« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome II, 1926.djvu/30 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
La religion, lascive et cruelle, comportait des sacrifices humains, surtout l’immolation de jeunes enfants. La langue phénicienne qui nous est connue par des inscriptions et par un passage de Plaute cessa d’être parlée après Alexandre ; le grec et l’arabe ou syriaque la supplantèrent alors. L’écriture semble la plus ancienne des écritures sémitiques. Elle a pu dériver des hiéroglyphes égyptiens ou des cunéiformes babyloniens, mais elle délaissa complètement la représentation dessinée des objets. « Les Phéniciens construisirent un système pouvant traduire tous les sons et rien que les sons, sans s’inquiéter de l’image de l’objet. Ils dégagèrent ainsi vingt-deux signes répondant aux sons que l’oreille distingue sans effort et que la voix humaine reproduit constamment. » Il leur fallait une notation rapide et simple car ils étaient commerçants et non point littérateurs ni artistes. Leur œuvre littéraire est à peu près nulle. Leur bagage artistique vaut davantage mais par l’exécution perfectionnée et non par l’invention créatrice. Ils s’inspirèrent en général des arts égyptien, assyrien ou grec. Ils fabriquèrent des verreries, des poteries, des bijoux, des bronzes, des meubles, voire des statuettes de dieux pour les cultes les plus variés : produits soignés et pacotille aussi bien. Ils se firent une spécialité de la teinture et en particulier de la teinture de pourpre. Ils transportèrent des vins, des céréales, des huiles, des épices, du bois, de l’ivoire, des singes et des paons. Ils firent volontiers la traite des esclaves entre temps. Ils eurent des entrepôts d’échanges en Asie-mineure, en Chaldée, aux sources du Jourdain et du Tigre, près des gués ou des défilés montagneux ; ils en eurent surtout dans les villes du delta égyptien et aussi à Memphis. Il est plus malaisé de suivre leurs traces vers l’occident et le nord par les voies de mer. On risque souvent de les confondre avec les Crétois dont nous parlerons plus tard. Cependant il paraît certain qu’ils se posèrent à Chypre, dans les Cyclades, sur les côtes de Grèce, qu’ils exploitèrent les mines d’or de Thasos où Hérodote vit encore les puits et galeries creusés par eux. Ils fondèrent Bithynium sur la mer Noire et arrivèrent sans doute jusqu’au pied du Caucase. En tous ces parages ils rencontrèrent des rivalités gênantes, celle des Crétois remplacée bientôt par celle des Hellènes, élèves des Crétois. C’est alors que, renforçant à la fois leurs navires et leur audace, les Phéniciens abandonnèrent les côtes et affrontèrent la haute mer. Ils créèrent des comptoirs aux îles Ioniennes, à Malte, en Sicile, sur la côte d’Afrique, en Sardaigne, en Corse, aux Baléares, en Espagne,..… puis ils passèrent les colonnes d’Hercule, occupèrent le rocher de
La religion, lascive et cruelle, comportait des sacrifices humains, surtout l’immolation de jeunes enfants. La langue phénicienne qui nous est connue par des inscriptions et par un passage de Plaute cessa d’être parlée après Alexandre ; le grec et l’arabe ou syriaque la supplantèrent alors. L’écriture semble la plus ancienne des écritures sémitiques. Elle a pu dériver des hiéroglyphes égyptiens ou des cunéiformes babyloniens, mais elle délaissa complètement la représentation dessinée des objets. « Les Phéniciens construisirent un système pouvant traduire tous les sons et rien que les sons, sans s’inquiéter de l’image de l’objet. Ils dégagèrent ainsi vingt-deux signes répondant aux sons que l’oreille distingue sans effort et que la voix humaine reproduit constamment. » Il leur fallait une notation rapide et simple car ils étaient commerçants et non point littérateurs ni artistes. Leur œuvre littéraire est à peu près nulle. Leur bagage artistique vaut davantage mais par l’exécution perfectionnée et non par l’invention créatrice. Ils s’inspirèrent en général des arts égyptien, assyrien ou grec. Ils fabriquèrent des verreries, des poteries, des bijoux, des bronzes, des meubles, voire des statuettes de dieux pour les cultes les plus variés : produits soignés et pacotille aussi bien. Ils se firent une spécialité de la teinture et en particulier de la teinture de pourpre. Ils transportèrent des vins, des céréales, des huiles, des épices, du bois, de l’ivoire, des singes et des paons. Ils firent volontiers la traite des esclaves entre temps. Ils eurent des entrepôts d’échanges en Asie-mineure, en Chaldée, aux sources du Jourdain et du Tigre, près des gués ou des défilés montagneux ; ils en eurent surtout dans les villes du delta égyptien et aussi à Memphis. Il est plus malaisé de suivre leurs traces vers l’occident et le nord par les voies de mer. On risque souvent de les confondre avec les Crétois dont nous parlerons plus tard. Cependant il paraît certain qu’ils se posèrent à Chypre, dans les Cyclades, sur les côtes de Grèce, qu’ils exploitèrent les mines d’or de Thasos où Hérodote vit encore les puits et galeries creusés par eux. Ils fondèrent Bithynium sur la mer Noire et arrivèrent sans doute jusqu’au pied du Caucase. En tous ces parages ils rencontrèrent des rivalités gênantes, celle des Crétois remplacée bientôt par celle des Hellènes, élèves des Crétois. C’est alors que, renforçant à la fois leurs navires et leur audace, les Phéniciens abandonnèrent les côtes et affrontèrent la haute mer. Ils créèrent des comptoirs aux îles Ioniennes, à Malte, en Sicile, sur la côte d’Afrique, en Sardaigne, en Corse, aux Baléares, en Espagne,{{corr|..…|…}} puis ils passèrent les colonnes d’Hercule, occupèrent le rocher de