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avec ce demi-vers de Virgile : Disce puer, virtutem ; or, ce puer avoit la plus grosse barbe que j’aie guère vue ; il paroissoit richement quarante-cinq ans. Comme c’étoit un homme tout simple, et qui a dit bien des sottises, on lui a attribué, et au duc d’Usez aussi, tout ce qui se disoit mal à propos ; il y a même, dans M. Gaulard[1], quelques-unes des naïvetés qu’on leur donne. On lui fait dire à M. d’Usez, en voyant mourir un cheval : « Qu’est-ce que de nous ? » Pour l’autre (le duc d’Usez), il est constant qu’il dit à la Reine, qui lui demandoit quand sa femme accoucheroit : « Que ce seroit quand il plairoit à Sa Majesté. » Et il fut si sot que d’aller dire au feu Roi, que la Reine et madame de Chevreuse lisoient le Cabinet satirique.

« Madame, disoit-il à la Reine, laissez-moi aller trouver ma femme, elle m’attend ; et dès qu’elle entend un cheval, elle croit que c’est moi. »

À cause qu’il avoit ouï qu’en parlant de saint Paul, on ajoutoit ce grand vaisseau d’élection, il crut que c’étoit un grand vaisseau appelé Élection, dans lequel cet apôtre voyageoit, et disoit : « Je crois que c’étoit un beau navire que ce grand vaiseau d’élection de saint Paul. »

Ce vieux fou de son mari, à l’âge de quatre-vingts ans, devint amoureux d’une fille qui jouoit fort bien du luth. Elle en fit confidence à madame de Mont-

  1. Tallemant indique ici les Contes facétieux du sieur Gaulard, gentilhomme de la Franche-Comté bourguignotte, ouvrage singulier d’Étienne Tabouret, plus connu sous le nom de sieur Des Accords. Ce Recueil fait partie de ses Bigarrures, dont il existe plusieurs éditions.