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Ainsi faisaient vers le même temps, les Romains sur les frontières de Thrace ou de Germanie. Ces barbares se trouvèrent assez forts pour agir en maîtres et s’emparer de Loyang (aujourd’hui Honangfou) qui depuis l’an 6 était la capitale impériale. Le désordre alors s’amplifia. Des bandes de brigands et de pirates dévastèrent le pays ; les sociétés secrètes abondaient ; les conspirations alternèrent avec la guerre civile et la folie avec le crime. On a peine à concevoir les misères de cette affreuse époque mais on s’en fait une idée en notant que la population retombée à vingt-trois millions avait ainsi diminué des trois quarts.
Ainsi faisaient vers le même temps, les Romains sur les frontières de Thrace ou de Germanie. Ces barbares se trouvèrent assez forts pour agir en maîtres et s’emparer de Loyang (aujourd’hui Honangfou) qui depuis l’an 6 était la capitale impériale. Le désordre alors s’amplifia. Des bandes de brigands et de pirates dévastèrent le pays ; les sociétés secrètes abondaient ; les conspirations alternèrent avec la guerre civile et la folie avec le crime. On a peine à concevoir les misères de cette affreuse époque mais on s’en fait une idée en notant que la population retombée à vingt-trois millions avait ainsi diminué des trois quarts.


Ce n’était plus seulement l’anarchie politique, c’était l’anarchie morale. Le cloître bouddhique apparut alors aux âmes d’élite comme un refuge ; tel le cloître chrétien en occident au temps des misères accumulées par la barbarie franque. « Il faut, a écrit Maurice Paléologue, se reporter aux historiens contemporains pour se rendre compte de la grandeur du mouvement religieux qui s’empara des consciences chinoises et comprendre ce qu’il y eut de piété fervente et sincère, de mysticisme délicat et élevé, de foi enthousiaste et naïve chez les premiers adeptes du culte bouddhique. Dix siècles plus tard, les âmes en étaient encore imprégnées. » On vit en effet des princes abdiquer pour devenir moines et pendant tout le {{rom-maj|vi|6}}{{e}} siècle les fondations pieuses se multiplier. Il y eut bientôt deux millions de religieux, trente mille temples, des milliers de couvents..…
Ce n’était plus seulement l’anarchie politique, c’était l’anarchie morale. Le cloître bouddhique apparut alors aux âmes d’élite comme un refuge ; tel le cloître chrétien en occident au temps des misères accumulées par la barbarie franque. « Il faut, a écrit Maurice Paléologue, se reporter aux historiens contemporains pour se rendre compte de la grandeur du mouvement religieux qui s’empara des consciences chinoises et comprendre ce qu’il y eut de piété fervente et sincère, de mysticisme délicat et élevé, de foi enthousiaste et naïve chez les premiers adeptes du culte bouddhique. Dix siècles plus tard, les âmes en étaient encore imprégnées. » On vit en effet des princes abdiquer pour devenir moines et pendant tout le {{rom-maj|vi|6}}{{e}} siècle les fondations pieuses se multiplier. Il y eut bientôt deux millions de religieux, trente mille temples, des milliers de couvents{{corr|..…|…}}
{{astérisme}}
{{astérisme}}
L’ordre se rétablit de façon étrange. Au nord, après les Huns, s’était introduite une peuplade mandchoue appelée Toba. Il ne faut point prêter trop d’attention aux dénominations multiples de ces envahisseurs successifs. Les historiens d’ensemble auraient grand tort de s’y attarder car il n’en peut résulter que de la confusion dans l’esprit du lecteur non préparé par des études spéciales. Mongols, Touraniens, Turcs, Mandchous, Tartares, Huns, que doit-on entendre par ces noms divers ?… une même race, la race jaune ; une même profession d’origine : ce sont tous des pasteurs nomades ; une même mentalité mais dont la réceptivité est susceptible de varier énormément selon les circonstances et le milieu. Le terme le plus général est celui de Touraniens du mot ''toura'' qui exprime la « vitesse du cavalier » tandis que le mot ''arya'', selon Max Müller, indique « celui qui
L’ordre se rétablit de façon étrange. Au nord, après les Huns, s’était introduite une peuplade mandchoue appelée Toba. Il ne faut point prêter trop d’attention aux dénominations multiples de ces envahisseurs successifs. Les historiens d’ensemble auraient grand tort de s’y attarder car il n’en peut résulter que de la confusion dans l’esprit du lecteur non préparé par des études spéciales. Mongols, Touraniens, Turcs, Mandchous, Tartares, Huns, que doit-on entendre par ces noms divers ?… une même race, la race jaune ; une même profession d’origine : ce sont tous des pasteurs nomades ; une même mentalité mais dont la réceptivité est susceptible de varier énormément selon les circonstances et le milieu. Le terme le plus général est celui de Touraniens du mot ''toura'' qui exprime la « vitesse du cavalier » tandis que le mot ''arya'', selon Max Müller, indique « celui qui