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procurer des vivres sur un sol désert et stérile ; enfin qu’arrivés à Tananarive, ils risqueraient fort de n’y pas trouver le gouvernement hova et d’être obligés de poursuivre encore plus loin ; lorsqu’on songe à tant de difficultés accumulées, on se prend à désirer très vivement que la mission de M. Le Myre de Vilers soit couronnée de succès. Le moment est à tous égards mal choisi pour nous engager dans une entreprise militaire à Madagascar. Aussi ne l’avons-nous pas choisi. C’est le gouvernement hova qui, par sa mauvaise foi, nous a acculés à la nécessité où nous sommes, et il ne faut pas qu’il s’y trompe, après l’avoir constatée et acceptée, nous irons jusqu’au bout. Quoi qu’il doive nous en coûter, notre honneur est engagé à rendre réel un protectorat que nous avons notifié à l’Europe. Nous demandons seulement la stricte exécution du traité de 1885 : si on nous la refuse, nous aurons le regret de recourir, pour l’imposer, à d’autres moyens que les moyens diplomatiques. Le gouvernement hova nous y aura forcés. Ceux qui le connaissent le mieux sont malheureusement portés à croire qu’il résistera à M. Le Myre de Vilers. Depuis quelques années, son infatuation a grandi dans des proportions considérables. Notre longanimité si longtemps prolongée l’a trompé sur l’énergie finale de nos résolutions. Peut-être aussi a-t-il été entretenu dans ses illusions par les étrangers qui sont si nombreux sur son territoire, et dont quelques-uns voient avec impatience la situation que les traités nous y ont donnée. On ne saurait pourtant sans injustice accuser les gouvernemens auxquels ils appartiennent : l’attitude de ceux-ci a toujours été correcte à notre égard, et l’Angleterre a rempli les engagemens qu’elle avait contractés avec nous. Mais ce n’est ni à l’Angleterre, ni à l’Allemagne, à faire reconnaître par le gouvernement hova le protectorat qu’elles ont reconnu elles-mêmes. Ce devoir nous appartient exclusivement, et, d’une manière ou d’une autre, nous n’y faillirons pas.
procurer des vivres sur un sol désert et stérile ; enfin qu’arrivés à Tananarive, ils risqueraient fort de n’y pas trouver le gouvernement hova et d’être obligés de poursuivre encore plus loin ; lorsqu’on songe à tant de difficultés accumulées, on se prend à désirer très vivement que la mission de M. Le Myre de Vilers soit couronnée de succès. Le moment est à tous égards mal choisi pour nous engager dans une entreprise militaire à Madagascar. Aussi ne l’avons-nous pas choisi. C’est le gouvernement hova qui, par sa mauvaise foi, nous a acculés à la nécessité où nous sommes, et il ne faut pas qu’il s’y trompe, après l’avoir constatée et acceptée, nous irons jusqu’au bout. Quoi qu’il doive nous en coûter, notre honneur est engagé à rendre réel un protectorat que nous avons notifié à l’Europe. Nous demandons seulement la stricte exécution du traité de 1885 : si on nous la refuse, nous aurons le regret de recourir, pour l’imposer, à d’autres moyens que les moyens diplomatiques. Le gouvernement hova nous y aura forcés. Ceux qui le connaissent le mieux sont malheureusement portés à croire qu’il résistera à M. Le Myre de Vilers. Depuis quelques années, son infatuation a grandi dans des proportions considérables. Notre longanimité si longtemps prolongée l’a trompé sur l’énergie finale de nos résolutions. Peut-être aussi a-t-il été entretenu dans ses illusions par les étrangers qui sont si nombreux sur son territoire, et dont quelques-uns voient avec impatience la situation que les traités nous y ont donnée. On ne saurait pourtant sans injustice accuser les gouvernemens auxquels ils appartiennent : l’attitude de ceux-ci a toujours été correcte à notre égard, et l’Angleterre a rempli les engagemens qu’elle avait contractés avec nous. Mais ce n’est ni à l’Angleterre, ni à l’Allemagne, à faire reconnaître par le gouvernement hova le protectorat qu’elles ont reconnu elles-mêmes. Ce devoir nous appartient exclusivement, et, d’une manière ou d’une autre, nous n’y faillirons pas.


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FRANCIS CHARMES.

''Le Directeur-gérant'', F. BRUNETIERE.
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