« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/47 » : différence entre les versions

État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
procédaient au partage des terres ; les lots variaient d’après le rang et la composition de la famille dont le droit devenait pour un an absolu et exclusif. Or, entre le {{rom-maj|ii|2}}{{e|me}} et le {{rom-maj|v|5}}{{e|me}} siècles, il se passa en Germanie des événements sur lesquels on a toujours manqué de données précises mais dont il n’est pas difficile de deviner le caractère général. Un grand « remue-ménage » de peuples s’opéra, occasionné certainement par la pression de tribus asiatiques. Les Slaves furent poussés en avant. Il en résulta un tassement des tribus germaniques sur un sol trop restreint et, par là, une diminution du rendement agricole et un appauvrissement de la population. Quand Boniface y pénétra, la Germanie n’avait pas encore fini de se reconstituer et de réparer les maux causés à plusieurs générations par ce bouleversement intérieur. Mais quand il mourut (mis à mort par les sauvages habitants de la Frise chez lesquels malgré son âge avancé, le zèle apostolique l’avait conduit) tout était changé. Dans la profondeur des forêts de Thuringe, l’abbaye de Fulda avait été fondée : centre agricole autant que religieux. Les pays voisins, Hesse, Franconie, Bavière, se couvraient de métairies prospères ; des forges, des moulins, des fours s’installaient et aussi des ateliers de chaussures et d’habillements. {{corr|A|À}} l’ancienne humeur vagabonde succédaient le goût et l’habitude du travail régulier. Les errants et les indigents affluant autour des monastères y étaient recueillis, nourris, occupés et peu à peu leurs campements précaires ; s’y muaient en villages heureux.
procédaient au partage des terres ; les lots variaient d’après le rang et la composition de la famille dont le droit devenait pour un an absolu et exclusif. Or, entre le {{rom-maj|ii|2}}{{e|me}} et le {{rom-maj|v|5}}{{e|me}} siècles, il se passa en Germanie des événements sur lesquels on a toujours manqué de données précises mais dont il n’est pas difficile de deviner le caractère général. Un grand « remue-ménage » de peuples s’opéra, occasionné certainement par la pression de tribus asiatiques. Les Slaves furent poussés en avant. Il en résulta un tassement des tribus germaniques sur un sol trop restreint et, par là, une diminution du rendement agricole et un appauvrissement de la population. Quand Boniface y pénétra, la Germanie n’avait pas encore fini de se reconstituer et de réparer les maux causés à plusieurs générations par ce bouleversement intérieur. Mais quand il mourut (mis à mort par les sauvages habitants de la Frise chez lesquels malgré son âge avancé, le zèle apostolique l’avait conduit) tout était changé. Dans la profondeur des forêts de Thuringe, l’abbaye de Fulda avait été fondée : centre agricole autant que religieux. Les pays voisins, Hesse, Franconie, Bavière, se couvraient de métairies prospères ; des forges, des moulins, des fours s’installaient et aussi des ateliers de chaussures et d’habillements. {{corr|A|À}} l’ancienne humeur vagabonde succédaient le goût et l’habitude du travail régulier. Les errants et les indigents affluant autour des monastères y étaient recueillis, nourris, occupés et peu à peu leurs campements précaires s’y muaient en villages heureux.


{{corr|L’Eglise|L’Église}} germanique, par ailleurs, aidait puissamment à la constitution de la nationalité. L’archevêché de Cologne et de Mayence, les évêchés de Ratisbonne, de Würtzbourg, de Salzbourg, d’Erfurth étaient animés à cet égard d’un esprit unique et les conciles locaux présentaient ce double caractère d’un attachement indéfectible au pontificat romain et d’un sentiment national déjà très marqué.
{{corr|L’Eglise|L’Église}} germanique, par ailleurs, aidait puissamment à la constitution de la nationalité. L’archevêché de Cologne et de Mayence, les évêchés de Ratisbonne, de Würtzbourg, de Salzbourg, d’Erfurth étaient animés à cet égard d’un esprit unique et les conciles locaux présentaient ce double caractère d’un attachement indéfectible au pontificat romain et d’un sentiment national déjà très marqué.