« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/11 » : différence entre les versions

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Tandis que, sur la vaste scène oblongue constituée par le bassin de la Méditerranée allaient évoluer les destins de la Rome impériale, trois rangs de peuples étaient venus se masser, de la péninsule ibérique à la mer Noire, comme pour contempler le drame ; tels d’innombrables spectateurs sur les degrés d’un amphithéâtre gigantesque. Mais le sort ne les avait pas poussés là pour regarder. Ils les avaient érigés en héritiers obligatoires du monde romain : héritiers bien différents les uns des autres par le tempérament, les aptitudes, les ambitions et dont les heurts devaient constituer la trame sanglante d’une nouvelle tragédie d’où sortirait cette personnalité jusqu’alors sans visage et sans cerveau : l’Europe. Ainsi, pendant près de dix siècles du {{rom-maj|v|5}}{{e|me}} au {{rom-maj|xv|15}}{{e|me}} environ — l’activité des Celtes, des Germains et des Slaves allait se dépenser principalement à l’édification des substructions européennes, en y employant des matériaux pris dans les ruines de la cité romaine et un ciment fabriqué de façon plus ou moins rudimentaire d’après les données antiques.
Tandis que, sur la vaste scène oblongue constituée par le
bassin de la Méditerranée allaient évoluer les destins de la
Rome impériale, trois rangs de peuples étaient venus se masser,
de la péninsule ibérique à la mer Noire, comme pour contempler
le drame ; tels d’innombrables spectateurs sur les degrés d’un
amphithéâtre gigantesque. Mais le sort ne les avait pas poussés
là pour regarder. Ils les avaient érigés en héritiers obligatoires
du monde romain : héritiers bien différents les uns des autres
par le tempérament, les aptitudes, les ambitions et dont les
heurts devaient constituer la trame sanglante d’une nouvelle
tragédie d’où sortirait cette personnalité jusqu’alors sans visage
et sans cerveau : l’Europe. Ainsi, pendant près de dix siècles du
Vm0 au XVme environ - l’activité des Celtes, des Germains
et des Slaves allait se dépenser p1incipalement à l’édification
des substructions européennes, en y employant des maté1iaux
pris dans les ruines de la cité roma.ine et un ciment fabriqué
de façon plus ou moins rudimentaire d’après les données antiques.


Mieux préparés que ne l’étaient alors leurs rivaux à entreprendre une pareille tâche, les Celtes possédèrent encore cet avantage d’être, dès sa formation, associés au fonctionnement de l’empire et appelés en plusieurs circonstances à lui fournir un appui et à lui servir de contre-fort. Mais parce que — après la chute de cet empire — l’idée impériale rebondit d’abord dans leurs rangs et s’empara ainsi de leur mentalité, les Germains en vinrent à se considérer comme des légataires universels ; dès lors ils ne cessèrent plus de vouloir rétablir à leur profit
Mieux préparés que ne l’étaient alors leurs rivaux à entreprendre une pareille tâche, les Celtes possédèrent encore cet avantage d’être, dès sa formation, associés au fonctionnement de l’empire et appelés en plusieurs circonstances à lui fournir un appui et à lui servir de contre-fort. Mais parce que — après la chute de cet empire — l’idée impériale rebondit d’abord dans leurs rangs et s’empara ainsi de leur mentalité, les Germains en vinrent à se considérer comme des légataires universels ; dès lors ils ne cessèrent plus de vouloir rétablir à leur profit