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composerent le sujet et tous les vers sans que personne leur aidast en rien. Cependant c’estoit une piece suivie, de cinq actes divisez par scenes, et où tout estoit observé. Elles la jouerent elles mesmes deux fois avec d’autres acteurs qu’elles prirent, et il y eut grande compagnie. Tout le monde admira que ces enfants eussent eu la force de faire un ouvrage entier, et on y trouva quantité de jolies choses ; de sorte que ce fut l’entretien de tout Paris durant un long temps.
JACQUELINE PASCAL 143


Ma sœur continua tousjours à faire des vers sur tout ce qui luy venoit dans l’esprit, et sur tous les evenemens extraordinaires. Au commencement de l’année 1638, comme on fut assuré de la grossesse de la Reine, ce luy fut une belle matiere ; elle ne manqua pas d’en faire, et ceux-là furent les meilleurs qu’elle eust faits jusqu’alors. Nous estions en ces tems là logez assez prez de M.<ref>Antoine de Barillon (1599–1672), maître des requêtes, conseiller d’État et, en juillet 1648, directeur des finances, était premier marguillier de l’église Saint-Merry (Sainte-Beuve, ''Port-Royal'', 5{{e}} édit., VI, 287). Il est probable que les Pascal habitaient dès ce moment la rue Brisemiche. Voir plus haut p.&nbsp;6, et les vers de Jacqueline, ''infra'', p.&nbsp;208.</ref> et de Madame de Morangis, qui prenoient tant de plaisir aux gentillesses de cette enfant qu’il ne se passoit gueres de jours qu’elle ne fust chez eux. {{Mme}} de Morangis fut ravie de voir qu’elle avoit fait des vers sur la grossesse de la Reyne, et dit qu’elle vouloit la mener à Saint-Germain pour la luy presenter. Elle l’y mena en effet, et comme elles y furent arrivées, la Reyne, se trouvant alors occupée dans son cabinet, tout le monde se mit autour de cette petite pour l’interroger et voir ses vers. Mademoiselle, qui estoit
composèrent le sujet et tous les vers sans que personne
leur aidast en rien. Cependant c'estoit une pièce suivie,
de cinq actes divisez par scènes, et où tout estoit observé.
Elles la jouèrent elles mesmes deux fois avec d'autres
acteurs qu'elles prirent, et il y eut grande compagnie.
Tout le monde admira que ces enfants eussent eu la
force de faire un ouvrage entier, et on y trouva quantité
de jolies choses; de sorte que ce fut l'entretien de tout
Paris durant un long temps.

Ma sœur continua tousjours à faire des vers sur
tout ce qui luy venoit dans l'esprit, et sur tous les
evenemens extraordinaires. Au commencement de
l'année i638, comme on fut assuré de la grossesse de
la Reine, ce luy fut une belle matière ; elle ne manqua
pas d'en faire, et ceux-là furent les meilleurs qu'elle
eust faits jusqu'alors. Nous estions en ces tems là logez
assez prez de M. ^ et de Madame de Morangis, qui pre-
noient tant de plaisir aux gentillesses de cette enfant
qu'il ne se passoit gueres de jours qu'elle ne fust chez
eux. M"^ de Morangis fut ravie de voir qu'elle avoit
fait des vers sur la grossesse de la Reyne, et dit qu'elle
vouloit la mener à Saint-Germain pour la luy présen-
ter. Elle l'y mena en effet, et comme elles y furent arri-
vées, la Reyne, se trouvant alors occupée dans son cabi-
net, tout le monde se mit autour de cette petite pour
l'interroger et voir ses vers. Mademoiselle, qui estoit

��I. Antoine de Barillon (1599-1672), maître des requêtes, conseil-
ler d'État et, en juillet i648, directeur des finances, était premier mar-
guillier de l'église Saint-Merry (Sainte-Beuve, Port-Royal, b" édit.,
VI, ••^7). 11 est probable que les Pascal habitaient dès ce moment la
rue isrisemiche. Voir plus haut p. 6, et les vers de Jacaueline, infra,
p. aotJ.

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