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qu’il fut dans la salle, le comte lui dit : « Tenez, en lui présentant son dernier billet, connoissez-vous cela ? — Oui, répondit Saint-Germain, et j’entends bien ce que cela veut dire. — Il faut mourir. » Les gens du comte mirent aussitôt l’épée à la main. Ce pauvre homme n’eut pour toute ressource qu’un siége pliant. Il avoit déjà reçu un grand coup d’épée quand le mari entra dans la chambre de sa femme, qui n’étoit séparée de la salle que par une antichambre. Il la prend par la main, et lui dit : « Venez, ne craignez rien ; je vous aime trop pour rien entreprendre contre vous. » Elle fut obligée de passer sur le corps de son amant qui étoit expiré sur le seuil de la porte. Il la mena dans le château d’Angers. Elle eut bien des frayeurs, comme on peut penser. Les parents du mort, quand ils eurent vu la lettre, ne firent point de poursuites. La comtesse avoit ouï tout le bruit qu’on fit en assassinant son favori : elle étoit grosse ; elle ne se blessa pourtant point, mais la petite fille qu’elle fit, et qui ne vécut que huit ans, étoit sujette à une maladie qui venoit des transes où la mère avoit été, car elle s’écrioit : « Ah ! sauvez-moi ; voilà un homme l’épée à la main qui me veut tuer. » Et elle s’évanouissoit. Elle expira d’un de ces évanouissements[1].

  1. On a prétendu que Jacques Ier, roi d’Angleterre, que Marie Stuart portoit encore dans son sein quand David Rizzio fut assassiné sous ses yeux, n’avoit jamais pu supporter la vue d’une épée nue. Ce fait est néanmoins fort contesté, quoique Digby assure dans son Discours sur la poudre de sympathie qu’il en a été témoin.