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mère qu’on vouloit enlever sa fille, et qu’elle seroit mieux dans un couvent. Elle répondit que Barbezière l’empêcheroit. Madame d’Hautefort, alors en faveur, l’avoit fait demander par la Reine pour Montignère son frère ; mais la bonne femme avoit toujours tenu bon. Elle étoit amoureuse, à ce qu’a dit Barbezière, du chevalier de Chémerault et non de lui, comme on l’a cru ; sans cela il n’eût jamais songé à la fille, et se fût contenté de la mère. Quoi qu’il en soit, un jour que la mère et la fille, à sa prière, allèrent avec lui pour prendre l’air à Clichy, à une lieue de Paris, au retour, des gens à cheval jetèrent le cocher en bas, en mirent un autre en sa place, et laissèrent madame de La Bazinière dans un blé. M. de Mauroy, intendant des finances, en revenant de Saint-Ouen, la trouva et la ramena à Paris. Il n’y avoit personne qui fût en état de les suivre. Madame de La Bazinière avoit bien mené son sommelier à cheval ; mais Barbezière, le voyant assez bien monté, l’avoit renvoyé d’assez bonne heure à Paris, sous prétexte qu’il avoit oublié de commander un remède qu’on lui avoit ordonné pour ce soir-là. Le sommelier rencontra les enleveurs, et pensa retourner pour en avertir, car il les prenoit pour des voleurs ; cependant il suivit son chemin. On avoit dit à madame La Bazinière qu’il y avoit des voleurs, qu’on les avoit vus. Elle ne vouloit pas retourner ; mais Barbezière lui dit : « Hé ! madame, que craignez-vous ? Je connois tous ces messieurs-là ; ce sont tous officiers de l’armée. » La belle-mère, au désespoir de sa belle-fille, dit qu’elle n’avoit rompu le mariage de Toulangeon que pour cela ; et que son fils n’étoit allé