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A trois werstes de Tsarkoselo est Pawlowski, résidence de M. le grand-duc Michel. On y arrive par une allée d’arbres imposante. Le parc est entretenu avec le même soin, la même propreté minutieuse que tous les parcs impériaux, et le palais construit avec la même élégance. Mais la nature a donné à Pawlowski ce qu’elle a refusé à Tsarkoselo des terrains accidentés, des collines ondulantes, des vallons traversés par une rivière. On n’a eu qu’à jeter çà et là quelques groupes d’arbres, tracer ici un chemin, ouvrir ailleurs une clairière et Pawlowski est devenu l’un des sites les plus pittoresques qui existent autour de Pétersbourg, une rareté charmante dans un pays plat. Le grand-duc n’occupe pas ce palais, que l’impératrice sa mère lui a légué avec cette vaste propriété ; il s’est fait construire un peu plus loin une demeure beaucoup plus simple, dans laquelle il se retire avec joie, chaque fois qu’il a quelques heures de pleine liberté. Dans l’enceinte de son parc, sur la pente des collines, au bord de la forêt, de tous côtés, on aperçoit un grand nombre de jolies maisons nouvellement bâties. C’est en été la demeure de plusieurs milliers de familles de Pétersbourg, auxquelles le grand-duc abandonne gratuitement le terrain qu’elles désirent occuper, à condition seulement de lui soumettre le plan de l’habitation qu’elles veulent y élever, afin de maintenir autant que possible, par la correction des détails, l’harmonie de l’ensemble.
A trois werstes de Tsarkoselo est Pawlowski, résidence de M. le grand-duc Michel. On y arrive par une allée d’arbres imposante. Le parc est entretenu avec le même soin, la même propreté minutieuse que tous les parcs impériaux, et le palais construit avec la même élégance. Mais la nature a donné à Pawlowski ce qu’elle a refusé à Tsarkoselo des terrains accidentés, des collines ondulantes, des vallons traversés par une rivière. On n’a eu qu’à jeter çà et là quelques groupes d’arbres, tracer ici un chemin, ouvrir ailleurs une clairière et Pawlowski est devenu l’un des sites les plus pittoresques qui existent autour de Pétersbourg, une rareté charmante dans un pays plat. Le grand-duc n’occupe pas ce palais, que l’impératrice sa mère lui a légué avec cette vaste propriété ; il s’est fait construire un peu plus loin une demeure beaucoup plus simple, dans laquelle il se retire avec joie, chaque fois qu’il a quelques heures de pleine liberté. Dans l’enceinte de son parc, sur la pente des collines, au bord de la forêt, de tous côtés, on aperçoit un grand nombre de jolies maisons nouvellement bâties. C’est en été la demeure de plusieurs milliers de familles de Pétersbourg, auxquelles le grand-duc abandonne gratuitement le terrain qu’elles désirent occuper, à condition seulement de lui soumettre le plan de l’habitation qu’elles veulent y élever, afin de maintenir autant que possible, par la correction des détails, l’harmonie de l’ensemble.


Au milieu du parc, sur un coteau d’où l’on jouit d’un large point de vue, on a dessiné un jardin, planté des allées d’arbres, construit une salle de bal et de concert. Chaque jour, la musique d’un régiment vient jouer dans ce Wauxhall des airs nationaux et des fragmens d’opéras de France et d’Allemagne. Les familles de la colonie s’y rassemblent aussi après dîner, et l’on s’asseoit sous les rameaux de lilas, on erre à travers les allées du jardin, tantôt causant, tantôt prêtant une oreille rêveuse aux mélodies de Rossini, aux chants de Mozart. C’est une réunion gaie, variée, où la présence fréquente des princes entretient certaine bienséance sans aucune rigueur d’étiquette, une réunion qui me rappelait les soirées du Prater à Vienne, et les maisons de bain du midi de l’Allemagne. Le jour où je visitais cette résidence avec deux jeunes Russes dont l’entretien augmentait encore pour moi le plaisir de cette soirée, le grand-duc se promenait de long en large au milieu de la foule, sans cortége et sans état-major, allant de groupe en groupe, causant avec chacun, comme un bon voisin. Une dame, chez laquelle j’avais eu l’honneur de dîner ce jour-là ; voulut bien me présenter à lui ; il me reçut avec une {{tiret|bien|veillance}}
Au milieu du parc, sur un coteau d’où l’on jouit d’un large point de vue, on a dessiné un jardin, planté des allées d’arbres, construit une salle de bal et de concert. Chaque jour, la musique d’un régiment vient jouer dans ce Wauxhall des airs nationaux et des fragmens d’opéras de France et d’Allemagne. Les familles de la colonie s’y rassemblent aussi après dîner, et l’on s’asseoit sous les rameaux de lilas, on erre à travers les allées du jardin, tantôt causant, tantôt prêtant une oreille rêveuse aux mélodies de Rossini, aux chants de Mozart. C’est une réunion gaie, variée, où la présence fréquente des princes entretient certaine bienséance sans aucune rigueur d’étiquette, une réunion qui me rappelait les soirées du Prater à Vienne, et les maisons de bain du midi de l’Allemagne. Le jour où je visitais cette résidence avec deux jeunes Russes dont l’entretien augmentait encore pour moi le plaisir de cette soirée, le grand-duc se promenait de long en large au milieu de la foule, sans cortége et sans état-major, allant de groupe en groupe, causant avec chacun, comme un bon voisin. Une dame, chez laquelle j’avais eu l’honneur de dîner ce jour-là, voulut bien me présenter à lui ; il me reçut avec une {{tiret|bien|veillance}}