roulée, qu'il présente à Angélique.}}
Ligne 2 520 ⟶ 2 596 :
 
{{Personnage|Monsieur Diafoirus}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/647]]==
 
Au reste, pour ce qui est des qualités requises pour le mariage et la propagation, je vous assure que, selon les règles de nos docteurs, il est tel qu'on le peut souhaiter ; qu'il possède en un degré louable la vertu prolifique, et qu'il est du tempérament qu'il faut pour engendrer et procréer des enfants bien conditionnés.
Ligne 2 553 ⟶ 2 630 :
{{Personnage|Cléante}}, {{didascalie|bas, à Angélique.}}
 
Ne vous défendez point, s'il vous plaît, et me laissezlaisse
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/648]]==
z vous faire comprendre ce que c'est que la scène que nous devons chanter. {{didascalie|Haut.}} Je n'ai pas une voix à chanter ; mais ici il suffit que je me fasse entendre ; et l'on aura la bonté de m'excuser, par la nécessité où je me trouve de faire chanter mademoiselle.
 
{{Personnage|Argan}}
Ligne 2 569 ⟶ 2 648 :
{{Personnage|Cléante}}
 
{{didascalie|Sous le nom d'un berger, explique à sa maîtresse son amour depuis leur rencontre, et ensuite ils s'appliquent leurs pensées l'un à l'autre en chantant.}} Voici le sujet de la scène. Un berger était attentif aux beautés d'un spectacle qui ne faisait que de commencer, lorsqu'il fut tiré de son attention par un bruit qu'il entendit à ses côtés. Il se retourne, et voit un brutal qui, de paroles insolentes, maltraitait une bergère. D'abord il prend les intérêts d'un sexe à qui tous les hommes doivent hommage ; et, après avoir donné au brutal le châtiment de son insolence, il vient à la bergère, et voit une jeune personne qui, des deux plus beaux yeux qu'il eût jamais vus, versait des larmes qu'il trouva les plus belles du monde. Hélas ! dit-il en lui-même, est-on capable d'outrager une personne si aimable ! Et quel inhumain, quel barbare ne serait touché par de telles larmes ? Il prend soin de les arrêter, ces larmes qu'il trouve si belles ; et l'aimable bergère prend soin, en même temps, de le remercier de son léger service, mais d'une manière si charmante, si tendre et si passionnée, que le berger n'y peut résister ; et chaque mot, chaque regard, est un trait plein de flamme dont son cœur se sent pénétré. Est-il, disait-il, quelque chose qui puisse mériter les aimables paroles d'un tel remerciement ? Et que ne voudrait-on pas faire, à quels services, à quels dangers ne serait-on pas ravi de courir, pour s'attirer un seul moment, des touchantes
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/649]]==
douceurs d'une âme si reconnaissante ? Tout le spectacle passe sans qu'il y donne aucune attention ; mais il se plaint qu'il est trop court, parce qu'en finissant il le sépare de son adorable bergère ; et, de cette première vue, de ce premier moment, il emporte chez lui tout ce qu'un amour de plusieurs années peut avoir de plus violent. Le voilà aussitôt à sentir tous les maux de l'absence, et il est tourmenté de ne plus voir ce qu'il a si peu vu. Il fait tout ce qu'il peut pour se redonner cette vue, dont il conserve nuit et jour une si chère idée ; mais la grande contrainte où l'on tient sa bergère lui en ôte tous les moyens. La violence de sa passion le fait résoudre à demander en mariage l'adorable beauté sans laquelle il ne peut plus vivre ; et il en obtient d'elle la permission, par un billet qu'il a l'adresse de lui faire tenir. Mais, dans le même temps, on l'avertit que le père de cette belle a conclu son mariage avec un autre, et que tout se dispose pour en célébrer la cérémonie. Jugez quelle atteinte cruelle au cœur de ce triste berger ! Le voilà accablé d'une mortelle douleur, il ne peut souffrir l'effroyable idée de voir tout ce qu'il aime entre les bras d'un autre ; et son amour, au désespoir, lui fait trouver moyen de s'introduire dans la maison de sa bergère pour apprendre ses sentiments et savoir d'elle la destinée à laquelle il doit se résoudre. Il y rencontre les apprêts de tout ce qu'il craint ; il y voit venir l'indigne rival que le caprice d'un père oppose aux tendresses de son amour ; il le voit triomphant, ce rival ridicule, auprès de l'aimable bergère, ainsi qu'auprès d'une conquête qui lui est assurée ; et cette vue le remplit d'une colère dont il a peine à se rendre le maître. Il jette de douloureux regards sur celle qu'il adore ; et son respect et la présence de son père l'empêchent de lui rien dire que des yeux. Mais enfin il force toute contrainte, et le transport de son amour l'oblige à lui parler ainsi :
 
{{didascalie|Il chante.}}
Ligne 2 582 ⟶ 2 663 :
Vous me voyez, Tircis, triste et mélancolique,<br>
Aux apprêts de l'hymen dont vous vous alarmez :<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/650]]==
Je lève au ciel les yeux, je vous regarde, je soupire :<br>
C'est vous en dire assez.<br>
Ligne 2 647 ⟶ 2 729 :
 
{{Personnage|Angélique}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/651]]==
 
Plutôt, plutôt mourir,<br>
Ligne 2 701 ⟶ 2 784 :
 
{{Personnage|Béline}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/652]]==
 
Monsieur, je suis ravie d'être venue ici à propos, pour avoir l'honneur de vous voir.
Ligne 2 750 ⟶ 2 834 :
{{Personnage|Angélique}}
 
Eh ! mon père, donnez-moi du temps, je vous prie. Le mariage est une chaîne où l'on ne doit jamais soumettre un cœur par force ; et, si monsieur est honnête homme, il ne
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/653]]==
doit point vouloir accepter une personne qui serait à lui par contrainte.
 
{{Personnage|Thomas Diafoirus}}
Ligne 2 794 ⟶ 2 880 :
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/654]]==
 
Ouais ! je joue ici un plaisant personnage !
Ligne 2 830 ⟶ 2 917 :
 
{{Personnage|Béline}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/655]]==
 
Je vous trouve aujourd'hui bien raisonnante, et je voudrais bien savoir ce que vous voulez dire par là.
Ligne 2 880 ⟶ 2 968 :
Adieu, mon petit ami.
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/656]]==
Argan}}
 
Adieu, ma mie. Voilà une femme qui m'aime… cela n'est pas croyable.
Ligne 2 940 ⟶ 3 030 :
Non ; monsieur Purgon dit que c'est mon foie qui est malade.
 
{{Personnage|Monsieur Diafoirus}}Dia
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/657]]==
foirus}}
 
Eh ! oui ; qui dit parenchyme dit l'un et l'autre, à cause de l'étroite sympathie qu'ils ont ensemble par le moyen du vas breve, du pylore, et souvent des méats cholidoques. Il vous ordonne sans doute de manger force rôti ?
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{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/658]]==
 
Oui. Venez çà. Avancez là. Tournez-vous. Levez les yeux. Regardez-moi. Eh ?
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Oui, mon papa. Je vous suis venue dire tout ce que j'ai vu.
 
{{Personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/659]]==
Argan}}
 
Et n'avez-vous rien vu aujourd'hui ?
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Au nom de Dieu, mon papa, que je ne l'aie pas !
 
{{Personnage|Argan}}, {{didascalie|la prenant pour la fouetter.}}prenan
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/660]]==
t pour la fouetter.}}
Allons, allons.
 
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{{Personnage|Louison}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/661]]==
 
Elle lui a dit : « Sortez, sortez, sortez ! Mon Dieu, sortez ; vous me mettez au désespoir ! »
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{{Personnage|Louison}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/662]]==
 
Ah ! mon papa, votre petit doigt est un menteur.
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{{Personnage|Béralde}}
 
Ah ! voilà qui est bien ! Je suis bien aise que la force vous revienne un peu, et que ma visite vous fasse du bien. Oh çà, nous parlerons d'affaires tantôt. Je vous amène ici un divertissement que j'ai rencontré, qui dissipera votre chagrin,
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/663]]==
et vous rendra l'âme mieux disposée aux choses que nous avons à dire. Ce sont des Egyptiens vêtus en Mores qui font des danses mêlées de chansons où je suis sûr que vous prendrez plaisir ; et cela vaudra bien une ordonnance de monsieur Purgon. Allons.
 
 
Ligne 3 348 ⟶ 3 449 :
Profitez du printemps<br>
De vos beaux ans,<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/664]]==
Aimable jeunesse ;<br>
Profitez du printemps<br>
Ligne 3 403 ⟶ 3 505 :
Oui, suivons ses ardeurs<br>
Ses transports, ses caprices,<br>
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/665]]==
Ses douces langueurs :<br>
S'il a quelques supplices,<br>
Ligne 3 457 ⟶ 3 560 :
 
{{personnage|Toinette}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/666]]==
 
Il faut absolument empêcher ce mariage extravagant qu'il s'est mis dans la fantaisie ; et j'avais songé en moi-même que ç'aurait été une bonne affaire de pouvoir introduire ici un médecin à notre poste pour le dégoûter de son monsieur Purgon et lui décrier sa conduite. Mais, comme nous n'avons personne en main pour cela, j'ai résolu de jouer un tour de ma tête.
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D'où vient, mon frère, qu'ayant le bien que vous avez et n'ayant d'enfants qu'une fille, car je ne compte pas la petite ; d'où vient, dis-je, que vous parlez de la mettre dans un couvent ?
 
{{personnage|Argan}}Ar
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/667]]==
gan}}
 
D'où vient, mon frère, que je suis maître dans ma famille, pour faire ce que bon me semble ?
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{{personnage|Béralde}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/668]]==
 
Est-il possible que vous serez toujours embéguiné de vos apothicaires et de vos médecins, et que vous vouliez être malade en dépit des gens et de la nature ?
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{{personnage|Béralde}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/669]]==
 
Par la raison, mon frère, que les ressorts de notre machine sont des mystères, jusques ici, où les hommes ne voient goutte ; et que la nature nous a mis au-devant des yeux des voiles trop épais pour y connaître quelque chose.
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{{personnage|Béralde}}
 
C'est qu'il y en a parmi eux qui sont eux-mêmes dans l'erreur populaire, dont ils profitent ; et d'autres qui en profitent sans y être. Votre monsieur Purgon, par exemple, n'y sait point de finesse ; c'est un homme tout médecin, depuis la tête jusqu'aux pieds ; un homme qui croit à ses
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/670]]==
règles plus qu'à toutes les démonstrations des mathématiques, et qui croirait du crime à les vouloir examiner ; qui ne voit rien d'obscur dans la médecine, rien de douteux, rien de difficile ; et qui, avec une impétuosité de prévention une raideur de confiance, une brutalité de sens commun et de raison, donne au travers des purgations et des saignées, et ne balance aucune chose. Il ne lui faut point vouloir mal de tout ce qu'il pourra vous faire : c'est de la meilleure foi du monde qu'il vous expédiera ; et il ne fera, en vous tuant, que ce qu'il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu'en un besoin il ferait à lui-même.
 
{{personnage|Argan}}
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{{personnage|Béralde}}
 
Mon Dieu, mon frère, ce sont de pures idées dont nous aimons à nous repaître ; et, de tout temps, il s'est glissé parmi les hommes de belles imaginations que nous venons à croire, parce qu'elles nous flattent et qu'il serait à souhaiter qu'elles fussent véritables. Lorsqu'un médecin vous parle d'aider, de secourir, de soulager la nature, de lui ôter ce qui lui nuit et lui donner ce qui lui manque, de la rétablir et de la remettre dans une pleine facilité de ses fonctionsfonc
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/671]]==
tions ; lorsqu'il vous parle de rectifier le sang, de tempérer les entrailles et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d'avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années, il vous dit justement le roman de la médecine. Mais, quand vous en venez à la vérité et à l'expérience, vous ne trouvez rien de tout cela ; et il en est comme de ces beaux songes qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus.
 
{{personnage|Argan}}
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{{personnage|Argan}}
 
C'est bien à lui à faire, de se mêler de contrôler la médecine ! Voilà un bon nigaud, un bon impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances, de s'attaquer au
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/672]]==
corps des médecins, et d'aller mettre sur son théâtre des personnes vénérables comme ces messieurs-là.
 
{{personnage|Béralde}}
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{{personnage|Béralde}}
 
Je le veux bien, mon frère ; et, pour changer de discours, je vous dirai, que, sur une petite répugnance que vous témoigne
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/673]]==
votre fille, vous ne devez point prendre les résolutions violentes de la mettre dans un couvent, que, pour le choix d'un gendre, il ne faut pas suivre aveuglément la passion qui vous emporte ; et qu'on doit, sur cette matière, s'accommoder un peu à l'inclination d'une fille, puisque c'est pour toute la vie et que de là dépend tout le bonheur d'un mariage.
 
{{scène|4}}
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{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/674]]==
 
Mon frère, vous serez cause ici de quelque malheur.
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{{personnage|Monsieur Purgon}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/675]]==
 
Inventé et formé dans toutes les règles de l'art.
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{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/676]]==
 
Faites-le venir, je m'en vais le prendre.
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{{personnage|Monsieur Purgon}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/677]]==
 
Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours vous deveniez dans un état incurable.
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{{personnage|Béralde}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/678]]==
 
Quoi ! qu'y a-t-il ?
Ligne 4 047 ⟶ 4 168 :
 
{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/679]]==
 
Et quel médecin ?
Ligne 4 099 ⟶ 4 221 :
 
{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/680]]==
 
Eh ! ne diriez-vous pas que c'est effectivement Toinette ?
Ligne 4 159 ⟶ 4 282 :
{{acteurs|Toinette (en médecin), Argan, Béralde}}
 
{{personnage|Toinette}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/681]]==
Toinette}}
 
Monsieur, je vous demande pardon de tout mon cœur.
Ligne 4 201 ⟶ 4 326 :
{{personnage|Toinette}}
 
Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume, pour chercher d'illustres matières à ma capacité, pour trouver des malades dignes de m'occuper, capables d'exercer les grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans la médecine. Je dédaigne de m'amuser à ce menus fatras de maladies ordinaires, à ces bagatelles de rhumatismes et de fluxions, à ces fièvrotes, à ces vapeurs et à ces migraines. Je veux des maladies d'importance, de bonnes fièvres continues, avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/682]]==
pleurésies avec des inflammations de poitrine : c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe ; et je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes et l'envie que j'aurais de vous rendre service.
 
{{personnage|Argan}}
Ligne 4 260 ⟶ 4 387 :
 
{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/683]]==
 
Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.
Ligne 4 331 ⟶ 4 459 :
Ignorant !
 
{{personn
{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/684]]==
age|Argan}}
 
Des œufs frais.
Ligne 4 391 ⟶ 4 521 :
Crever un œil ?
 
{{personnage|Toinette}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/685]]==
Toinette}}
 
Ne voyez-vous pas qu'il incommode l'autre, et lui dérobe sa nourriture ? Croyez-moi, faites-vous-le crever au plus tôt : vous en verrez plus clair de l'œil gauche.
Ligne 4 452 ⟶ 4 584 :
 
{{personnage|Béralde}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/686]]==
 
Oh, cà ! mon frère, puisque voilà votre monsieur Purgon brouillé avec vous, ne voulez-vous pas bien que je vous parle du parti qui s'offre pour ma nièce ?
Ligne 4 500 ⟶ 4 633 :
 
{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/687]]==
 
Et les soins et les peines qu'elle prend autour de moi.
Ligne 4 555 ⟶ 4 689 :
Ah ! madame !
 
{{personnag
{{personnage|Béline}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/688]]==
e|Béline}}
 
Qu’y a-t-il ?
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Aïe
 
{{perso
{{personnage|Argan}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/689]]==
nnage|Argan}}
 
Oui, madame ma femme, c’est ainsi que vous m’aimez ?
Ligne 4 644 ⟶ 4 782 :
 
{{personnage|Angélique}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/690]]==
 
Eh quoi ?
Ligne 4 683 ⟶ 4 822 :
{{personnage|Angélique}}
 
Ah ! Cléante, ne parlons plus de rien. Laissons là toutes les pensées du mariage. Après la perte de mon père, je ne veux plus être du monde, et j'y renonce pour jamais. Oui, mon père, si j'ai résisté tantôt à vos volontés, je veux suivre du moins une de vos intentions, et réparer par là le chagrin que je m'accuse de vous avoir donné. Souffrez, mon père, que je vous en donne ici ma parole, et que je vous embrasse pour vous témoigner mon ressentiment.
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/691]]==
embrasse pour vous témoigner mon ressentiment.
 
{{personnage|Argan}} {{didascalie|se lève.}}
Ligne 4 723 ⟶ 4 864 :
{{personnage|Béralde}}
 
Mais, mon frère, il me vient une pensée. FaitesFaite
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/692]]==
s-vous médecin vous-même. La commodité sera encore plus grande, d'avoir en vous tout ce qu'il vous faut.
 
{{personnage|Toinette}}
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{{personnage|Béralde}}
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/693]]==
 
Oui. Je connais une Faculté de mes amies, qui viendra tout à l'heure en faire la cérémonie dans votre salle. Cela ne vous coûtera rien.
Ligne 4 823 ⟶ 4 967 :
 
 
===<center><span style="color:#006699;text-decoration:underline;">TROISIÈME INTERMÈDE</span></center>===
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/694]]==
INTERMÈDE</span></center>===
 
''C’est une cérémonie burlesque d'un homme qu’on fait médecin, en récit, chant et danse. Plusieurs tapissiers viennent préparer la salle, et placer les bancs en cadence. Ensuite de quoi, toute l’assemblée, composée de huit porte-seringues, six apothicaires, vingt-deux docteurs, celui qui se fait recevoir médecin, huit chirurgiens dansants et deux chantants, entre et chacun prend ses places selon son rang.''
Ligne 4 838 ⟶ 4 984 :
Fideles executores,<br>
Chirurgiani et apothicari,<br>
 
==[[Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/695]]==
Atque tota compania aussi,<br>
Salus, honor et argentum,<br>
Ligne 4 893 ⟶ 5 041 :
Mihi a docto doctore<br>
Demandatur causam et rationem quare<br>
 
=== no match ===
Opium facit dormire.<br>
A quoi respondeo,<br>