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en Poitou, pour voir, disoit-il, les parents de sa femme, qu’afin de n’être pas ici quand on feroit le coup. Bazinière, de retour, inventa de nouveaux serments pour jurer qu’il n’en savoit rien. On disoit que d’Émery ayant voulu apaiser la bonne femme, elle lui dit en colère : « Vous ne venez céans que pour débaucher ma belle-fille. » Le chevalier de Marans, qui avoit loué des chevaux et placé des relais pour Barbezière, fut arrêté ; mais M. le Prince le tira de prison d’autorité. Barbezière avoit un vaisseau prêt ; il passe en Hollande, et se met à Culembourg en la protection du seigneur du lieu, qui est le comte de Waldeck ; c’est une souveraineté. La mère a fait ce qu’elle a pu pour gagner le comte, mais en vain. On sut que la pauvre enfant avoit fort pleuré, et qu’elle pleuroit encore long-temps après quand son mari n’y étoit pas. Il se jeta dans le parti de M. le Prince, et elle mourut de la petite-vérole à Stenay. Madame de Longueville écrivit à madame de La Bazinière, la mère, en faveur d’un fils qu’elle a laissé. Elle étoit aussi fière qu’une autre, toute misérable qu’elle étoit, et elle disoit : « Il est vrai qu’il faut que j’aime bien M. de Barbezière, de l’avoir ainsi préféré à tant de bons partis. » Barbezière cajola ensuite une fille[1] de madame de Longueville, nommée La Châtre, et dont il eut un enfant ; elle est à Loudun en religion ; elle disoit qu’elle avoit une pro-

  1. Cette fille accoucha assez scandaleusement ; et comme elle disoit : « Que je suis malheureuse ! » Tourney, sa compagne, pour la consoler, lui disoit : « Ma chère, pourquoi s’affliger tant ? il n’y en a pas une de nous à qui il n’en pende autant. (T.)