« Fragments du Narcisse » : différence entre les versions
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Que tu brilles enfin, terme pur de ma course !
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Même, dans sa faiblesse, aux ombres échappée,
Si la feuille éperdue effleure la napée,
Elle suffit à rompre un univers
Votre sommeil importe à mon enchantement,
Il craint jusqu’au frisson d’une plume qui plonge !
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Sommeil des nymphes, ciel, ne cessez de me voir !
Rêvez, rêvez de moi !
Ma beauté, ma douleur, me seraient incertaines.
Je chercherais en vain ce que j’ai de plus cher,
Sa tendresse confuse étonnerait ma chair,
Et mes tristes regards, ignorants de mes charmes,
À d’autres que moi-même. adresseraient leurs
Vous calmes, vous toujours de feuilles et de fleurs,
Et de l’incorruptible altitude hantées,
Ô Nymphes !
Qui me firent vers vous d’invincibles chemins,
Souffrez ce beau reflet des désordres humains !
Je suis seul !
Et si tant de soupirs permettent qu’on le soit !
Seul !
Quand il s’approche aux bords que bénit ce
La voix des sources change, et me parle du soir ;
Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir.
J’entends l’herbe des nuits croître dans l’ombre sainte,
Et la lune perfide élève son miroir
Jusque dans les secrets de la fontaine
Jusque dans les secrets que je crains de savoir,
Jusque dans le repli de l’amour de soi-même,
Rien ne peut échapper au silence du
La nuit vient sur ma chair lui souffler que je l’aime.
Sa voix fraîche à mes vœux tremble de consentir ;
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Conspire au spacieux silence d’un tel site.
Quand elle se retire enfin rose d’amour,
Encore un peu brûlante, et lasse, mais comblée,
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Puis s’étendre, se fondre, et perdre sa vendange,
Et s’éteindre en un songe en qui le soir se change.
L’âme, jusqu’à périr, s’y penche pour un Dieu
Qu’elle demande à l’onde, onde déserte, et digne
Sur son lustre, du lisse effacement d’un cygne
D’autres, ici perdus, trouveraient le repos,
Et dans la sombre terre, un clair tombeau qui
Mais ce n’est pas le calme, hélas ! que j’y découvre !
Quand l’opaque délice où dort cette clarté,
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Ne cherchez pas en vous, n’allez surprendre aux cieux
Le malheur d’être une merveille :
Trouvez dans la fontaine un corps
Prenant à vos regards cette parfaite proie,
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PIRE.
{{caché|PIRE.
Écho lointaine est prompte à rendre son oracle !
De son rire enchanté, le roc brise mon cœur,
Et le silence, par miracle,
Cesse !
Pire?
Qui reprîtes des vents ma plainte vagabonde !
Antres, qui me rendez mon âme plus profonde,
Vous renflez de votre ombre une voix qui se meurt…
Vous me le murmurez, ramures !
Déchirante, et docile aux souffles sans figure,
Votre or léger s’agite , et joue avec l’augure…
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Mon cœur jette aux échos l’éclat des noms divins !
Ô semblable !… Et pourtant plus parfait que moi-même,
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Et glisse entre nous deux le fer qui coupe un fruit !
Qu’as-tu ?
{{caché|Qu’as-tu
{{caché|Qu’as-tu ? Ma plainte même est funeste ?…}} Le bruit
Du souffle que j’enseigne à tes lèvres, mon double,
Sur la limpide lame a fait courir un trouble !…
Tu trembles !
Ne sont pourtant qu’une âme hésitante entre nous,
Entre ce front si pur et ma lourde
Je suis si près de toi que je pourrais te boire,
Ô visage !
Et je ne savais pas me chérir et me joindre !
Mais te voir, cher esclave, obéir à la moindre
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Voir sur mon front l’orage et les feux d’un secret,
Voir, ô merveille, voir ! ma bouche nuancée
Et quels événements étinceler dans l’œil !
J’y trouve un tel trésor d’impuissance et d’orgueil,
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Nulle ! aux fuites habiles, aux chutes sans émoi,
Nulle des nymphes, nulle amie, ne m’attire
Comme tu fais sur l’onde, inépuisable Moi !
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Fontaine, ma fontaine, eau froidement présente,▼
Douce aux purs animaux, aux humains complaisante
Qui d’eux-mêmes tentés suivent au fond la mort,
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Que de choses pourtant doivent t’être connues,
Astres, roses, saisons, les corps et leurs amours !
Effleurée, et vivant de tout ce qui l’approche,
Nourrit quelque sagesse à l’abri de sa roche,
À l’ombre de ce jour qu’elle peint sous les bois.
Elle sait à jamais les choses d’une fois
Tout un sombre trésor de fables et de feuilles,
L’oiseau mort, le fruit mûr, lentement descendus,
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Tu consommes en toi leur perte solennelle ;
Mais, sur la pureté de ta face éternelle,
L’amour passe et
{{caché|L’amour passe et
Tremble, commence à fuir, pleure de toutes parts,
Tu vois du sombre amour s’y mêler la tourmente,
L’amant brûlant et dur ceindre la blanche amante,
Vaincre
Sa main puissante passe à travers l’épaisseur
Des tresses que répand la nuque précieuse,
S’y repose, et se sent forte et mystérieuse ;
Elle parle à l’épaule et règne sur la chair.
Ne voient plus que le sang qui dore leurs paupières ;
Sa pourpre redoutable obscurcit les lumières
D’un couple aux pieds confus qui se mêle, et se ment.
Ils gémissent
Ces grands corps chancelants, qui luttent bouche à bouche,
Et qui, du vierge sable osant battre la couche,
Composeront d’amour un monstre qui se meurt
Leurs souffles ne font plus qu’une heureuse rumeur,
L’âme croit respirer l’âme toute prochaine,
Mais tu sais mieux que moi, vénérable fontaine,
Quels fruits forment toujours ces moments enchantés !
D’une ardente alliance expirée en délices,
Des amants détachés tu mires les malices,
Tu vois poindre des jours de mensonges tissus,
Et naître mille maux trop tendrement conçus !
Le Temps mène ces fous qui crurent que l’on aime
Redire à tes roseaux de plus profonds soupirs !
Vers toi, leurs tristes pas suivent leurs souvenirs
Tout éblouis d’un ciel dont la beauté les blesse
Tant il garde l’éclat de leurs jours les plus beaux,
Ils vont des biens perdus trouver tous les tombeaux
« Cette place dans l’ombre était tranquille et nôtre ! »
« L’autre aimait ce cyprès, se dit le cœur de l’autre,
« Et d’ici, nous goûtions le souffle de la mer ! »
Hélas ! la rose même est amère dans
Moins amers les parfums des suprêmes fumées
Qu’abandonnent au vent les feuilles consumées !
Foulent aux pieds le temps d’un jour de
Ô marche lente, prompte, et pareille aux pensées
Qui parlent tour à tour aux têtes insensées !
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Et dans ce corps caché tout marqué de l’amour
Que porte amèrement l’âme qui fut heureuse,
Brûle un secret baiser qui la rend
Mais moi, Narcisse aimé, je ne suis curieux
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:::::Tout autre n’est qu’absence.
Ô mon bien souverain, cher corps, je n’ai que toi !
Le plus beau des mortels ne peut chérir que
De toute une forêt qui se consume, ceinte,
Et sise dans l’azur vivant par tant d’oiseaux ?
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Naisse donc entre nous que la lumière unit
De grâce et de silence un échange infini !
Cher trésor d’un miroir qui partage le monde !
Ma tendresse y vient boire, et s’enivre de voir
Un désir sur soi-même essayer son pouvoir !
Mais la fragilité vous fait inviolable,
Vous n’êtes que lumière, adorable moitié
D’une amour trop pareille à la faible amitié !
Puis-je espérer de toi que de vaines alarmes ?
Qu’ils sont doux les périls que nous pourrions choisir !
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La même nuit en pleurs confondre nos yeux clos,
Et nos bras refermés sur les mêmes sanglots
Étreindre un même cœur, d’amour prêt à se
Bel et cruel Narcisse, inaccessible enfant,
Tout orné de mes biens que la nymphe
De quelle profondeur songes-tu de m’instruire,
Habitant de l’abîme, hôte si précieux
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Et qui prête à ma lèvre une ombre de danger
Jusqu’à me faire craindre un désir étranger !
Quel souffle vient à l’onde offrir ta froide rose !
« J’aime
Que soi-même ?
{{caché|Que soi-même
Je t’aime, unique objet qui me défends des morts.
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Formons, toi sur ma lèvre, et moi, dans mon silence,
Une prière aux dieux qu’émus de tant d’amour
Sur sa pente de pourpre ils arrêtent le jour !
Faites, Maîtres heureux, Pères des justes fraudes,
Dites qu’une lueur de rose ou d’émeraudes
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Sortir tremblant du flanc de la nymphe au cœur froid,
Et sans quitter mes yeux, sans cesser d’être moi,
Tendre ta forme fraîche, et cette claire
Oh ! te saisir enfin !
Plus pur que d’une femme et non formé de
Mais, d’une pierre simple est le temple où je suis,
Où je vis… Car je vis sur tes lèvres avares !
Ô mon corps, mon cher corps, temple qui me sépares
De ma divinité, je voudrais apaiser
Votre
Ce peu qui nous défend de l’extrême existence,
Cette tremblante, frêle, et pieuse distance
Entre moi-même et l’onde, et mon âme, et les dieux !
Bientôt va frissonner le désordre des ombres!
L’arbre aveugle vers l’arbre étend ses membres sombres,
Et cherche affreusement l’arbre qui
Mon âme ainsi se perd dans sa propre forêt,
Où la puissance échappe à ses formes
L’âme, l’âme aux yeux noirs, touche aux ténèbres mêmes,
Elle se fait immense et ne rencontre
Entre la mort et soi, quel regard est le sien !
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Va des jours consumés joindre le sort funeste ;
Il s’abîme aux enfers du profond souvenir !
Hélas ! corps misérable, il est temps de
Penche-
L’insaisissable amour que tu me vins promettre
Passe, et dans un frisson, brise Narcisse, et
</poem>}}
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