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— ''Gesu Maria'' ! s’écria l’abbé en portant ses deux mains sur sa perruque ébranlée. Mon pauvre garçon, tu as donc contracté aussi la maladie du jour ? Hélas ! si tu avais suivi mes conseils, tu nous aurais composé un bel opéra pour le théâtre San-Benedetto, au lieu d’aller te gâter l’esprit et le cœur avec cette creuse métaphysique du ''Contrat social'' de Rousseau que tu aimes tant. Mais, ''per dio santo'' ! à quelque chose malheur est bon. La musique que tu allais abandonner, ingrat que tu es, t’ouvre ses bras et te consolera des mécomptes d’une ambition fourvoyée. Crois-moi, mon cher Lorenzo, il vaut mieux chanter les beaux sentimens du cœur humain que d’être un mauvais conspirateur. Tu ne changeras pas les hommes par tes discours et ta sotte philosophie ; tu peux au contraire les adoucir en les charmant, en faisant vibrer la bonne note qu’ils ont tous au fond de l’âme, où Dieu l’a laissée tomber, comme une étoile de son firmament. Comme dit le divin Arioste :
— ''Gesu Maria'' ! s’écria l’abbé en portant ses deux mains sur sa perruque ébranlée. Mon pauvre garçon, tu as donc contracté aussi la maladie du jour ? Hélas ! si tu avais suivi mes conseils, tu nous aurais composé un bel opéra pour le théâtre San-Benedetto, au lieu d’aller te gâter l’esprit et le cœur avec cette creuse métaphysique du ''Contrat social'' de Rousseau que tu aimes tant. Mais, ''per dio santo'' ! à quelque chose malheur est bon. La musique que tu allais abandonner, ingrat que tu es, t’ouvre ses bras et te consolera des mécomptes d’une ambition fourvoyée. Crois-moi, mon cher Lorenzo, il vaut mieux chanter les beaux sentimens du cœur humain que d’être un mauvais conspirateur. Tu ne changeras pas les hommes par tes discours et ta sotte philosophie ; tu peux au contraire les adoucir en les charmant, en faisant vibrer la bonne note qu’ils ont tous au fond de l’âme, où Dieu l’a laissée tomber, comme une étoile de son firmament. Comme dit le divin Arioste :


::Quel che l’uom vede, amor gli fa invisibile
<poem>Quel che l’uom vede, amor gli fa invisibile
::E l’invisibil fa veder amor <ref> « L’amour cache la vérité à l’homme et lui fait voir les choses invisibles. » Arioste, canto Ier. </ref>.
E l’invisibil fa veder amor <ref> « L’amour cache la vérité à l’homme et lui fait voir les choses invisibles. » Arioste, canto Ier. </ref>.</poem>



Telle est la puissance des beaux-arts, et surtout de la musique, qui nous dispose à la bienveillance, en endormant la bête féroce qui rugit dans les profondeurs de notre être.
Telle est la puissance des beaux-arts, et surtout de la musique, qui nous dispose à la bienveillance, en endormant la bête féroce qui rugit dans les profondeurs de notre être.