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croisade et Frédéric Barberousse partait pour la Terre-sainte où il devait périr aussitôt d’un accident. Henri {{rom-maj|vi|6}} se trouva soudainement en face d’une double tâche qui excédait absolument ses moyens. Affolé d’orgueil, il noya dans le sang une insurrection de ses sujets siciliens. Il préparait une expédition contre l’empire grec qu’il prétendait annexer à son propre empire, expédition déguisée sous une apparence de croisade. Un de ses derniers actes en Allemagne fut pour exiger des princes allemands l’acceptation d’un décret supprimant l’élection et établissant le droit de succession héréditaire au trône impérial. Les princes cédèrent d’abord puis, l’empereur parti, s’assemblèrent à Erfurth pour annuler la décision prise. Par bonheur pour tout le monde, Henri {{rom-maj|vi|6}} mourut. Il laissait un fils en bas âge qui devait être Frédéric {{rom-maj|ii|2}}. Celui-ci régna en Sicile sous la tutelle de sa mère puis après la mort de Constance, sous celle du pape Innocent {{rom-maj|iii|3}}. Pendant ce temps l’empire passait à d’autres. Philippe de Souabe occupa le trône. Puis ce fut Othon {{rom-maj|iv|4}} (1208-1218) le vaincu de Bouvines. Alors Frédéric {{rom-maj|ii|2}} récupéra la couronne de son père. S’il fallait le juger par ses actes impériaux, il ne prendrait pas rang au dessus de la moyenne de ses prédécesseurs. Mais il semble bien qu’il n’ait témoigné qu’un intérêt de commande à tout ce qui n’était pas la Sicile. Là seulement il se plut et sut donner la mesure de sa valeur. Certes on le trouve partout en ce siècle agité. Il intervient à Jérusalem dont il s’était fait roi et, en même temps, il protège les musulmans et traite avec eux. Il est mêlé à toutes les querelles allemandes ; tantôt il favorise ses grands vassaux, tantôt il leur tient tête ; tantôt il s’appuie sur les municipalités, tantôt il les combat. Mais précisément cette absence de suite caractérisant sa politique hors de la Sicile contraste sans cesse avec l’étincellement continu de son rôle comme précurseur de la Renaissance. Quant il meurt eu 1250, irrité, injuste, soupçonneux, désorienté, on dirait qu’il n’a su qu’amonceler des ruines mais sur ces ruines, il a jeté la graine de la passion artistique et intellectuelle ; et la moisson germera. Voilà son vrai rôle et sa vraie gloire. Après lui sa succession se liquide tragiquement. En Allemagne son fils Conrad {{rom-maj|iv|4}} règne à peine. En Italie son petit-fils, Conradin, le dernier des Hohenstauffen, est pris et mis à mort par Charles d’Anjou, le prince français auquel de sa propre autorité et contre tout droit, le pape a transféré la royauté sicilienne. Le Saint-empire n’est plus qu’un nom. On a peine à lui trouver des titulaires et encore sont-ce des étrangers :
croisade et Frédéric Barberousse partait pour la Terre-sainte
où il devait périr aussitôt d’un accident. Henri VI se trouva
soudainement :en face d’une double tâche qui excédait absolument
ses moyens. Affolé d’orgueil, il noya dans le sang une insurrection
de ses sujets siciliens. Il préparait une expédition contre
l’empire grec qu’il prétendait annexer à son propre empire,
expédition déguisée sous une apparence de croisade. Un de ses
derniers actes en Allemagne fut pour exiger des princes. allemands
l’acceptation d~un décret supprimant l’élection et établissant
le droit de succession héréditaire au trône impérial. Les
princes cédèrent d’abord puis, l’empereur part i, s’assemblèrent
à ·Erfurth pour annuler la décision prise. Par bonheur pour tout
le monde, Henri VI mourut. Il laissait un fils en bas âge qui
devait être Frédéric II. Celui-ci régna en Sicile sous la tutelle
de ·sa mère puis après la mort de Constance, sous celle du pape
Innocent ~II . Pendant ce temps l’empire passait à d’autres.
Philippe de Souabe occupa le trône. Puis ce fut Othon IV
(1208-1218) le vaincu de Bouvines. Alors Frédéric Il récupéra
la ·couronne de son père. S’il fallait le juger par ses actes impériaux,
il ne prendrait pas rang au dessus de la moyenne de ses
prédécesseurs. Mais il semble bien qu’il n’ait témoigné qu/un
intérêt de commande à tout ce qui n’était pas la Sicile. Là.
seulement il se plut et sut donner la mesure de sa valeur. Certes
on le trouve partout en ce siècle agité. Il intervient àJérusalem
dont il s’était fait roi et, en même temps ; il protège les musulmans
et traite avec eux. Il est mêlé à toutes les querelles allemandes ;
tantôt il favorise ses grands vassaux, tantôt il lem· ;
tient tête ; tantôt il s’appuie sur les municipalités, tantôt il les
combat. Mais précisément cette absence de suite caractérisant
sa politique hors de la Sicile contraste sans cesse avec l’étincel,
lement continu de son rôle comme précurseur de la Renaissance.
Quant il meurt eu 1250, irrité, injuste, soupçonneux, désorienté,
on dirait qu’il n’a su qu’amonceler des ruines mais sur :ces
ruines, il a jeté la graine de la passion artistique et intellectuelle ;
et la moisson germera. Voilà son vrai rôle et sa vraie
gloire. Après lui sa succession se liquide tragiquement. En
·Allemagne son fils Conrad IV règne à peine. En Italie son
petit-fils, Conradin, le d ernier des Hohenstauffen, est pris et
mis à mort par Charles d’Anjou, le prince français auquel de
sa propre autorité et contre tout droit, le pape a transféré ~a
royauté sicilienne. Le Saint-empire n’est plus qu’un nom. On a
peine à lui trouver des titulaires et encore ;sont-ce des étrangers :