« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome II, 1926.djvu/142 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 3 : Ligne 3 :
Le monde arabe ainsi disloqué, l’unité s’en trouva irrémédiablement compromise. Sur ce point la religion donne l’illusion contraire mais ce n’est là qu’un trompe l’œil. La foi musulmane, sans doute, ne fut pas entamée. Sa simplicité même la défendait. Qu’il y eût plusieurs califes au lieu d’un seul n’ébranla point la constance des fidèles ; le nombre des mosquées ne s’en trouva pas diminué mais nul génie proprement arabe ne fleurit au pied de leurs minarets ; des goûts, des tendances se prononcèrent qui trouvèrent à s’alimenter dans les traditions des peuples momentanément subjugués : mésopotamiens et syriens, grecs et byzantins, persans, égyptiens. C’est par leur aide que se forma le trésor de connaissances dont les Arabes furent les intelligents conservateurs. Ces connaissances, ils surent les rapprocher, les classer, les perfectionner à une époque où l’occident barbarisé et ruiné se montrait incapable de rétablir la culture antique et de faire valoir l’héritage classique. Eux-mêmes, nous l’avons dit, n’étaient point des barbares ; leur langue perfectionnée, l’amour et l’habitude de la poésie les prédisposaient à ce rôle de médiateurs qui fut si utile à l’Europe. Ce qui est assez étrange c’est que, enclins à la littérature, ils s’en soient plutôt détournés au profit des sciences et de la philosophie aristotélienne.
Le monde arabe ainsi disloqué, l’unité s’en trouva irrémédiablement compromise. Sur ce point la religion donne l’illusion contraire mais ce n’est là qu’un trompe l’œil. La foi musulmane, sans doute, ne fut pas entamée. Sa simplicité même la défendait. Qu’il y eût plusieurs califes au lieu d’un seul n’ébranla point la constance des fidèles ; le nombre des mosquées ne s’en trouva pas diminué mais nul génie proprement arabe ne fleurit au pied de leurs minarets ; des goûts, des tendances se prononcèrent qui trouvèrent à s’alimenter dans les traditions des peuples momentanément subjugués : mésopotamiens et syriens, grecs et byzantins, persans, égyptiens. C’est par leur aide que se forma le trésor de connaissances dont les Arabes furent les intelligents conservateurs. Ces connaissances, ils surent les rapprocher, les classer, les perfectionner à une époque où l’occident barbarisé et ruiné se montrait incapable de rétablir la culture antique et de faire valoir l’héritage classique. Eux-mêmes, nous l’avons dit, n’étaient point des barbares ; leur langue perfectionnée, l’amour et l’habitude de la poésie les prédisposaient à ce rôle de médiateurs qui fut si utile à l’Europe. Ce qui est assez étrange c’est que, enclins à la littérature, ils s’en soient plutôt détournés au profit des sciences et de la philosophie aristotélienne.


Il faut peut-être voir là une conséquence de ce qu’on pourrait appeler la tyrannie coranique. Le coran, comme chacun sait, est le recueil des enseignements de Mahomet. Le désordre des versets souvent obscurs, parfois même inintelligibles ne nuit pas à la beauté littéraire de l’ensemble. L’éclat des images, l’impétuosité de la pensée, la grâce de maints passages font du coran une œuvre impressionnante. Rendu public au lendemain de la mort du prophète par les soins de son successeur, le coran fut aussitôt l’objet de la vénération générale. Il devint le livre unique des Arabes ; ceux-ci le relurent indéfiniment et l’apprirent par cœur ; chaque mot leur en parut inspiré. On prête au calife Omar accusé par la postérité d’avoir livré aux flammes les manuscrits de la bibliothèque d’Alexandrie — désastre {{tiret|irrépa|rable}}
Il faut peut-être voir là une conséquence de ce qu’on pourrait
appeler la tyrannie coranique. Le coran, comme chacun sait,
est le recueil des enseignements de Mahomet. Le désordre des
versets souvent obscurs, parfois même inintelligibles ne nuit
pas à la beauté littéraire de l’ensemble. L’éclat 4es images,
l’impétuosité de la pensée, la grâce de maints passages font du
coran une œuvre impressionnante. Rendu public au lendemain
de la mort du prophète par les soins de son successeur, le coran
fut aussitôt l"objet de la vénération générale. 11 devint le livre
unique des Arabes ; ceux-ci le relurent indéfiniment et l’apprirent
par cœur ; chaque mot leur en parut inspiré. On prête au calife
Omar accusé par la postérité d’avoir livré aux : flammes les
manuscrits de la bibliothèque d’Alexandrie - désastre {{tiret|irrépa|rable}}